vendredi 26 septembre 2014

[Chronique] Decapitated - Blood Mantra

Putain de Camion.
On ne va pas revenir sur l'accident dramatique ayant causé la mort de Vitek et transformé Covan en légume, le fait est qu'il y a un avant et un après 2007 pour les polonais de Decapitated.
Avant, Decapitated était un putain de groupe de Death Metal technique, l'un des plus prometteurs de sa génération, et puis il y a eu le camion, le drame, le split pendant deux ans, la résurrection du groupe par le guitariste Vogg en 2009, et la sortie en 2011 d'un Carnival is Forever qui aura permis de se rendre compte que ce Decapitated 2.0 n'a plus rien à voir avec le Decapitated pré-2007.
Je n'avais pas aimé Carnival is Forever, c'est un fait, je n'avais pas trop compris le délire de passer du statut d'excellent groupe de Tech-Death à celui de... médiocre clone Deatheux de Meshuggah, proposant une soupe tiédasse Techno-Groove qui tournait en rond du début à la fin, du Meshuggah pour les nuls en mode feignasse avec des morceaux plats et chiants, ouais, c'était ça Carnival is Forever, et après avoir écouté ce nouveau méfait Blood Mantra, je commence véritablement à me demander si Vogg ne souffrirait pas également de séquelles cérébrales suite à l'accident, je ne vois pas vraiment d'autres explications à ce naufrage...
Je vous ai refait la pochette du bouzin, j'estime qu'elle est bien plus en adéquation avec le contenu.
Technical Death Metal, Decapitated? Lol no, plus maintenant en tout cas, car Vogg et ses intérimaires ont encore franchit un palier supplémentaire les éloignant encore davantage du Tech-Death, au point même où le Death Metal se retrouve relégué au second plan, ouais, on en est arrivé là, car Blood Mantra est un album bâtard, une anomalie, ou plutôt une informe monstruosité, la rencontre improbable entre Meshuggah et Soulfly, un assemblage de riff Techno-Drone avec du gros groove des familles, et c'est ainsi qu'après s'être pris de passion pour Meshuggah, Vogg a soudainement découvert le Nü Metal...
Ce nouveau Decapitated donne toujours le sentiment que ça pourrait être bien, parfois même très bien, mais ce n'est jamais vraiment le cas, un peu comme une illusion qui se dissiperait après la première écoute, la menace et la puissance chez Decapitated ne sont qu'illusion, et le muscle ne serait que de la gonflette, Decapitated ne recherche pas la force mais le volume, paraître plus gros qu'il ne l'est réellement.
Dans cet ordre d'idée, on y croit au premier titre, Exiled in Flesh, il tabasse bien le nouveau batteur Młody, même le chant du rasta de service colla à peu près au truc, mais le titre ne va absolument nulle part, avec ce riff très répétitif Tech-Drone école moderne suédoise, ah si, une accélération de sauvage qui nous amène à un long passage atmosphérique qui se conclue sur un Fade-out, c'est tout ce que les polonais sont capable de proposer sur un morceau de quatre minutes?
Le morceau semble se contenter d'être le même titre que le précédent avec un tempo accéléré, ce morceau est tellement répétitif que les deux minutes trente du truc donne facilement l'impression d'en durer le double, et confirme cette impression que Decapitated pourrait jouer le même riff pendant trois heures sans se lasser, heureusement que le petit solo tech déstructuré est sympa sur la fin, ça permet de se réveiller, notons quand même la débilité enfantine du titre du morceau, The Blasphemous Psalm to the Dummy God Creation, j'imagine qu'il y a peut-être un jeu de mot avec Dummy God et Demi-God, peut-être pas, c'est juste con en tout cas.
Et puis le drame, Veins déboule et Decapitated va encore se contenter de répéter un seul motif, le même putain de riff jusqu'à l'indigestion, groove quelconque pénible avec un chant qui va lorgner vers les deux minutes du côté de Gojira, marquant l'arrivée d'un passage atmosphérique typique du Metal moderne avec leads sinueuses, ça aurait presque pu être bien, mais faut pas déconner hein, revoilà le riff du début qui va revenir au galop pour vous saouler, c'est certes très saccadé, mais cela donne quand même l'impression d'écouter du Nü Metal à la Soulfly où l'on aurait inséré de force un passage piqué à Meshuggah, plus de soulfly? cool, Blood Mantra est le morceau de Groove Metal le plus quelconque de l'univers avec son riff de bourrin et un chanteur dont le phrasé ressemble à celui du gros Max, pire encore, on se croirait chez Ektomorf tant le morceau est con, comme quoi il ne faut jamais se fier à un chanteur à dreadlocks, ça part toujours en couille, on ira d'ailleurs quasiment jusqu'au Deathcore avec Instinct, pour un morceau tellement saccadé qu'on se demande bien ce que l'on est en train d'écouter, tiraillement entre le bourrinage de bas-étage et les passages atmosphériques qui tombent comme un cheveux sur la bouse, Breakdowns foireux inclus, gros bordel et moment de gêne, tristesse de voir un groupe n'avoir aucune putain d'idée de ce qu'il est en train de faire.
Comme si ce n'était pas suffisant, Decapitated nous propose quelques moments de masturbation intellectuelle, Nest notamment, qui renvoie directement à Carnival is Forever pour le côté prog-tech insensé, encore une fois, ça pourrait fonctionner, éventuellement, sauf que les polonais s'arrêtent à la pure débauche technique par moment complètement stérile, ce qui en devient même ridicule, et quel est le putain d'intérêt d'un titre comme Blindness? Sincèrement, ça ressemble à une vague interlude de Gojira, sauf que chez Decapitated, ça en devient un long morceau de plus de sept minutes! Enfin même dix, puisque ce "truc" débouche sur l'outro Red Sun tout ce qu'il y a de plus inutile, bravo les gars, dix minutes qui ne servent à rien en fin d'album, ça pue le remplissage et le manque total d'idée cette affaire, et je n'ai même pas envie de vous parler du bonus track Moth Defect que l'on pourrait renommer Mass Défèque, allez, on tire la chasse et on passe à autre chose...
Je ne vais pas vous faire l'injure de comparer Blood Mantra aux albums de la première période de Decapitated, cela n'aurait aucun sens, ce Decapitated est mort sur une route russe en 2007, inutile d'y revenir, Decapitated version 2.0, Vogg et ses intérimaires, est un groupe complètement différent qui n'a plus rien à voir avec la période pré-accident, de Tech-Death il n'en est plus question désormais, ce qui ne serait pas forcément un problème si ce que faisait Decapitated aujourd'hui tenait la route, mais ce n'est pas la cas.
Blood Mantra est un bordel Groove-Tech moderne qui n'a ni sens ni âme, où l'on se demande constamment où le groupe veut en venir, il y a de la brutalité, mais finalement très peu de dynamisme, pas de nerf, pas de hargne, pas de cette violence vicieuse qui émanait de ses premiers albums, Decapitated joue sur la répétition pour bâtir des atmosphères monolithiques foireuses dont on peine à se sentir concerné, les polonais ne proposent aucun moment accrocheur, rien ne retient l'attention, avec des riffs répétitifs jusqu'à l'ennui, Decapitated a pourtant du potentiel, mais pour l'instant, après deux albums, on en reste à des suppositions, ça pourrait être bien, un jour, qui sait, un miracle peut toujours arriver, mais pour le moment, il faudra se contenter d'un Blood Mantra qui s'embourbe dans la médiocrité...

Dumb Mantra
Track Listing:
1. Exiled in Flesh
3. Veins
5. Nest
6. Instinct
7. Blindness
8. Red Sun
9. Moth Defect