jeudi 16 juillet 2015

[Chronique] Immortal Bird - Empress/Abscess

Au départ j'étais supposé vous pondre une chronique du nouveau Powerwolf, mais comme je me suis rendu compte que je pouvais ressortir mot pour mot ma chronique de l'album précédent concernant ce nouvel album, ça ne m'intéressait pas plus que ça, bref, comme je l'avais fait avec False, j'ai choisi de plutôt vous parler d'un premier album d'un groupe pas trop connu mais qui vaut le coup que l'on s'intéresse à son cas, c'est plus intéressant pour vous, mais aussi pour moi.
Donc voilà Immortal Bird pour son premier album, qui fait suite à un premier Ep assez prometteur paru il y a deux ans mais un peu passé inaperçu, alors que le groupe évoluait en trio, ce qui n'est plus le cas désormais puisque la jeune demoiselle Rae Amitay ne s'occupant plus que du chant, un batteur est arrivé en la personne de Garry Naples (Novembers Doom), le reste du line-up étant toujours composé du bassiste John Picillo et de l'excellent guitariste Evan Anderson Berry, qui a une année chargée puisqu'il a déjà sorti cette année un très bon disque, Sleep at the Edge of the Earth, avec son autre groupe Wilderun.

Bon, ok, quand tu regardes la photo du groupe comme ça, le Kvlt Credibility s'approche dangereusement du zéro absolu, on dirait un random groupe de sludge de l'Oregon ou un pauvre groupe de Rock alternatif des années 90, car ouais, j'vous avais pas encore dit, mais Immortal Bird, c'est du Black, principalement, mais pas que, car le groupe de Chicago aime les mélanges, et au Black vont venir s'ajouter pas mal d'autres références, Death, Grindcore, Thrash, et un peu de sludge aussi, et donc, ça va envoyer le pâté, c'est pas parce qu'il y a une gonzesse derrière le micro que ça va péter dans la soie en mode princesse Disney.

Pour un premier album, c'est court, cinq morceaux, et c'est torché en une trentaine de minutes, c'est presque le format du prtemier EP s'il n'y avait pas un cinquième morceau de dix minutes, autrement dit, Immortal n'a pas trop envie de traîner ni de se disperser, leur Black/Death va foncer dans le tas et tout défoncer, mais pas constamment en mode bourrinage, car au Black/Death formant la base du son du combo, viendront s'ajouter pas mal de choses plus ou moins surprenantes, notamment quelques aérations mélodiques bien senties où l'on sent bien que le guitariste de Wilderun est dans le projet.

Bien sûr, Immortal Bird ne va pas non plus réinventer le genre, d'ailleurs on est souvent dans le Metal extrême empruntant au Death et au Black mélangé à l'énergie du Hardcore/Sludge, un mélange assez courant depuis quelques années dans la scène extrême nord-américaine, mais ce n'est pas pour autant qu'Immortal Bird n'a rien à dire ni même rien à apporter, car ces américains vont développer pendant une demi-heure une personnalité assez affirmée, plutôt surprenant pour un groupe soufflant à peine ses deux bougies, et contrairement à pas mal des ses collègues pratiquant le même mélange de genres, Immortal Bird ne va jamais délaisser le Black/Death pour le Sludge, faisant de Empress/Abscess une version un peu plus raffinée du premier EP, en en conservant toute l'énergie et la violence, de même qu'en se départant d'influences un peu trop flagrantes pour développer davantage sa personnalité, et ça va de fait envoyer de sacrer torgnoles.

Dès le premier titre en fait, car Neoplastic est une grosse boucherie-charcuterie de l'extrême où l'on retrouve le Black/Death/Grind en mode char d'assaut furieux mais avec un petit twist, une bonne dose de Sludge et quelques passages particulièrement hypnotiques et répétitifs que n'aurait pas renié un Meshuggah, avouez que c'est bizarre, mais ça fonctionne à plein régime, le travail sur les leads est excellent, et c'est aussi l'occasion de remarquer le chant très vindicatif de la petite Rae Amitay (secondée sur ce premier titre par le hurleur de Weekend Nachos), dont le growl est agressif comme il faut, collant assez bien au genre pratiqué, Saprophyte sera d'ailleurs du même tonneau, et si la dimension un peu Drone prendra plus d'épaisseur, le Black Metal ne sera jamais vraiment loin, surtout quand le groupe se décide d'accélérer et de balancer du tremolo incisif dans ta gueule, d'ailleurs en parlant de ça, To a watery Grave va développer un Blackened Death en mode pulvérisation de cervicales avec un sens aiguë du riffing et de la mélodie, ça fait mal, très mal, et l'on appréciera davantage la petite interlude au piano ouvrant sur une fin de titre à la limite de ce que l'on pourrait appeler du Grindcore progressif, euh.... ouais.

Par contre, petit moment incongru entre Saprophyte et To a watery Grave, avec un The Sycophant teinté de Death n' Roll vintage et l'on se croirait presque chez Tribulation, le titre est très bon, mais cela constitue malgré tout un détour assez bizarre pour un groupe aussi attiré vers l'extrême, ce titre plutôt groovy et mélodique est un peu hors de propos et casse un peu le rythme, même si j'imagine que le but était d'apporter un peu de variété et d'éviter l'écueil du tout bourrin, j'éprouve la même perplexité à l'écoute du dernier titre, And Send Fire, on part d'un mélange de Sludge et d'USBM atmosphérique pour se manger une mandale Black/Death ultra brutale, pour ensuite faire un détour dans l'acoustique forestier afin d'aboutir à une espèce de Noise comme une outro de trois minutes, les transitions s'opèrent correctement, mais ça part un peu dans tous les sens et c'est même parfois carrément décousu, au détriment de l'intensité.

L'intensité justement, c'est bien une chose dont Immortal Bird ne manque pas sur les autres titres, car sur ce point là, les américains n'ont de leçons à recevoir de personne, Empress/Abscess est violent, brutal, mais sait faire preuve d'une subtilité bienvenue avec un songwritting plutôt audacieux, le son est excellent pour le genre, avec une production une nouvelle fois signée du stakhanoviste Colin Marston, qui n'en finit plus de produire tous les groupes intéressant d'Amérique du nord, et même si la musique d'Immortal Bird est très très vindicative, tous les instruments sont audibles malgré la propension du groupe à mélanger les genres et à enchevêtrer mélodies et riffs bulldozer.

Difficile de définir correctement le style pratiqué par par Immortal Bird, du Death/Black avec plein de bons trucs jetés par dessus, mais jamais de manière aléatoire, Empress/Abscess est brutal, mais fait preuve d'une certaine finesse, l'intensité et l'efficacité sont au rendez-vous, l'émotion également, par les mélodies et le chant possédé de Rae amitay, qui donne vraiment une dimension dramatique aux compositions du groupes.
Pour un premier album, Immortal Bird développe sa personnalité, davantage que sur le premier EP, et même si ce n'est pas exempts de quelques chausses-trappes, on a affaire à un mélange particulièrement intéressant et croustillant, et l'on aurait aimé d'ailleurs en écouter davantage, même si le format court a pour lui de rendre Empress/Abscess très compact et percutant, ce n'est pas parfait, mais il y a du très bon pendant la trentaine de minutes de la galette, ça vagabonde peut-être un peu trop par moment, mais pour l'instant, Empress/Abscess est un excellent premier album d'un groupe qu'il va falloir suivre à l'avenir.

Prometteur