Cela fait déjà cinq ans et la sortie de son premier album Divinity que les valencianos de Noctem terrorisent la population locale, empêchant les gentils autochtones de manger leur paella en paix, les méchants sauvageons que voilà, pratiquant un Black/Death brutal et violent, en en faisant des tonnes sur l'imagerie satanique.
C'est d'ailleurs à cause de ce dernier point que Noctem est souvent vilipendé par les trve défenseurs de l'underground, qui voit en eux un groupe de posers bien plus intéressé par le bling-bling et leur imagerie, la vérité est surement plus complexe que cela, car il faut bien avouer que musicalement, ça tient plutôt la route, et que leur second album sorti en 2011, Oblivion, envoyait le pâté de manière plutôt convaincante.
Mais dites-donc, un groupe de Death/Black ultra bourrin qui en fait des caisses sur le visuel et le bling-bling, ça ne vous rappelle rien? bah ouais, Behemoth, et Noctem est donc une espèce de Behemoth ibérique, une sale bête vindicative, un peu bas-de-plafond, le genre de bête sauvage qui te viole les fesses à grands coups de chorizo, et avec son troisième album, les choses n'ont pas trop changé, Noctem fait dans l'über brutal sans aucune concession, sauf que voilà, c'est un peu lourdingue quand même...
Mélange de Black d'obédience Mardukienne, de Black à la Behemoth, saupoudré d'une petite touche de Thrash, un amalgame qui rappelle évidemment Belphegor, Noctem joue la carte de l'ultra violence de manière plutôt esthétique, j'avais reproché à l'album précédent une violence un poil trop clinique, le son était vraiment trop clean, ce qui rendait la violence des espagnols un peu trop générique, le groupe ayant du mal à se détacher d'influences surement trop visibles, avec Exilium, les choses ont quelque peu évolué, car Noctem joue un peu plus sur les atmosphères et les mélodies qu'il ne le faisait par le passé, avec un son plus raw et crade, surtout au niveau des riffs, qui lui va assez bien, le chant également se fait plus dégueulasse et caverneux, avec un growl qui dégouline de haine, malheureusement, on regrettera, comme c'est souvent le cas dans ce genre de Blackened Death, un son de batterie surmixée qui prend une place énorme, qui fait que l'on remarque tout de suite le manque de variété dans le jeu du dénommé Vhert, qui bourrine du début à la fin, sans finesse aucune, et c'est plutôt dommage, car entre le chant et cette batterie mises en avant, j'aurais aimé mieux entendre les riffs, surtout que c'est bien là où Noctem a progressé, en proposant des riffs qui allient la brutalité du Death, l'efficacité du Thrash et la sauvagerie mélodique du Black, Exilium a donc ce rendu sonore bizarre où la finesse des riffs serait quelque peu perdu dans cette avalanche de blast beats et de growls.
Bien sûr, Noctem n'a rien perdu de sa violence et de son caractère vindicatif avec son nouvel album, surtout qu'il a bien travaillé sur ses atmosphères sans vraiment perdre en brutalité, avec un bémol malgré tout, un certain sentiment d'ennui qui va vite s'installer, pas seulement à cause de cette batterie ennuyeuse, mais surtout du fait que Noctem utilise constamment les même combines pour installer ses ambiance et ses mélodies, tremolo et tapping pour les mélodies black sur quasiment tous les titres, et un paquet de passages acoustiques, c'est sympa au début, mais répété sur la moitié des titres de l'album, ça devient un peu répétitif.
Comme sur chaque album de Noctem, on commence par une intro symphonique qui fait monter la sauce et qui introduit le très vindicatif Apsu Dethroned, qui est quand même une sacré tarte dans la gueule, le chant plus caverneux de Beleth passe bien, et les courts passages mélodiques ainsi que les chœurs d'églises fournissent ce supplément d'atmosphère qui rend le titre intéressant, c'est surement ce qui manque à un Decrepit Human Kingdom qui fonce dans le tas sans jamais vraiment décoller, et l'on touche aussi aux limites vocales du hurleur de service qui ne va faire preuve d'aucune variation sur tout la durée de l'album, alors ouais c'est ultra bourrin, son growl sort des profondeurs de la marmite de paella des enfers, mais on aurait quand même apprécié un peu de variété, du chant black de temps en temps peut-être, pour rompre la monotonie, mais ce n'est pas le cas, et Noctem va souvent se fourvoyer dans le bourrinage insensé et un peu lourd, même s'il faut avouer que parfois c'est plutôt jouissif, notamment ce Namtar's Crown très Thrash qui envoie le chorizo de manière plutôt jouissive, avec un bon petit passage central plus heavy et mélodique sur les solos, une certaine intensité se dégage également de The Rising Horns, pour une nouvelle torgnole qui allie groove, vélocité et mélodie, et un petit passage acoustique qui s'intègre assez bien aux riffs plus black du morceau, des guitares acoustique que l'on retrouve dès Halo of Repugnance, avec en plus des choeurs d'églises pour l'ambiance, dommage cependant que la batterie soit si ennuyeuse en mode bourrin, ce qui est dommage également, c'est que le groupe s'enferme dans certains clichés, et des compositions qui suivent toujours le même chemin, et même si le duo de guitare offre à Noctem une certaine dimension mélodique et orchestral, on retrouve le défaut récurrent des espagnols (et aussi de presque tous les groupes du même genre), la linéarité, ça bastonne, c'est ultra violent, et même souvent efficace, tout cela est bien prévisible, et comme je le disais plus haut, même si les ambiances apocalyptiques collent admirablement au style pratiqué, on reste dans des atmosphères convenues, comme le single Eidolon qui fonctionne avec une vibe Black symphonique en mode brutal, et une nouvelle fois un passage acoustique et des solos heavy, c'est violent, efficace, grandiose, mais ça ne décolle jamais véritablement, et bizarrement, il faudra attendre le dernier titre, The Adamantine Doors, pour que Noctem change un peu son fusil d'épaule et nous propose un titre différent, très atmosphérique, malsain, où l'acoustique se mêle bien aux chœurs et aux orchestrations, un voyage dans les ténèbres qui sert à amener une ultime accélération finale en guise de climax.
Bien sûr, tout cela est malgré tout incroyablement efficace et heavy, Noctem connait son affaire, aucun doute la dessus, mais le groupe, comme à son habitude, à tendance à en faire un peu trop, et ce véritable déluge sonore n'échappe pas à une certaine linéarité, Exilium, bien que légèrement différent de l'album précédent, souffre des mêmes défauts, qui rend son écoute fatigante sur la durée, pris indépendamment, chaque titre est bon, même parfois très bon, mais en écouter dix à la suite s'avère tout à fait épuisant, Noctem ne varie jamais sa formule et se répète pas mal, les atmosphères sont toutes un peu les mêmes, la batterie est en mode blast à fond du début à la fin, le chant est unidimensionnel, et tout cela est bien dommage vu le travail effectué sur les riffs et les mélodies, qui aurait mérité un meilleur traitement dans le mix final.
On reste malgré tout dans un Death/Black apocalyptique qui envoie le chorizo dans ta face, c'est très bourrin, et malgré ses défauts, on y prend quand même un peu de plaisir, sans créer nécessairement l'envie d'y revenir souvent, Exilium est un bon petit disque à mi-chemin entre Behemoth et Belphegor, n'en attendez pas autre chose...
Paella Black/Death
Track Listing:
1. Enuma Elish
2. Apsu Dethroned
3. Decrepit Human Kingdom
4. Namtar’s Crown
5. The Rising Horns
6. Halo of Repugnance
7. Egregor
8. The Splint of Destinations
9. Eidolon
10. The Adamantine Doors