lundi 22 juillet 2013

[Chronique] Powerwolf - Preachers of the Night

Les groupes à gimmicks ont toujours eu le même problème, au début, c'est marrant, ils te sortent un concept rigolo plus ou moins original rendant leur musique plutôt fun, mais irrémédiablement, au fur et à mesure des albums, ça devient de plus en plus pénible, car le concept à tendance à s'user très vite, un peu comme si ce qui était au départ une blague rafraîchissante commence à être prise bien trop au sérieux par son auteur.
Chez Powerwolf, Aka l'Alliance des lycanthropes d'Outre-Rhin unis contre le Christianisme, le truc, c'est de faire du Power Metal classique, à l'allemande en somme, avec tout ce que cela implique de clichés, ayant pour thèmes les loups-garous et la religion, ou des loups-garous religieux, ou encore des prêtres lycanthropes, ce que vous voulez, les déclinaisons sont multiples et Powerwolf nous a déjà tout fait, absolument tout, et avec Preachers of the Night, le groupe est vraiment à bout de souffle...

Pensez-vous, avec cinq albums en moins de dix ans, le concept de Puissant Loup s'est usé très très vite, le précédent, Blood of the Saints, montrait déjà quelques signes de faiblesse, et ici, c'est peut-être encore pire, car les allemands ont atteint leur zone de confort, le moment de leur carrière où ils ne pourront plus jamais aller plus loin musicalement, le point de non-retour en quelque sorte, à partir duquel chaque nouvel album sera moins bon que le précédent, avec un groupe qui se répète de plus en plus et tourne en rond, abusant de ses clichés, condamné à faire toujours plus ou moins le même disque en moins bien.
Bref, Preachers of the Night, c'est Blood of the Saints bis en plus lourdingue (qui lui même était déjà très proche de Bible of the Beast), un Power Metal embourbé dans ses ambiances religieuses grandiloquentes, avec ses immenses refrains Europower plein d'emphases en forme d'hymnes, ses chœurs grandioses et l'utilisation du latin histoire de faire un peu stylé, tout ici n'est que redite et déjà-entendu, un gros recyclage des précédents albums, tout ce que vous entendez ici, Powerwolf l'a déjà fait, rien de neuf, nada, que dalle, circulez, y'a rien à voir, un album vite torché qui n'apporte rien à la discographie malheureusement bien trop conséquente du groupe, une discographie qui se résume en fin de compte à un premier album un peu maladroit pour lancer le truc, suivi par Lupus Dei, qui peut être considéré comme l'album définitif du combo teuton, car dès le troisième album les gars ont enclenché le pilotage automatique, pour aboutir à cet album surfait et surjoué qui m'en touche une sans faire bouger l'autre.
Ce qui s'est également perdu, c'est tout le côté fun de la musique de Powerwolf, car au début, le groupe ne se prenant pas du tout au sérieux, la blague fonctionnait plutôt pas mal, l'humour et le second degré était au rendez-vous, ce n'est plus du tout le cas ici, un peu comme si les allemands s'étaient mis à prendre au sérieux leurs histoires de loups-garous et de religion, se laissant dépassé par leur propre concept.
Malgré tout, il serait faux de dire que Preachers of the Night soit un mauvais album, il est même vaguement bon dans le sens où il respecte à la lettre l'intégralité du cahier des charges, avec absolument tous les lieux communs et les clichés inhérents au genre en lui-même, après tout, on est dans de l'EuroPower d'obédience germanique tout ce qu'il y a de plus classique, naviguant entre Blind Guardian, Running Wild et Helloween, la seule différence ici se situe au niveau des thèmes abordés, en gros, les dragons sont remplacés par des loups-garous.
Là où l'album pèche vraiment, c'est au niveau de la diversité, les teutons ne se sont pas trop emmerdés avec les structures, tout les titres finissent immanquablement par se ressembler, surtout qu'ils sont tous calibrés et taillés pour une certaine efficacité, de part un format de 3 minutes 30 en moyenne (je ne compte pas le titre final de presque huit minutes se concluant par des chants de messe et plus de trois minutes de bruit d'orage), tout semble ici interchangeable, globalement, vous écoutez le premier titre, Amen & Attack, et vous avez un aperçu de l'album, vu que tous les titres seront calqués sur le même modèle, un Power Metal pas trop rapide, Heavy, de la batterie qui tabasse, du gros riff, le tout enrobé par une couche bien grasse d'orchestration, avec de l'orgue et des chœurs d'église, pour donner un côté emphatique somme toute assez superficiel à l'ensemble, également, ce qui est récurrent chez Powerwolf, c'est l'utilisation de formules toutes faites en latin, afin de coller encore plus au concept, c'est rigolo la première fois, mais répété sur une bonne moitié des titres, ça devient un poil pénible, surtout qu'on en bouffe du In nomine veritas, Haleluja amen, ou encore du Sanctus Christus deus vult, je pense qu'il y a encore plus de références religieuses que dans un album d'Extol, c'est vous dire le niveau.
Passé le premier titre, on entre dans du pur pilotage automatique, les allemands utilisent constamment les même orchestrations, les mêmes atmosphères, ce qui provoque un effet d'ennui et de lassitude vers la moitié du disque, avec le sentiment d'avoir écouté le même titre depuis le début, l'album est composé d'une dizaine d'hymnes mystico-guerriers, grandiloquents, mais surfaits et ampoulés, surtout atrocement prévisibles car de surprises il n'en sera pas question ici, le groupe déroule sa partition, tranquillement, en misant sur l'efficacité et le côté catchy en diable de ses refrains (Sacred & Wild, Cardinal sin) souvent soutenu par des choeurs, mais malgré cela, l'album tombe à plat, la faute à des compositions qui manquent d'énergie, bizarrement, car les teutons atteignent parfois un niveau de platitude et de banalité assez sidérant, comme ce Kreuzfeuer mou du genou chanté en allemand ou encore un In the Name of god qui en fait des tonnes dans la guimauve orchestrale bancale, malgré la débauche de moyens et d'effets spéciaux en tout genre, on ne ressent jamais vraiment de tension ou d'énergie, ça manque de muscle et les riffs ne servent plus que d'accompagnement, perdus au même niveau que les orchestrations et les chœurs, ce qui est toujours une mauvaise chose dans l'EuroPower.

Ennuyeux et répétitif au possible, une véritable collection de tous les poncifs du Power Metal à l'allemande, une musique que se veut épique, de part l'utilisation de claviers grandioses, mais qui s'avère en fin de compte assommante de part sa banalité et sa mièvrerie, tous les titres sont construits de la même manière et utilisent les mêmes gimmicks et les mêmes ambiances, autant vous dire qu'après trois-quatre titres, Powerwolf tourne en rond et c'est la lassitude qui envahit l'auditeur.
Powerwolf n'a rien modifié à sa tambouille, et nous ressert un plat qui sent le réchauffé, au goût quelconque, avec des titres atrocement prévisibles, à la limite de l'auto-parodie, on sent le groupe à l'aise dans sa zone de confort et qui n'a aucune volonté d'aller plus loin que ça, au risque de tomber dans la répétition et le recyclage, surtout que cette fois-ci la musique paraît encore plus forcée et superficielle que d'habitude, avec un côté théâtral exacerbé, Powerwolf fait du Powerwolf, point barre, certains trouveront ça plutôt sympa, notamment les refrains typiques du genre qui sont plutôt sympa à faible dose, mais on est en droit de trouver ça quelque peu léger...

Loup Impuissant
Track Listing:
1. Amen & Attack
2. Secrets of the Sacristy
3. Coleus Sanctus
4. Sacred & Wild
5. Kreuzfeuer
6. Cardinal Sin
7. In the Name of God (Deus Vult)
8. Nochnoi Dozor
9. Lust for Blood
10. Extatum Et Oratum
11. Last of the Living Dead