mercredi 8 mai 2013

[Chronique] Arsis - Unwelcome


Encore aujourd'hui, je considère le premier album d'Arsis comme étant un véritable coup de force dans le milieu du Death Technique (et mélodique aussi), c'est d'ailleurs le seul album du groupe que j'écoute encore régulièrement, car malheureusement, la suite ne fut pas du même niveau, et Arsis rejoignait la longue liste des groupes à s'être perdu en route après un premier album presque définitif.
A Celebration of Guilt était une redoutable boucherie, porté par la science du riff et du solo de James Malone, tête pensante du groupe, et, il faut bien l'avouer, seul membre permanent d'un groupe dont la liste des anciens intervenants tend à ressembler à un annuaire, de la violence, de la tension, de la rage, pas de compromis, tout en conservant un aspect mélodique certain.
Après, j'ai eu du mal à m’intéresser aux trois disques qui ont suivi, que j'ai à peine survolé avant de les oublier, il faut dire aussi que l'orientation plus "grand public" (toute proportion gardée cependant) m'avait un peu gêné, les expérimentations aussi, notamment ces incursions dans le Thrash des 80's, et Arsis avait perdu cette petite étincelle qui fait la différence avec le concurrence.
C'est donc sans rien en attendre que j'ai écouté ce cinquième album, Unwelcome, par curiosité, juste pour voir, surtout parce que j'avais trouvé l'EP Lepers Caress sorti l'année dernière plutôt correct, et là, surprise, c'était plutôt bandant dès la première écoute, comme si Malone avait miraculeusement retrouvé la formule magique...

Arsis avait pris la mauvaise direction, c'est certain, et fonçait droit dans le mur et la disparition progressive des écrans radar, Malone a donc fait ce que tout le monde attendait, il a tiré le frein main dans la ligne droite vers la voie de garage et à fait marche arrière, en virant tout le monde de la bagnole, car une fois de plus, c'est un line up tout neuf (dont le retour du bassiste Noah Martin) qui accompagne le guitar héro du death au chant de raptor enragé, c'est donc un peu ce qu'est l'ironiquement nommé Unwelcome, un retour au son originel, sans expérimentations foireuses, qui voit surtout Arsis retrouvé ses couilles et son pouvoir de destruction (ce que l'on entrevoyait un peu sur l'EP Lepers caress), mais heureusement, Unwelcome n'est pas seulement une régression, Malone n'a pas jeté aux orties une dizaine d'années d'évolution comme ça, et l'on retrouve par-ci par-là pas mal d'éléments qu'on trouvait sur les trois albums précédents, seulement voilà, ici, tout est mieux dosé, mieux intégré aussi, se permettant quelques digressions, mais en restant toujours fermement les pieds plantés dans le Death Metal, tout ça pour dire que malgré la marche arrière, Unwelcome n'est pas A Celebration of Guilt, mais plutôt un Arsis ayant appris de ses erreurs passé et empruntant un autre chemin.
Contrairement à la discographie du groupe, Unwelcome propose, tout en étant assez varié, une mixture tout à fait cohérente, qui ne prend pas la tête comme certains errements passé quand Malone et ses intérimaires partaient dans des délires bien trop techniques qui perdaient le pauvre auditeur dans un enchevêtrement de riffs et de soli en tout genre, l'album apparaît presque comme plus épuré, et surtout bien plus inspiré que les précédentes livraisons, bien sûr, la dimension technique est omniprésente, mais encore une fois, c'est le dosage qui fait toute la différence, et même si le groupe applique toujours plus ou moins les mêmes schémas, il arrive malgré tout à ne jamais trop se répéter et à proposer suffisamment de variations pour conserver votre attention pendant toute la durée du disque, qui ne fait d'ailleurs que trente-six minutes, ce qui est largement suffisant pour du Arsis.
Unwelcome ne sonne jamais stérile et vain comme la plupart des groupes de Tech Death, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai toujours préféré le groupe à des Gorod ou Spawn of Possession, pour son côté mélodique, groovy, moins clinique, et bien entendu le chant caractéristique et reconnaissable de Malone, rugueux, proche du Black, qui livre ici une performance vocale de haut niveau, souvent soutenu par du growl en arrière plan, qui rend la musique du groupe encore plus vindicative que par le passé., c'est d'ailleurs pas ici que vous allez trouver du chant clair, c'est pas le genre de la maison, on fait dans le brutal et l'efficace chez Arsis, mieux encore, la bande d'intérimaire semble mieux fonctionner que par le passé, presque comme un groupe en tant que tel, avec des types qui n'en font pas des tonnes techniquement, ce qui est plus qu'appréciable.
L'album déborde donc de hargne et de véritable brûlots, dès le titre d'ouverture, Arsis a presque remis les pendules à l'heure, de la mélodie, de la vélocité, et cette tension soutenue qui fait qu'à aucun moment le groupe ne va relâcher la pression, même pendant la reprise du sunglasses at night de Corey Hart, une vieille saloperie des années 80 passée à la moulinette Melodeath, qui fonctionne ici plutôt bien, ça bourre du début à la fin, sans réel temps mort, même si Scornstar est un peu pénible, bizarre comme choix de single, c'est le dernier morceau du disque et c'est peut être le moins bon, mais si c'est ça le plus mauvais titre d'Unwelcome, c'est vous dire la qualité du reste, du très bon Arsis en plein forme, livrant un album gavé de titres qui arrachent, avec une certaine constance, duquel il est difficile de sortir un titre en particulier, même si j'ai un petit faible pour Handbook for the recently Deceased, et ses harmoniques typiques d'Arch Enemy...

Bref, on ne va pas se mentir, Arsis a particulièrement réussi son retour au premier plan avec Unwelcome, un disque en forme de marche arrière vers le son de ses fracassants débuts, mais qui va plus loin que ça tant le groupe continue d'incorporer de petits détails à sa tambouille, mais de manière beaucoup mieux maîtrisée que par le passé et ses décriés derniers albums.
Du coup, pas sûr que ceux qui ne jurent que par le premier album y trouvent leur compte, mais après tout, il est normal que le Arsis de 2013 sonne différemment qu'il y a une dizaine d'années, quoiqu'il en soit, malgré tout les changements de line up, le groupe continue d'avancer, retrouvant son inspiration pour un disque qui sent le souffre, et un Death mélodique technique explosif et ravageur, en tout cas suffisamment intense pour faire oublier des structures qui ont tendance à être un peu trop identiques, mais c'est la formule Arsis, qui cette fois-ci fonctionne assez bien...

Tiens, Arsis est de retour...
4 / 5

Track Listing:
1. Unwelcome
2. Carve My Cross
3. Handbook for the Recently Deceased
4. Choking on Sand
5. Let Me Be the One
6. Sunglasses at Night
7. Martyred or Mourning
8. No One Lies to the Dead
9. I Share in Shame
10. Scornstar