J'ai toujours pensé que Darkane n'avait jamais reçu l'attention qu'il méritait, le groupe a été quelque peu noyé dans la masse, à une époque où le Death mélodique était au sommet de sa popularité (bien avant l'état de mort cérébrale actuel), Darkane, était un peu le nouvel espoir de la scène suédoise et semblait bien parti pour prendre la tête du mouvement, malheureusement, il était peut-être déjà un peu trop tard, le groupe à eu beau faire de tirer ses deux meilleures cartouches, Expanding Senses en 2002 et surtout le phénoménal Layers of Lies en 2005, rien n'y fit, pas d'explosion médiatique, juste un léger succès d'estime, pas de bol, les suédois venaient de rater le coche, et n'allaient jamais être plus gros qu'ils ne l'étaient au milieu des années 2000.
Est-ce la raison de l’échec Demonic Art en 2008? peut-être, je n'en sais rien, l'album mal foutu et mal produit, froidement accueilli à l'époque (et à raison), envoyait le groupe sur une voie de garage, une situation que l'on pensait définitive tant le groupe avait disparu de la circulation depuis, une triste fin pour un groupe tellement doué, pensait-on, mais il faut croire que les suédois sont obstinés, car après cinq années de silence, voilà que déboule dans les bacs The Sinister Supremacy, censé être l'album du renouveau, retour en force ou coup d'épée dans l'eau, voyons ça...
Après s'être fait dessus avec Demonic Art, les suédois avaient beaucoup à se faire pardonner, et quand on a merdé, il n'y a pas énormément de solutions possibles, ainsi on emprunte la voix la plus évidente, la marche arrière et le rétropédalage, ce qui permet de balancer aux fans du combo l'argument imparable du fameux retour aux sources, un concept usé jusqu'à la corde, ça ne marche jamais vraiment mais sur un malentendu, pourquoi pas.
Bref, exit Jens Broman, le pauvre n'aura participé qu'à un seul album en remplacement d'Andreas Sydow , c'est con, c'était le plus mauvais du groupe, et comme le concept de l'album est le recyclage et la recherche du temps perdu (qu'on ne rattrape plus!), on fait revenir en fanfare Lawrence Mackrory, chanteur du premier album, histoire d'entériner le fait que ça va chier et que Darkane est de retour pour botter des culs.
Le gros problème de la démarche, c'est que du coup, Darkane va nous pondre avec The Sinister Supremacy un album qui a dix ans de retard et qui sonne comme un groupe quelconque de Melodeath du début des années 2000, d'emblée, l'album sonne daté, ça part mal.
Y'a un moment, faut lâcher l'affaire je trouve, le point culminant de la carrière de Darkane, c'est Layers of Lies (je ne vais surement pas me faire des amis en disant ça...), peut-être le seul moment où le groupe tentait une nouvelle approche, proposant une version de son Death/Thrash mélodique poussée à son paroxysme, intense, violent, presque à la frontière du progressif, du chaos maîtrisé, canalisé par une aisance technique hors-pair, avec un recours aux orchestrations qui lui donnait des sonorités apocalyptiques, après un tel coup de force, difficile de faire mieux, et ce n'est pas avec ce nouvel album qu'ils vont le faire.
Darkane a toujours été le petit prodige de la scène, Peter Wildoer est un monstre à la batterie, Klas Ideberg et Christofer Malmström étant surement le duo de guitariste le plus impressionnant du genre, et ce n'est pas pour rien que le groupe est en quelque sorte une référence pour les geeks de tous poils, Darkane joue vite, très vite, et frappe fort, et d'un certain côté, c'est un peu ce que l'on a avec The Sinister Supremacy, un album de Melodeath Thrashy, violent, technique, mais malheureusement ultra banal, prévisible, et pas super dynamique, l'album est long, et l'on a constamment le sentiment que chaque titre se ressemble, il faut dire que le groupe n'est pas aidé par le chant de Mackrory.
Le chant hurlé est vraiment pas mal, conforme à ce que l'on attend du genre, seulement voilà, comme c'est dans le cahier de charges, vous vous doutez bien qu'il va y avoir les traditionnels refrains en chant clair sur un peu tous les titres, et c'est précisément là que la crispation va se faire sentir, les refrains sont tellement communs et poussifs qu'on a presque l'impression que c'est Guillaume Bideau qui les chante, c'est pas pour rien que Mackrory avait fait un petit tour chez Scarve, c'est un peu le même genre de chanteur, et le Lawrence va s'assurer de pourrir tous les refrains de l'album, juste pour le plaisir, et quand on ajoute à cela des titres un peu passe-partout voir carrément médiocres (dans le genre je ne vous conseille pas In the Absence of Pain), ce nouveau Dark âne prend vite des allures de supercherie et de tentative ratée de réanimer le groupe.
Les deux premiers titres, The Sinister Supremacy et Mechanically Divine sont de parfaits exemples de titres bateaux, en mode pilotage automatique, avec des refrains qui tombent un peu comme un cheveu sur la soupe, ça bourre tranquillement, c'est confortable, mais où est la folie bordel? (Dans ton cul...)
Il n'y aura que peu d'occasions de s'enthousiasmer au cours de l'album, vu que c'est branché sur courant continu tout du long, pour une longue suite de titres banals et génériques, néanmoins, il y a bien un point sur lequel le groupe est irréprochable, c'est la qualité des solos et du drumming, cette capacité à mêler virtuosité, violence et mélodie qui rend le son Darkane reconnaissable dès les premières secondes, après tout, c'était un peu le but, rassurer les fans sur les capacités intactes du groupe, à défaut d'une quelconque once d'innovation et d'originalité, car chaque titre semble issu du même moule, suivant le même schéma, et avec des refrains pop pourri digne d'un mauvais groupe de Metalcore (ou pire, de Mnemic...), on en vient vite à regretter que le groupe ne fasse pas que dans le bourrin, comme cet Ostracized qui arrache quand même pas mal, c'est dommage quand même, car en fin de compte, les titres ne sont pour la plupart pas du tout mauvais, ils sont juste constamment gâchés par un chant crispant et des mélodies un peu guimauve dont on se passerait bien...
Que retenir de ce retour de Darkane? Du Death/Thrash mélodique qui bourrine sévère, ultra technique, mais que t'as déjà entendu dix mille fois auparavant, on regrettera également un chant clair souvent crispant et qui balance tous les clichés du genre, de même que de titres qui ont tendance à traîner en longueur.
Quand on voit ce dont le groupe était capable par le passé, il y a de quoi trouver The Sinister Supremacy bien léger et enchaînant les lieux communs et les banalités, on a juste droit à du Darkane à l'ancienne, sans folie, sans ce petit côté chaotique qui faisait tout son charme, reste malgré tout un petit album sympa à écouter deux-trois fois avant de l'oublier définitivement, car malgré ses qualités (ouais, y'a du riff qui arrache quand même), on ne va pas y revenir souvent., tant Darkane tourne en rond dans son Melodeath qui sent le réchauffé et qui use de ses artifices habituels pour faire illusion...
Un retour (en arrière) un peu vain...
3 / 5
Track Listing:
1. Sounds of Pre-Exsistence
2. The Sinister Supremacy
3. Mechanically Divine
4. Ostracized
5. The Decline
6. Insurrection Is Imminent
7. In the Absence of Pain
8. Humanity Defined
9. Hate Repentance State
10. Collapse of Illusions
11. By Darkness Designed
12. Existence Is Just a State of Mind