mardi 9 septembre 2014

[Chronique] The Autumn League - Concept of Irony

Aujourd'hui je vous emmène dans l'inconnu avec un groupe qui sort un peu de nulle part, la seule chose que l'on sait de The Autumn League, c'est qu'ils viennent d'Australie, même l'utilisation du pluriel est sujette à caution car il est tout à fait possible que ce soit un One-man band, mais comme le line-up est inconnu, par défaut je vais employer le terme de groupe.
Formé en 2012, parait-il un side-project (sic), The Autumn League nous propose un premier album qui aurait dû normalement être un EP, mais après quelques développements, cet EP s'est transformé en un premier essai longue durée, de très longue durée même, puisque le bestiau pèse au final une bonne heure, cela peut paraître beaucoup, mais ce n'est pas si inusuel que ça dans le domaine de l'atmosphérique.
Concept of Irony est donc un long disque de Metal atmosphérique où The Autumn League va mélanger du Death et du Black, en développant une personnalité intéressante, ce qui est toujours une bonne idée pour un premier album, mais malheureusement, malgré tout un tas de bonnes idées, je dois bien vous avouer que j'aurais préféré écouter un EP plutôt qu'un album, car la monotonie va très vite se faire ressentir et The Autumn League va vraiment avoir du mal à tenir la distance...

Le problème majeur de The Autumn League est que dans la dimension atmosphérique de son Black/Death, les australiens font dans le monochrome, et ne vont explorer lors de Concept of Irony qu'une seule facette d'un prisme que l'on aurait aimé bien plus multi-dimensionnel, et l'album va vite de donner le sentiment d'être un EP qui aurait été étiré, avec toutes les longueurs que cela implique, afin de devenir un disque d'une heure.
The autumn League est intéressant, a des idées, mais va constamment les répéter sur les quinze titres de la galette, les effets sont toujours les mêmes, idem pour les atmosphères, et la seule chose qui permette de différencier les titres de cet ensemble très répétitif seront les variations de rythme, ni les riffs ni les claviers n'apporteront les changements de ton et de textures que l'on aimerait entendre sur ce type de production.
De ce fait, l'album est très cohérent, mais son manque d'impact, de moments forts, et de diversité, vont faire de Concept of Irony un album qu'il vaut mieux entendre plutôt que de véritablement l'écouter en profondeur.
The Autumn League a de bonnes idées, parfois mal exploitées, comme le chant féminin un peu foireux du titre d'ouverture, souvent sous exploitées, comme la guitare acoustique trop peu présente qui aurait mérité un peu plus de place, et bizarrement, les claviers, qui ont tendance à parfois disparaître alors que la musique des australiens ne fonctionne à plein régime uniquement quand ils sont là, c'est un peu dommage, car The Autumn League parvient à se forger une identité très forte avec des atmosphères souvent stellaires et mystérieuses, qu'ils oublient parfois en route.
Concept of Irony est donc très cohérent, il faut dire que les quinze titres de l'album sont reliés pour n'en former qu'un seul, soit par de judicieuses interludes, où des fins de morceaux qui servent de rampe de lancement au titre suivant, c'est plutôt une bonne idée à la base, mais cela va contribuer à renforcer encore davantage la monotonie et le côté répétitif de la musique.
On ne peut pas dire que le premier titre soit des plus réussis, The Hour is at Hand donne cette impression bizarre que le groupe a essayé de tout mettre dans ce long morceau de huit minutes sans que cela ne fonctionne vraiment, c'est un peu fouillis, brouillon, et le reste de l'album ne sera qu'une déclinaison de tout ce qu'est ce titre d'ouverture, les claviers seront toujours un peu les mêmes, les ambiances vont se répéter, et les titres vont fonctionner ou non selon le rythme imprimé et l'importance donnée aux claviers, le second titre, A Flame Within est bien meilleur car son approche est plus simple, et va alterner entre les passages Heavy growlés et les parties aériennes sublimées par des claviers planant, avec un chant clair qui confère à la musique des australiens une petite touche gothique pas désagréable.
L'album fonctionne assez bien à partir de ce titre, l'instrumental Hope and Despair sert d'introduction parfaite à un Lament qui parvient à allier les atmosphères lumineuses et un côté rentre-dedans appréciable, The Autumn League maîtrise assez bien cette ambivalence, We the Redeemed et Change vont lentement faire monter la sauce comme des morceaux de transitions, pas franchement passionnants, il faut bien l'avouer, servant à amener un State of the Soul aux délicieuses parties atmosphériques, avec de la guitare acoustique, et même si le sample d'orage avec du piano est un peu trop cliché, ça fonctionne malgré tout, et la tension va encore monter d'un cran avec un The End of Enmity assez vindicatif, presque symphonique, avec une rigueur rythmique qui lui confère un petit côté industriel, dommage que le morceau suivant soit un autre morceau de transition qui donne l'impression d'avoir déjà été entendu dix minutes plus tôt, car Nightingale va montrer la facette la plus Death du combo, et cette violence mêlée à une réelle dimension atmosphérique sied comme un gant aux australiens.
Malheureusement, le soufflet va retomber à partir de ce Nightingale, la qualité sera quelque peu en baisse, Weightlessness et These Remains aurait pu fonctionner s'il avaient été davantage développés plutôt que de servir d'introduction à un titre pas très bon comme Vow, qui vagabonde sans direction précise, le morceau est très saccadé sans réellement de liant, de la même manière le morceau The View from Here qui clôture bizarrement l'album après un Epilogue à base de chant liturgique, est de trop, malgré la présence en guest d'un certain Jack Preston que je ne connais pas.
Au niveau du son, comme je n'ai pas d'info, je suis obligé de supposer, mais ça ressemble à une auto-production, le son est un peu artisanal, la tonalité des guitares est un peu trop synthétique, de même que le son de batterie, où j'ai quand même le sentiment que l'on a affaire à une batterie programmée tant elle manque d'impact, avec des patterns parfois un peu à côté de la plaque, malgré tout, on est ici en présence d'un très bon DR 10, ce qui est devenu très rare dans le Metal actuel, mais cela n'empêche pas que l'on aurait aimé un son un peu plus organique et chaud.

Concept of Irony reste malgré tout un bon petit premier essai, qui souffre de pas mal de défauts, dont quelques répétitions et un manque de variété dans les riffs et les atmosphères, mais qui a aussi de bonnes idées, peut-être pas en nombre suffisant pour un album aussi long, mais The Autumn League parvient à se bâtir une personnalité qui lui est propre, malgré cela, l'album est un peu frustrant car certaines idées, ainsi que certains thèmes et atmosphères, auraient surement mérité d'être davantage fouillé afin d'offrir davantage de variations dans les textures, ici, The Autumn League ne propose que des variations d'un nombre restreint de thèmes et n'utilise pas la totalité de sa palette de couleur, ce qui est un peu dommage, car l'album a réellement du mal à être intéressant sur la durée et s'essouffle assez vite.
Concept of Irony est quand même une bonne surprise, et un premier album de bonne facture pour The Autumn League, pas une claque, il est d'ailleurs assez convenu, mais une bonne base de travail pour la suite, en espérant que les australiens aillent plus loin et dépassent les limites qu'ils semblent s'être imposés ici...

Perfectible