vendredi 28 août 2015

[Chronique] Soilwork - The Ride Majestic

C'est bizarre à dire, surtout après le virage Metalcore Stabbing the Drama et la grosse purge Sworn to a Great divide, mais il y a désormais une certaine attente envers ce nouvel album de Soilwork, le groupe suédois revient de loin et a su redresser la barre après quelques années d'errements, Peter Wichers était revenu donner un coup de main le temps d'un The Panic Broadcast convaincant, et son nouveau départ n'avait pas empêché le groupe de sortir son meilleur album post-Natural Born Chaos il y a deux ans avec The Living Infinite, même si ce double album n'était pas exempt de quelques défauts, une durée excessive et de nombreux morceaux de remplissage notamment (Chronique), mais il n'en reste pas moins que ça constituait un bon retour au premier plan pour le combo suédois qui n'en finissait plus de remonter la pente.
Malgré tout, ce nouvel album me pose un problème, j'adore Soilwork, vous le savez, et j'attendais beaucoup de The Ride Majestic, peut-être un peu trop, car même s'il n'est pas mauvais, ce nouvel album entre dans la catégorie des disques irrémédiablement moyens, où rien ne sera jamais vraiment bluffant, en gros, c'est pareil que les deux albums précédents, mais en moins bien, et dire du mal d'un disque de soilwork, ben ça me fait chier...

Le problème que pose cet album, c'est que toute tentative de jugement sur ses qualités intrinsèques sera immédiatement parasitée par des critères subjectifs, encore plus qu'habituellement, car tout sera question ici de perspective, qui peut se résumer ainsi, si The Ride Majestic était sorti en 2010 juste après Sworn to a Great Divide, il aurait été très bon, car la différence de qualité entre les deux disques aurait été gigantesque, le problème est que ce dixième album arrive après Panic Broadcast et The Living Infinite, ce dernier étant le meilleur album de Soilwork depuis dix ans, ce qui va plomber The Ride Majestic, c'est que les suédois vont la jouer petit bras, et bien trop safe pour que ce soit pleinement convaincant.

Que ce soit en terme de composition ou de rendu sonore (la production signée Jens Bogren est identique), The Ride Majestic pourrait tout à fait être la troisième partie de The Living Infinite, déjà qu'on a eu un EP de restes l'année dernière, ça commence à faire beaucoup, car voilà le pêché de Soilwork, le groupe, ayant désormais atteint de nouveau un certain niveau de qualité, va se mettre à stagner, restant dans une zone de confort, proposant des morceaux qu'il maîtrise totalement, et du coup sans aucune surprise, sans aucune volonté d'aller de l'avant, c'est l'application d'une formule toute faite que Soilwork utilise depuis déjà deux albums, et qui sera une fois de plus répétée, avec les même qualités et les mêmes défauts.
Il existe quand même une très légère différence, vraiment une toute petite, c'est l'orientation plus sombre de The Ride Majestic, dans les thèmes abordés, mais qui va se ressentir également dans la musique, avec des morceaux parfois moins évidents et moins directs, c'est bien gentil tout ça, mais historiquement, ce n'est pas vraiment là où le groupe a brillé dans sa carrière, Soilwork ayant toujours été bien plus à l'aise dans l'élaboration de brûlots ultra catchy qui envoient la sauce, et ce genre de morceau sera presque aux abonnés absents ici.

Malgré tout, l'agression sonore sera souvent au rendez-vous, et il faut remarquer que depuis son arrivée dans le groupe il y a une dizaine d'années, Dirk Verbeuren a pris de plus en plus au fur et à mesure des albums, et le belge va être ici au taquet comme jamais auparavant, comme si le groupe lui laissait désormais le chant libre pour envoyer le pâté et se lancer dans une avalanche de blast beats endiablée, la batterie va encore encore renforcer la dimension extrême de Soilwork, mais ce qui est dommage, c'est que le groupe n'y va jamais vraiment, le MeloDeath de Soilwork, au début de sa carrière, à souvent flirté avec le Black, surtout sur Steelbath Suicide, The Ride Majestic va parfois se réinscrire dans cette tendance, mais avec des limites, l'ouverture de The Phantom va être une grosse tuerie avec un riff complètement Black Metal, mais Soilwork va immédiatement contrebalancer ça avec du chant clair, et une chanson qui va vite apparaître bancale et forcée, Soilwork a vraiment les moyens de faire autre chose, je ne dis pas que le groupe doit s'orienter dans le Black/Death mélodique, mais y aller franchement sur quelques titres apporterait une diversité supplémentaire et bienvenue, seulement voilà, le groupe veut tellement ne pas prendre de risque et coller à son cahier des charges et à sa formule qu'il se sent obligé de toujours incorporer des refrains en chant clair.
Pourtant l'album débute assez bien, The Ride Majestic est le bon titre d'ouverture classique et efficace de Soilwork, ça envoie du lourd, c'est heavy, c'est technique, les leads sont monstrueuses, la batterie est implacable, Speed manie son growl et son chant clair à la perfection, c'est catchy, les claviers sont discrets mais apportent une certaine nuance, tout va bien, et le groupe va même enfoncer le clou avec un Alight in the Aftermath en mode défonçage insensé teinté de Black avec un excellent chorus en chant clair nuançant l'ultra-violence du propos, concis et efficace, on y croit à ce disque, et rien ne laisse imaginer la sortie de route par la suite, car avec Death in General, ce sera bonjour le gros filler mou du genou bien vilain, c'est à partir de là que The Ride Majestic va devenir une espèce de soupe à la grimace ou plus rien ne sera vraiment convaincant ni même impressionnant, Enemies in Fidelity ou Petrichor by Sulphur vont faire pénétrer l'album dans le domaine du titre de remplissage pas génial qui donne l'impression qu'il s'agit de morceaux pas utilisés lors des sessions Living Infinite, impression renforcée par le passable The Ride Majestic (Aspire Angelic) ou encore le médiocre et ennuyeux Whirl of Pain, difficile de faire plus stéréotypé pour du soilwork, ouais, c'est de la soupe, et alors qu'on croit avec l'intro abrasive et blackisée de All Along Echoing Paths que le groupe peut remonter la pente pour la fin de l'album, le morceau sera un mix bancal entre agression forcée et moments mélodiques poussifs, et je vous passe volontiers le titre final Father and Son, Watching the World Go Down qui mélange du Melodeath avec du mauvais Metalcore de bas-étage, le morceau est trop long, assez disparate, et ne propose rien de bien intéressant.
The Ride Majestic est le genre d'album particulièrement frustrant, on ne peut pas dire que Soilwork se ramasse avec son dixième album, après tout, le groupe évolue dans sa zone de confort, mais malgré tout, il n'atteint pas le niveau de qualité de The Living Infinite, et finit même par être un poil inférieur à The Panic Broadcast, de peu, mais c'est le cas.
C'est donc une certaine déception qui prédomine, on attendait beaucoup de ce nouvel album, malheureusement, le combo suédois a préféré stagné plutôt que de continuer à avancer, on se retrouve avec une collection de morceaux de remplissage, bien foutus, parfois très efficaces, mais on est en droit de trouver ça un peu léger, The Ride Majestic n'est jamais bluffant malgré sa haute qualité technique, pas impressionnant non plus, il est juste un peu basique, trop stéréotypé aussi, Soilwork nous propose un album aux compositions un poil trop génériques et trop peu variées, le manque d'ambition et d'innovation contribue également à plomber un peu plus ce qui aurait du être un très bon disque, et même si c'est toujours environ 150000 fois mieux que le dernier In Flames, The Ride Majestic restera une déception, l'album n'est pas franchement mauvais, mais ne parvient jamais à être totalement bon, il va falloir se ressaisir les mecs...

The Ride Generic
Track Listing:
1. The Ride Majestic  04:09
2. Alight in the Aftermath  03:47
3. Death in General  04:59
4. Enemies in Fidelity  04:16
5. Petrichor by Sulphur  05:11  
6. The Phantom  03:57
7. The Ride Majestic (Aspire Angelic)  04:46
8. Whirl of Pain  05:01
9. All Along Echoing Paths  04:21
10. Shining Lights  03:43
11. Father and Son, Watching the World Go Down  05:40