mardi 16 octobre 2018

[Chronique] Behemoth - I Loved You at Your Darkest

On avait quitté Behemoth en 2014 après la piteuse entreprise visant à capitaliser sur la notoriété acquise par son leader Nergal après la médiatisation de sa leucémie, The Satanist était un album plutôt raté malgré quelques très bonnes idées disséminées vers la fin de la galette, et même si je le qualifiais d'échec à l'époque, il n'y avait pas grand chose de honteux musicalement, après au niveau des intentions, on pouvait y trouver à redire, The Satanist était marqué par la volonté de Nergal de s'établir comme un vrai artiste et de toucher un public bien plus large et mainstream, l'album étant porté presque uniquement par la personnalité de son chef d'orchestre/attention whore de service, Behemoth n'étant plus qu'un vecteur servant à emmener Nergal vers la célébrité à grand coup de Black/Death aseptisé, parce que ouais, autant aller droit au but, I Loved You at Your Darkest est de très loin l'album le plus dégueulasse infligé à nos oreilles par le polonais et ses sbires, une authentique merde putassière dépourvue de couilles, autopsie du cadavre...

Déjà avec un titre comme I Loved You at Your Darkest, ça partait mal cette affaire, ça a beau être une phrase tirée de la bible™, il n'en reste pas moins qu'on dirait le titre d'un album de Manson ou d'un random groupe de goth/indus, mais bon, faut bien attirer le grand public, et sur ce point, Nergal va sortir son attirail habituel avec de la provocation facile et usée jusqu'à la corde consistant à détourner les codes religieux, parce que c'est super original et que personne l'avait fait avant, et vu comment c'est forcé et fatigué à mort, on va tranquillement atteindre le zéro absolu de la subversion, une subversion de façade enrobant un Black/Death grand public de grosse feignasse où on trouve comme d'habitude des idées balancées là-dedans au hasard et absolument pas développées, des morceaux qui sonnent vaguement violents et convenus comme des passages obligés destinés à satisfaire la frange de bourrins du public, et, probablement le plus embarrassant, une grosse louche de Hard Rock histoire de rendre tout ça le plus putassier possible, rappelons quand même que Nergal a sorti l'année dernière un album de country complètement dégueulasse qui a surement influé sur la dimension racoleuse de ce nouveau Behemoth.
Bref, on pourrait presque qualifier par moment I Loved You at Your Darkest d'album de Blackened Hard Rock, c'est vous dire le niveau de dégueulasserie et de malaise atteint par Behemoth, juste un exemple, le plus criant, avec le gigantesque LOL provoqué par Bartzabel, Nergal est un filou et un malin, il a bien remarqué que le vintage occulte avait le vent en poupe, c'est ainsi que ce furoncle sera une sorte de version Black/Death de Ghost avec les même conneries acoustiques et les ambiances liturgiques avec un chant clair doublé par une chorale, le résultat est une catastrophe embarrassante, et Behemoth va en rajouter une louche avec If Crucifixion Was Not Enough, un autre morceau de Hard Rock chargé d'éléments extrêmes, ça n'a aucun sens, c'est du bordel, et c'est terriblement grotesque d'assister à ça, il n'y a rien qui fonctionne dans ces morceaux, Nergal mélange de façon erratique du Black et du Rock sans avoir aucune putain d'idée de ce qu'il est en train de faire.

En dehors de ça, on a du Satanisme Fisher-Price qui n'est que de la subversion de façade, mais ça fera de jolis clips et c'est tout ce qui importe pour un groupe qui privilégie désormais l'image à la musique; L'album commence par une chorale d'enfants qui font leur prière au grand cornu parce que les enfants qui invoquent Satan c'est super transgressif vous voyez, en plus personne ne l'avait fait avant, cette chorale reviendra sur le morceau God = Dog, repris directement de l'intro pour faire des économies, le gars allaient pas se faire chier, et puis oui, vous avez bien lu, Nergal a plus de quarante ans et la volonté d'apparaître comme un véritable artiste sérieux... et il écrit un morceau qui s'appelle God = Dog? Putain de merde, le type a pris des leçons de lyrics de merde chez le gros Cavalera ou quoi?
Mais putain qu'il est chiant ce disque, que c'est lourdingue tout ça, Nergal est devenu foutrement mou, I Loved You at Your Darkest est une pile de morceaux vite-torchés sans aucun intérêt, Nergal réussissant l'exploit d'avoir réussi à composer... AUCUN bon riff sur l'intégralité d'un album, quant aux autres... quels autres? on s'en bat les couilles d'Orion, même si sa basse est une nouvelle fois mise en avant, peut-être encore plus qu'il y a quatre ans, et Inferno doit se faire horriblement chier à jouer des titres aussi mous de la bite, mais c'est pas grave, y'a un gros chèque à la fin et c'est tout ce qui importe, c'est un boulot comme un autre, même si je suis convaincu qu'il y aurait plus de dignité à vendre son cul dans une ruelle de Varsovie plutôt que de participer à cette aventure.
Même quand Behemoth fait dans le bourrin, ça foire, prenez Angelvs XIII, ça semble bien au début, c'est fougueux, rageur, et même si ça fait déjà entendu ça passe, sauf qu'à la moitié du morceau on va sombrer lamentablement dans l'acoustique Rock atmosphérique avec plein de solos, parce que ouais, Nergal a mis des solo partout, l'album en est gavé et c'est destiné bien entendu à rendre le bouzin le plus accessible possible, I Loved You at Your Darkest est très très mélodique, ce qui ne serait pas un problème s'il n'était pas en même temps aussi mou et paresseux, le gros problème de Behemoth aujourd'hui, c'est cette incapacité à renouveler leur formule, ils essaient pourtant, ce qui est à mettre à leur crédit, ils ont une volonté d'évoluer, mais c'est constamment raté, et pas qu'un peu, l'autre gros souci, c'est qu'ils semblent désormais incapable de sonner comme du Behemoth classique, quand il se lance dans des morceaux de Black/Death violent, on sent que tout est forcé, c'est ennuyeux, et ces morceaux ne sont finalement qu'une accumulation de gimmicks et de tics d'écritures, ce sentiment de platitude est renforcé par le fait que le "Black/Death" de Behemoth est toujours autant sur-produit et sonne comme un pur produit usiné à la chaîne, sans aucune aspérité, aucune crasse, un son terriblement clean qui annihile complètement tout ce que veut accomplir Behemoth en terme de subversion, écoutez juste Ecclesia Diabolica Catholica, niveau extrême c'est faiblard à mort, et quand on entre dans la partie atmosphérique du truc avec les claviers, on se croirait véritablement chez Therion, en terme d’agressivité c'est particulièrement léger, la seconde moitié de l'album est juste traitée par dessus la jambe, avec une tripotée de morceaux nuls qui vont continuer à mélanger du Behemoth qui se force à être bourrin et des éléments rock et mélodiques, autant le dire qu'il n'y a rien à sauver et que j'ai à chaque fois du mal à me souvenir de ce que je viens d'écouter.

C'est complètement foireux et on sait désormais où ça va, Behemoth est en train de muter vers une espèce de version Blackened de Ghost, et c'est foutrement moche, où est passé la dévastation et le caractère menaçant et sulfureux de Behemoth? dons ton cul, dirait le poète, certes, mais plus simplement, la musique de Behemoth est désormais privée de toute sa substance, de sa violence subversive, ne reste plus qu'un groupe de Black/Death grand public mou de la bite et prétentieux, un album laborieux qui n'arrive jamais à développer une quelconque tension dramatique ni même un seul riff mémorable, tu veux écouter du Behemoth, tu veux du sang et de la barbaque et tu te retrouves à boire du jus de fougère autour d'un barbecue vegan, y'a de quoi se sentir floué, et à ce rythme là on va vraiment commencer à regretter que le cancer n'ait pas eu la peau de Nergal...
Track Listing:
1. Solve  02:04
2. Wolves ov Siberia  02:54
3. God = Dog  03:58
4. Ecclesia Diabolica Catholica  04:49
5. Bartzabel  05:01
6. If Crucifixion Was Not Enough... 03:16
7. Angelvs XIII  03:41
8. Sabbath Mater  04:56
9. Havohej Pantocrator  06:04
10. Rom 5:8  04:22
11. We Are the Next 1000 Years  03:23
12. Coagvla