jeudi 18 juin 2015

[Chronique] Iwrestledabearonce - Hail Mary

Malgré une certaine aversion vis à vis du Metalcore et du Deathcore, et de pas mal de ses dérivés, j'ai plus ou moins une tendresse particulière pour Iwrestledabearonce, surtout le premier EP en fait, le groupe était explosif, assez original, et pas avare d'humour et de second degré, bref c'était frais, la suite le fut un peu moins, naturellement, la spontanéité des débuts ayant eu tendance à s'estomper avec le temps.
En 2013, Late for nothing représentait un virage dans le son d'Iwabo, un groupe qui essayait d'être plus mature en délaissant quelque peu son Electro/Grind/Metal-Death-Mathcore déglingué aux explosions erratiques pour quelque chose de plus posé, aux structures un peu moins frappadingues aussi... et c'était chiant, et aussi très répétitif, bon, au moins ils avaient essayé, on ne peut pas leur enlever ça.
Bien sûr, comme les gens n'aiment pas le changement, et le remplacement de Krysta Cameron par Courtney LaPlante était déjà une pilule assez grosse à faire avaler, Iwabo s'était aliéné une partie de son public, et c'est tout naturellement qu'avec son nouvel album le groupe revient aux fondamentaux... Ah non en fait, ils ont choisi de faire autre chose, qui n'est donc pas un retour en arrière mais une négation de ce qu'était le groupe au début, seul point commun avec l'album précédent, l'ennui, mais en pire, et pour d'autres raisons, vous l'aurez compris, Hail Mary est une redoutable merde qui pue la médiocrité.

No fun, only Breakdowns.
C'est triste à dire mais c'est comme ça que l'on peut résumer cette purge infâme que nous servent les américains, Iwrestledabearonce va faire all-in sur le Deathcore pur et dur avec Hail Mary, mais pas le bon Deathcore hein (savoir si le bon Deathcore existe vraiment étant un autre débat), le Deathcore dans tout ce qu'il a de plus débile et bas-de-plafond, même pas une petite blague ou un délire WTF, Iwabo va faire dans le sérieux, ce sera de la merde, mais de la merde sérieuse et sombre, l'album précédent manquant de punch et de muscle, on sera ici dans l'excès inverse, car il n'y aura que ça, de la violence décérébrée.
Deathcore hystérique complètement débile, fait de spasmes techniques foireux et d'un enchevêtrement de breakdowns, des breakdowns qui se suivent inlassablement, des breakdowns au sein des breakdowns, l'inception du breakdown en quelque sorte, il y en a partout, et le pire dans tout ça, c'est qu'il n'y en a aucun qui soit bon ou sympa, non, ce sont des breakdowns composés au hasard par une belle bande de feignasses, jetés sur le disque par poignées entières en espérant que par miracle ça suffira à faire un morceau, partant de là, l'affaire est condamnée à l'échec.
On a quasiment affaire à de l'anti-musique tant Iwabo passe son temps à faire n'importe quoi, une collision de breakdowns et de spasmes tech qui n'a aucun sens du début à la fin, l'impression, à peu d'exceptions près, d'écouter tout le temps le même titre, où l'on ne peut pas vraiment parler de chanson dans la mesure où il n'y aucune structure dans cette véritable décharge publique du breakdown, j'en ai écouté des merdes cette années, des tas mêmes, et je pense sincèrement que Hail Mary est la pire merde que j'ai écouté en 2015.
Une ultra violence foutraque et surtout épuisante, car à force de faire dans le bourrin où les breakdowns et les spasmes débiles s'entrechoquent au hasard, Iwabo dévient chiant, emmenant l'auditeur au fin-fond de l'ennui, ce qui est l'inverse de l'effet escompté, Hail Mary est une diarrhée Deathcore absolument ignoble et vomitive, l'impression d'écouter le même déferlement de fureur idiote du début à la fin, aucun morceau ne se dégage vraiment, ce sont tous les mêmes de toute façon, et l'on ne sera même pas surpris de trouver dans ce bordel des conneries électroniques, histoire de renforcer l'aspect chaotique du truc, et d'entériner le fait que les mecs n'ont aucune putain d'idée de ce qu'ils sont en train de faire, se contentant d'enchaîner les plans randoms, mais bon, ce genre de conneries électroniques est à la mode chez les jeunes mous du bulbes, qui sont de toute façon le coeur de cible du projet, et y'a une meuf dans le groupe en plus, ça attirera l'ado crevard pré-pubère, et il est d'ailleurs amusant que dans les photos promos ou les clips, Courtney LaPlante est davantage sexualisé que par le passé, un petit changement d'image fort à-propos fut la modification de style, on attire pas les mouches avec du vinaigre hein...
Tous les morceaux se ressemblent, mais y'a des exceptions, un peu, bah ouais, y'a du chant clair parfois, cheveu sur la soupe, qu'est-ce que ça fait là? aucune idée, mais que c'est putassier putain, c'est tellement foireux et inséré délicatement au pied-de-biche que ça ferait passer Eths pour des génies du songwritting, le single Green Eyes fait dans Deathcore tout ce qu'il y a de plus bordélique et Breakdownisant, et d'un seul coup, ça te tombe sur la gueule, un refrain en chant clair, ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais foutre rien, et ce sera la même chose sur la première partie de Doomed to Fail (ou Trips), et pour ajouter l'injure à l'infamie, il faudra se taper les trois minutes de la Part 2, une ballade electro Metalcore qui donne la chiasse avec en prime les miaulements de LaPlante.
Your God Is Too Small sera la seule référence à l'Iwabo qu'on connaissait avant, morceau simple mélangeant l'ultra violence Deathcore et les mélodies Metalcore en chant clair à l'auto-tune, c'est pas terrible, mais c'est le seul morceau que l'on peu éventuellement qualifier de catchy et de véritablement formaté pour le public de base du groupe, si ça se trouve c'est juste un morceau non-utilisé de Late for Nothing qu'ils ont utilisé en fin d'album pour faire un peu de remplissage.
Niveau chant, comme c'est le growl qui est utilisé en majorité, Courtney LaPlante va vite démontrer toutes ses limites, le genre de limites récurrentes chez globalement tous les groupes à growleuses, ce n'est pas faire du sexisme à deux balles, mais nos amies femelles à deux pattes sont généralement incapables de moduler leurs voix, de proposer autre chose que leurs growls forcés et forcément limités en puissance, souvent surpitchés histoire de faire illusion, LaPlante est ici médiocre, son chant forcé et unidimensionnel ne va faire renforcer le sentiment de monotonie qui émane d'Hail Mary, la demoiselle en fait tellement des tonnes dans son rôle de furie que cela en devient ridiculement drôle, et l'on touchera le fond lors du duo avec Eddie Hermida sur le monument de breakdownisme crétin Erase it All.
Hail Mary s'enfonce dans les méandres du pire du pire du Deathcore insipide et bas-de-gamme, et grosse mouche sur le gâteau à la merde, il va s'en dire qu'on a affaire à un brickwall bien dégueulasse qui va rendre tout ça le moins dynamique possible, la production en plastique d'un peu tous les groupes du genre, c'est pas comme si le groupe avait une personnalité avant, il valait surement mieux la détruire méthodiquement comme c'est le cas ici avec un son tout ce qu'il y a de plus générique.
Même à l'échelle de la discographie d'Iwabo, on assiste avec Hail Mary à un sacré crash, un Deathcore bourrin, in your face, que vous avez entendu des miliers de fois auparavant, un Deathcore stéréotypé bancal et illisible, construit de manière erratique avec des spasmes tech et des breakdowns sans aucune imagination, et le résultat est une véritable catastrophe auditive, Hail Mary est ennuyeux, rébarbatif au possible, usant, insipide, et je pourrais continuer la liste d'adjectifs peu reluisants pendant encore longtemps vu le niveau de nullité atteint par Iwrestledabearonce sur cet album, allez, j'me casse, j'en ai marre de cette merde, y'a le stream du disque si vous voulez, mais c'est à vos risques et périls, je décline toute responsabilité concernant d'éventuelles séquelles cérébrales dues à l'écoute de ce furoncle.

Track Listing:
01. Gift Of Death
02. Remain Clam
03. Green Eyes
04. Erase It All
05. Curse The Spot
06. Doomed To Fail Pt. 1
07. Doomed To Fail Pt. 2
08. Killed To Death
09. Trips
10. Man Of Virtue
11. Carbon Copy
12. Wade In The Water
13. We All Float Down Here
14. Your God Is Too Small