jeudi 3 octobre 2013

[Chronique] Hatesphere - Murderlust

J'adore la bière, je ne bois pas de vin, je déteste ça (ouais, il n'y a qu'un seul français qui n'aime pas le vin, et c'est moi), j'aime les classiques, la Leffe, la Grimbergen, mais aussi les bières un peu plus classes, avec du caractère et un personnalité affirmée, j'ai toujours dans le frigo une bonne trappiste dans le genre Chimay, ou une bonne vieille Tripel Karmeliet, mais ils arrivent parfois un moment où vous êtes à court et que vous n'avez pas envie de vous bouger pour refaire le plein, dans ce cas là, vous contemplez votre frigo, en vous rendant compte que vous allez devoir passer au plan B, qui est bien évidemment ces canettes de Kronenbourg qui traînent là dans un coin et que vous avez acheté machinalement en faisant vos courses.
Le rapport entre la bière et le Metal? il est là, si Hatesphere était une bière, ce serait la bonne vieille Kro, ce n'est pas forcement bon, c'est pas mauvais non plus, mais elle fait son office quand vous n'avez plus rien d'autre à boire, un produit de masse à la saveur quelconque qui procure un vague plaisir éphémère, aucune personnalité, aucun frisson, mais ça se laisse boire, un peu comme la discographie d'Hatesphere...

Quelconque comme la Kronenbourg, Hatesphere est l'exemple type du groupe second couteau du Melodeath scandinave, un peu comme l'est un Dew Scented (voir même Destruction...) dans le Thrash ou un Blood Red Throne dans le Death, un groupe sans vraiment d'idées, qui n'a jamais sorti de très grand disques, mais à défaut, une tripotée d'albums solides avec une qualité presque constante, à deux-trois baisses d'inspirations près, ainsi qu'une petite période où le groupe a erré dans le Metalcore plus que de raison.
Comme pas mal de seconds couteaux, Hatesphere sort énormément de disques, avec celui-ci, cela nous en fait huit en douze ans de carrière, et comme vous vous en doutez, peu de choses ont changé dans la musique du combo danois depuis le premier album (à part le line-up en constante évolution), Hatesphere fait dans le Melodeath Thrashy à la The Haunted, avec conviction et un certain savoir-faire, le genre de groupe qui est dans son élément, qui de toute façon ne sait rien faire d'autre et n'a aucune perspective d'évolution, ni même de volonté d'aller ailleurs, Murderlust, donc, c'est comme décapsuler une Kro, une joie simple de la vie, ça va tabasser sévère avec juste ce qu'il faut de mélodies pour ne pas trop lasser, le cerveau déconnecté pendant une quarantaine de minutes, et après, tu passes à autre chose, tout simplement.
Hatesphere c'est donc un The Haunted qui aurait refusé d'évoluer, du Thrash/Death mélodique abrasif en mode brise-nuque, respectant le cahier des charges du genre au mot près, du gros riff qui tâche, de la rythmique en béton armé et du chant écorché, heureusement sans chant clair, de la mélodie pour le côté catchy, héritée de l'école suédoise, tout est carré, rien ne dépasse, et on fonce dans le tas avec la subtilité d'un troupeau de rhinoceros, ça riff et ça gueule dans ce Melodeath passe-partout dont le seul objectif est de vous décrocher les cervicales.
Le premier titre éponyme n'est que le premier coup de boutoir asséné par les danois, il faut dire qu'avec des titres aussi subtils que The violent Act, Punishable by Death ou Darkest of forces, le groupe n'est pas là pour plaisanter, alors on sort les muscles et on pulvérise tout ce qui passe, un peu à l'ancienne en fait, avec un chanteur en colère qui hurle comme un damné, et quand même quelques subtilités, car il faut bien tenter d'apporter un peu de variété dans tout ça, cela passe par des leads mélodiques bien sûr, histoire d'essayer de rendre les titres catchy, mais aussi par quelques tentatives de ralentissement de tempo, comme ce long Fear Me de six minutes (ils nous avaient déjà fait le coup il y a deux ans avec Venom, orchestrations symphoniques en prime) qui sonne un peu comme un Chimaira période Infection, c'est assez sombre, ultra heavy, mais pas grand chose ne ressort à part un sentiment d'ennui et de lassitude, Hatesphere nous propose même un titre instrumental très mélodique dont les leads rappellent quelque peu Arch Enemy avec In Process qui ouvre sur un Iconoclast plutôt direct, comportant malgré tout un passage atmosphérique pas vilain du tout, on trouvera d'ailleurs un autre passage plus atmosphérique sur Refill the Chest, mais qui ne parviendra pas à sauver le titre de l'ennui, à part ça, c'est la routine pour Hatesphere, avec son quota de chansons qui poutrent et de fillers ultra banals comme Pandora's Hell, c'est comme à l'accoutumée avec le groupe, stéréotypé et souvent en pilotage automatique, la seule différence est peut-être une volonté de ralentir un poil le tempo afin de donner une coloration plus sombre à Murderlust, bien sûr, c'est du gros son made in Tue Madsen, ce qui renforce encore un peu plus ce sentiment de produit de consommation courante, c'est toujours un peu la même soupe que nous sert Hatesphere depuis douze ans, groupe pragmatique et surement trop dogmatique, et ça commence a devenir un lassant cette histoire.
Parait aussi que Assassin, le dernier titre, est une reprise de Muse, aucune idée, je ne connais pas et je n'ai pas l'intention d'écouter l'original, la version d'Hatesphere est juste un titre de remplissage de plus...

Nouvelle dose de Melodeath Thrashy de la part des danois, et franchement, j'ai du mal à y trouver un quelconque intérêt, bien sûr ça tabasse pas trop mal, les types sont de vieux briscards qui connaissent leur affaire et le cahier des charges du style sur le bout des doigts, d'ailleurs Murderlust fourni son quota habituel de gros titres qui arrachent la tête, mais le tout n'est absolument pas bandant pour un sou.
Il est malgré tout difficile de trouver ce disque mauvais, Hatesphere fait tout à peu près bien ici et il n'y a rien de honteux à aimer cet album, comme d'habitude, le disque s'écoute tranquillement, on passe un bon moment, mais sans finalement retenir grand chose, ce qui fait de Murderlust un disque de plus dans la discographie conséquente des danois, et rien d'autre, même si c'est toujours mieux que le dernier The Haunted, ici, on a affaire à un véritable album de second couteau, solide, que l'on écoute faute de mieux, un Melodeath avec pas mal de recyclage qui envoie le pâté, sans génie ni volonté d'évoluer, et qui se boit cul sec comme une vulgaire Kro tiède...

Juste un disque de plus...
Track Listing:
1. Murderlust
2. Pandora's Hell
3. Fear Me
4. The Violent Act
5. Punishable by Death
6. In Process
7. Iconoclast
8. Darkest of Forces
9. Refill the Chest 
10. Assassin