mercredi 16 novembre 2011

Krisiun - The Great Execution

Depuis une vingtaine d'année, Krisiun s'est bâti une sacré réputation de désosseur, à grands coups de riffs comme autant de coups de hache dans la face, avec en point d'orgue un énorme Southern Storm paru en 2008.
Groupe au line-up très solide depuis le début, puisque composé de 3 frangins, Krisiun est de retour avec The Great Execution, à qui revient la lourde tâche de succéder à un encombrant aîné.
Trois années ont passé, et les frangins ont décidé de modifier quelque peu leur formule cette fois-ci, bien sûr, les riffs aiguisés qui te défoncent la tête sont toujours au programme, de même que les soli de furieux et un drumming toujours aussi hallucinant de précision, mais les brésiliens font les choses un peu différemment, en privilégiant les mid-tempo, pour un résultat qui fonctionne souvent, mais avec malgré tout quelques passages pas vraiment convaincants...

Signe de l'évolution, l'album est long, une bonne heure de Death Metal, soit 10 minutes de plus que le précédent, dont deux gros pavé de 8 minutes, il semble révolu le temps des albums in your face de moins de 40 minutes, mais heureusement le groupe a désormais la maturité nécessaire pour ne pas sombrer dans le rébarbatif, quoique...
En effet, l'album débute de manière assez faiblarde, avec un The Will to Potency très Heavy, mid-tempo, qui malgré un peu de guitare acoustique, un énorme travail sur les leads (Mais c'est une habitude avec Krisiun) et une bonne accélération qui relance l'intérêt, ne tient pas vraiment la distance et s'avère un peu pénible vers la fin de ces 6'23.
Blood of Lions, malgré de remarquables changements de tempo et un côté assez Thrashy, à lui tendance à tourner un peu en rond.
On retrouve certes la patte de Krisiun, c'est toujours brutal et techniquement énorme, mais on s'ennui un peu à l'écoute de ces deux premiers titres.
Heureusement, l'album s'améliore grandement par la suite, à commencer par une grosse charge à la Krisiun, The Great Execution est une petite petite de brutalité et de violence, le premier titre véritablement rapide, une nouvelle fois les soli sont impressionnants, et la dernière minute très Heavy et malsaine vaut le détour.
En fait, l'album débute véritablement à partir de ce titre.
Impression renforcée par un Descending Abomination très heavy, débordant de groove, avec d’incessants changements de tempo, dont des accélérations de furieux s'appuyant sur une batterie défiant le mur de son, et c'est bien là que réside la grande force de Krisiun sur cette album, cette capacité à varier les rythmes au sein d'un même morceau, cette alternance entre sauvagerie et passages ultra heavy.
The Extremist suit le même chemin, avec un début très brutal et speed qui vous défonce la gueule, avant de partir vers un gros mid tempo groovy presque à la Pantera (le solo à 4'30 notamment) et une accélération finale qui vous achèvera.
The Sword of Orion est donc le premier pavé de huit minutes, et Krisiun ne se fout pas de notre gueule, et nous offre un autre mid-tempo, très très lourd, malsain, gavé de changements de rythmes, d'accélérations, et aussi d'interventions de guitare acoustique, et là, c'est la grande classe, sonnant un peu comme le Death Flamenco d'un Impureza.
Et c'est loj d'être terminé, car ensuite, déboule un très bon et entêtant Violentia Gladiatore, avec ses leads très travaillés et son accélération finale, en variant constamment les rythmes, les brésiliens s'ouvrent pas mal de nouvelles perspectives, la basse notamment, qui à beaucoup plus de place pour s'exprimer que par le passé (la passage vers 2'50 de Violentia Gladiatore est très représentatif), rendant les titres beaucoup plus lourds et sombres.
Rise and Confront est un titre rentre-dedans, vicieux et sauvage, un véritable char d'assaut qui pulvérise tout sur son passage, (qui me rappelle un peu du vieux Sepultura),  la batterie est incroyable sur ce titre, très précise et rapide,  un titre qui sert de mise en bouche parfaite à Extincão em Massa, l'un des grands moments de l'album, d'une violence peu commune, et avec invité, João Gordo, chanteur de Ratos de Porão.
Le titre est une merveille de brutalité, alliant le Death Metal et le Punk, le débit vocal de João est insensé, et les musiciens ne sont pas en reste, ça bastonne sévère, pour une putain de tuerie, 6 minutes de pur bonheur.
Enfin l'album se termine par un autre pavé, de 8'38, Shadows of Betrayal, et il n'y avait pas de meilleur manière de conclure cette galette que par un titre épique comme celui-là, Heavy, puissant, lourd, mélodique, malsain... épique quoi!

Bref, vous l'aurait compris, en dehors de deux premiers titres un peu pénibles, le nouveau Krisiun est une tuerie.
La prod est énorme, mettant bien en valeur chaque instrument, le son est très sec, sans fioritures, le son Krisiun en somme, de ce côté là, on est pas dépaysé.
Globalement, les ajustements de Krisiun à sa tambouille fonctionnent très bien, un peu comme un groupe désormais adulte, qui à la maturité nécessaire pour sortir un peu de son champ d'action habituel et d'intégrer de nouveaux éléments, sans pour autant dénaturer le style du groupe, et de ce point de vue, le groupe s'offre de nouveaux territoires à explorer dans le futur.
Techniquement, rien à dire, c'est du Krisiun, le chant est brutal, sonnant un peu comme Peter de Vader, la basse est assez audible, et que dire des riffs et des soli de Moyses, du vrai travaille d'orfèvre, comme la batterie de Max, ce type est une véritable brute de vélocité et de précision.
En conclusion, Krisiun signe ici sont travail le plus intéressant, le plus mature surtout, malgré quelques petites longueurs et un certain retard à l'allumage, The Great Execution est une réussite qui monte en puissance avant un final dantesque.
Parfois l'évolution, ça a du bon...

3.5 / 5