vendredi 2 décembre 2016

[Découverte] Setentia - Darkness Transcend

Aujourd'hui, c'est découverte, avec le premier album d'un groupe inconnu, mais qui est cool, puisque je prends le temps de vous en parler, c'est que ça faut le coup.
Bref, vous avez sûrement raté la sortie de ce premier album de Setentia, paru en au printemps dernier et sans promotion de manière indépendante sur Bandcamp, fort heureusement, Blood Music a flairé la bonne affaire et vient tout juste de le ressortir en novembre, histoire d'offrir la possibilité au plus grand nombre de l'écouter, parce que Darkness Transcend, c'est vachement bien, et pour un premier album, il pose des bases très intéressantes pour l'avenir.

Donc voilà, Setentia nous vient de Nouvelle-Zelande, et vous savez qui vient aussi de Nouvelle-Zelande? ouais, Ulcerate, il est d'ailleurs ici utile de vous préciser que Setentia fait du Death fortement technique et légèrement progressif, et vous savez qui fait aussi du Tech-Death en Nouvelle-Zelande? bingo, Ulcerate.
Partant de là, il va être compliqué d'éviter les comparaisons avec qui vous savez, mais je vais m'y tenir, de toute façon, ce serait peine perdue, Ulcerate étant complètement inattaquable pour le commun des mortels, et ce n'est pas Setentia qui va titiller le champion hors-catégorie avec un premier album, ce qui ne veut pas dire que Darkness Transcend n'a rien à faire valoir, c'est même le contraire, car Setentia, même s'il évolue d'une certaine manière dans la même mouvance, va avoir la très bonne idée de ne pas suivre complètement la formule du Tech-Death kiwi en tentant de tracer son propre sillon dans le petit monde du Death à tendance technique.

Bien évidemment, à l'écoute de Darkness Transcend, on trouvera pas mal de références communes à Ulcerate, comme Krallice, Gorguts, ou les français de Deathspell Omega ou Blut Aus Nord, c'est d'ailleurs sur ce dernier point que Setentia va se démarquer quelque peu, en étant légèrement plus Black dans son approche, plus direct aussi, car on est loin d'un Tech-Death abstrait à l'atmosphère dense à couper à la tronçonneuse, Setentia va préférer la méthode pain dans la gueule tout en prenant le temps de développer ses idées, ce qui va nous donner des morceaux plutôt longs, intriqués, avec un réel sens du mouvement, que l'on attendait peut-être pas autant maîtrisé de la part d'un projet aussi jeune, ce qui ne va pas empêcher l'apparition de quelques petits défauts par moment, notamment sur les morceau les plus longs, où on sent bien que le groupe veut tellement bien faire et prendre son temps qu'il va un peut traîner en route, on ne peut pas être parfait au premier essai...
Malgré tout, en une cinquantaine de minutes divisés en sept morceaux souvent reliés entre eux par des passages atmosphériques, Setentia va proposer une sacré expérience à l'auditeur, certes moins claustrophobique et cauchemardesque qu'un Ulcerate, le titre d'ouverture éponyme fonctionne comme une très longue introduction en forme de build-up qui va lentement monter en pression et délivrer une bonne dose de fureur avec son enchevêtrement de trémolo, sa batterie assassine et un chant qui oscille constamment entre le growl et le chant écorché typé Black, il est aussi à noter que le groupe évolue à trois guitaristes, ce qui aide à créer des canevas souvent très intriqués et réellement intéressants, ce premier titre plonge directement sur un Throne of Thorns comme une pièce massive de huit minutes qui va développer ce qu'on pourrait presque appeler le "son" Setentia, un mélange de Tech Death, de Black, de Doom flirtant avec le post-Metal, d'ailleurs, sur ce morceau, Setentia va multiplier les cassures et changements de direction, avec même de bons gros breakdowns surchargés de Groove, autant le dire que le bouzin a de l'impact et de la férocité à revendre, développant même un certain sens de la dramaturgie.

Beyond Myopic Blame sera un titre plus court et bien furibard juste avant le très gros morceau du disque, les deux parties de Seeds of Death, qui proposeront toujours le mix Tech-Death blackisé et intriqué, où l'on aurait aimé quelques plages atmosphériques plus poussées pour respirer un peu, ces douze minutes s'avèrent relativement épuisantes et Setentia en fait parfois un peu trop dans les changements de rythmes et surcharge inutilement sa musique, The Enemy Within sera un peu mieux réussi en intégrant davantage de moments atmosphériques en contrepoint d'un véritable déferlement de violence, Fruit of Life sera un ultime titre carrément épique pour la capacité du groupe à intégrer cette fois-ci quelques relents de Death mélodiques à un titre-fleuve de dix minutes qui parvient à conjuguer la brutalité à une dimension mélodramatique, avec d'excellents solos tranchants et diverses mélodies, le fait d'avoir trois guitaristes jouent à plein pour la richesse du morceau, où les arrangements ne seront pas en reste pour créer un réel souffle épique.

On est peut-être en train d'assister à l'émergence d'un nouveau géant en terre Néo-Zélandaise, bien sûr que les comparaisons avec Ulcerate ne manqueront pas, mais Setentia propose d'une certaine manière sa propre vision d'un Death technique richement texturé et légèrement atmosphérique, et pour un premier album, Darkness Transcend est quand même une sacré claque dans la gueule, avec son approche directe mais malgré tout nuancée, Setentia pose les bases d'un son personnel aux multiples possibilités pour la suite, le groupe faisant déjà preuve d'une étonnante maturité dans l'écriture de longues pièces sinueuses globalement bien agencées, même au niveau de la production, le son est dynamique, pas trop compressé, un peu raw, ce qui n'est pas étonnant vu que c'est avant tout une auto-production, mais ces aspérités collent assez bien avec l'ambiance générale du disque, il va falloir suivre tout ça avec attention, car Setentia ne manque pas d'atouts pour satisfaire l'amateur de Death progressif riche en atmosphères, moins abstrait qu'un Ulcerate, plus porté sur la violence et la sauvagerie, ce serait dommage de passer à côté.