vendredi 19 septembre 2014

[Non-Chronique] Cannibal Corpse - A Skeletal Domain

Aujourd'hui j'ai quand même décidé de vous parler un peu du dernier Cannibal Corpse qui est sorti cette semaine, pour ce qui ne sera pas vraiment une chronique mais une non-chronique, ce qui signifie que je n'entrerai pas trop dans le détail cette fois-ci, je vous livrerai mon ressenti concernant le bouzin, vous n'aurez pas de note à la fin, et je vais surement divaguer en plein hors-sujet, de toute façon, à quoi bon faire une chronique d'un album de Cannibal Corpse, avant même de l'avoir écouté, vous savez déjà de quoi il retourne et que l'album sera exactement du même tonneau que les précédents, ce qui est rassurant, mais aussi toujours aussi désespérant...

Cannibal Corpse a réussi ce tour de force, finalement assez rare dans le Metal extrême, de convertir son nom en véritable marque, et d'être parvenu à installer cette marque dans l'inconscient collectif du métalleux de base, Cannibal Corpse, c'est la porte d'entrée du Metal Br00tal pour le gamin boutonneux, le premier nom qui vient à l'esprit quand on parle de Death Metal aux masses, il faut dire que l'imagerie "choquante" a beaucoup jouée pour l'attractivité du groupe, les pochettes ultra gore censurées, ça fait parler et c'est de la pub gratuite.
Bien sûr, il serait idiot de résumer Cannibal Corpse à son imagerie, encore fallait-il que la musique suive derrière, ce qui a longtemps été le cas, et ce depuis le début, imagerie gore dégueulasse + excellent Brutal Death = Win, mais ça ne marche pas tout le temps, prenez les allemands de Debauchery, du gore ridicule et du shock de pacotille alliés à un Death de baltringues, ça donne le plus mauvais groupe de Death Metal actuellement en activité.
Cannibal Corpse a réussi ça, faire en sorte que le visuel ne prenne pas le pas sur la musique, utiliser le visuel pour attirer le chaland, et lui faire prendre une carte de fidélité avec un Death de très bonne facture, et c'est ainsi que Cannibal Corpse est devenu une marque très rentable, vous en connaissez beaucoup des groupes de Death qui vivent correctement de leur musique? cherchez pas, même des Immolation ou Suffocation sont en galère, Cannibal Corpse a atteint ce niveau de popularité qui lui permet de générer pas mal de blé en tournant et en vendant du Merch, récompense de son statut de groupe désormais culte.
En fait, Cannibal Corpse est un peu le Slayer du Death, de l'imagerie, une marque forte bien ancrée dans l'inconscient collectif, à la seule différence près que Cannibal Corpse a sorti largement moins de bouses que Slayer, et c'est bien une chose qui est à mettre au crédit de Cannibal Corpse, la constance, cette capacité à sortir toujours le même disque depuis une quinzaine d'années sans que l'on puisse dire que c'est vraiment de la merde, sans que l'on ne remarque trop que chaque sortie, tous les deux ans, n'est finalement qu'un prétexte à partir en tournée et à vous refiler des tonnes de Merch.
Pour un groupe qui a tout dit dans les années 90 (ok, peut-être pas Gallery of Suicide...), Cannibal Corpse s'en sort bien, même si, il faut bien l'avouer, l'intérêt des albums des années 2000 est des plus limités, la machine tourne en rond et montre quelques signes de faiblesses, l'usure du pouvoir peut-être, l'usure due à la répétition, surement...
Vous avez aimé Kill, Evisceration Plague ou Torture? cool, A Skeletal Domain, c'est pareil, aucune nouveauté, aucune évolution notable, un album où les seuls qualificatifs viables sont "convenu" et "traditionnel", le Death de Cannibal Corpse n'évolue pas, il est lourd, massif, violent, un peu distordu parfois, mais pas trop, las américains n'ont absolument rien à dire, mais ils font faire leur vacarme habituel pour vous le faire savoir.
A Skeletal Domain, ce sont douze titres qui respectent le cahier des charges du groupe, avec des morceaux aux titres qui évoluent toujours dans le même champ lexical, à base de torture, meurtre, cruauté, ou anthropophagie, et des paroles toujours aussi connes, business as usual chez les américains, avec un petit problème cependant, car A Skeletal Domain, même si plutôt identique à son prédécesseur, est un poil moins bon que Torture.
Le problème est que dans l'ensemble, Cannibal Corpse ne propose ici aucun titre véritablement marquant, se contente de nous balancer l'intégralité de ses gimmicks, et pendant ce temps là, on s'emmerde.
A Skeletal Domain, c'est Torture en mode pantouflard et bedonnant, un Death qui manque d'impact, de nerf, et surtout d'agressivité, jamais Cannibal Corpse ne parvient à instaurer un climat de dangerosité, on se retrouve avec une grosse quarantaine de minutes de Death pépère balancé avec nonchalance, les riffs sont plutôt passe-partout, pas franchement mémorables, même ce bon vieux Corpsegrinder à l'air de se faire chier, avec un débit vocal plutôt lent, et j'avoue avoir un peu de mal avec tous les effets utilisés pour bidouiller sa voix.
Attention, A Skeletal Domain n'est pas une bouse, il est juste chiant et un peu plat, surtout, il n'a aucune valeur ajoutée, ce qui en fait un album de Cannibal Corpse une fois encore sans intérêt, qui fournit son quota de bourrinage et de coups de hachoirs dans la gueule, mais sans réelle conviction, le pire dans tout ça, c'est que cet album fournit exactement ce que l'on attendait du groupe, A Skeletal Domain est à prendre comme il est, un disque de Cannibal Corpse de plus, bien exécuté, mais qui n'apporte absolument rien, le genre d'album pas honteux mais qui ne sert à rien.
Cet album, j'ai même eu du mal à l'écouter une seconde tant la première écoute m'avait suffit, Cannibal Corpse, c'est une vieille pute, elle a de l'expérience, c'est confortable, mais faut pas compter sur elle pour les trucs plus acrobatiques.
Ne pas trop décevoir les vieux fans, tenter d'en attirer de nouveaux avec un produit formaté et facilement assimilable qui respecte le cahier des charges, tout en demeurant suffisamment couillu et br00tal pour que l'on ne puisse pas les traiter de vendus, il ne faut pas attendre autre chose de la part de Cannibal Corpse, c'est ça le Death Metal mainstream, A Boredom Domain...