mercredi 12 septembre 2018

[Chronique] Windfaerer - Alma

Windfaerer est un petit groupe sympa que j'avais découvert il y a trois ans avec leur deuxième album Tenebrosum, c'était marrant de voir un groupe américain aborder comme thème les mythes et légendes de la péninsule ibérique, mais surtout, le groupe était très bon dans ce qu'il faisait, à savoir du Black Folk avec quelques touches de Death mélodique, Windfaerer évolue dans ce genre typiquement américain qu'est le Cascadian Black Metal, qui est devenu la case où l'on range tout ce qui est Black avec du Folk et du violon, enfin, tout ce qui est plus ou moins mélodique et naturaliste.
Mais passons, tout ça pour vous dire que ce nouvel album de Windfaerer, j'espérais qu'il soit excellent et j'en attendais probablement trop, car la vie c'est de la merde et une salope qui vous crache à la gueule au moment ou vous vous y attendez le moins, car contre tout attente, Alma m'a irrémédiablement déçu...

Il faut dire que les choses ont changé chez Windfaerer, qui est désormais signé chez les toujours excellents italiens d'Avantgarde Music, et qui est surtout devenu un vrai groupe puisque trois nouveaux musiciens sont venus se greffer au noyau formé par le chanteur/guitariste Michael Gonçalves et le violoniste Valček, autant le changement de label n'a probablement eu aucune incidence sur cet album, autant l'ajout de nouveaux membres a surement influé sur l'orientation qui a été prise avec Alma, qui va malheureusement délaissé tout son harnachement Death mélodique pour ne faire que du Black/Folk, ça n'a l'air de rien, mais du coup, Windfaerer perd un peu de son charme et devient un groupe de Black/Folk à violon de plus qui sonne très déjà entendu, surtout que la finesse n'est pas forcément la plus grand qualité d'un groupe qui est une sorte de Panopticon en mode tractopelle qui manque franchement de subtilité.

D'emblée ça se remarque, on a plus de Death au menu, le son est moins Raw et la production massive est légèrement brickwallée qui va manqué de dynamisme, on va quand même devoir se manger des morceaux/pavés qui sont souvent des blocs sonores particulièrement dense, malheureusement bien plus assommants qu'ils ne sont fascinants, le Black naturaliste en version béton armé, c'est quand même un curieux concept, pourtant, avec le Dawn of Phantom Light initial, l'album démarre plutôt bien, alors ouais, quand le groupe joue pied au plancher c'est un poil pénible mais globalement, le groupe coche toutes les cases de la check-list du genre, tornade de trémolo, pause acoustique rafraîchissante, arrangements chiadés, et des lignes de violons lancinantes dont l'utilisation rappellera bien évidemment Ne Obliviscaris.

Avec Becoming, on va commencer à découvrir ce qui ne fonctionne pas trop dans Alma, ce côté bourrin et compressé dès que le groupe accélère, ce black en mode parpaing qui fort heureusement fait une pause pour une longue plage atmosphérique qui est bien la seule réussite de ce pavé de huit minutes, Journey sera encore plus dans l'optique brutale et bas-de-plafond, et les carences du groupe deviennent criantes, car on réalise assez vite que Windfaerer est tout simplement incapable de produire des mélodies mémorables, ce qui vous en conviendrez est particulièrement problématique et embarrassant quand on fait du Black... mélodique, c'est ballot quand même, toute la dimension mélodique de la musique des américain repose ici sur le violon, le problème étant qu'à la longue ça devient très répétitif, surtout qu'en plus de toujours jouer les mêmes mélodies, le violon sonne par moment faux, et j'ai du mal à imaginer comment on peut trouver ça agréable.

Alma est un album frustrant car malgré toute la qualité des musiciens, et avouons quand même que les gars sont capables de produire des putains de bons riffs et même des leads démentielles par moment, on ne retient pas grand chose de l'album, la faute à un caractère répétitif accentué par un son bien trop compressé, la plupart des morceaux d'Alma sont bien branlés, super maîtrisés, mais paradoxalement quelconques, il n'y a rien d'attirant, rien de plus que ce qui n'a déjà été fait des milliers de fois avant, même le petit côté guerrier à la Bathory dans Rite of Emptiness ne provoquera qu'un autre soupir d'exaspération, c'est un peu comme si le groupe se contentait d'appliquer son manuel du Black/folk sans vraiment chercher à aller plus loin que ça, le seul truc qu'ils font différemment c'est de rajouter constamment un putain de violon par dessus qui à la longue devient un gimmick casse-couilles, Windfaerer ne va pas non plus éviter les longueurs sur ses longs pavés de huit minutes et plus qui semblent constamment répéter les mêmes motifs sonores.

Trop prévisible, trop fade, et manquant vraiment de subtilité, Windfaerer est devenu un groupe de Folk/Black aussi délicat qu'un bulldozer, entre le matraquage Black bourrin fatiguant et les passages atmosphériques que tu vois arriver à des kilomètres et qui accumulent des tonnes de clichés, Alma n'a vraiment plus grand chose pour séduire.
Windfaerer est pourtant un groupe compétent, mais qui privilégie ici une exécution clinique dénuée d'émotions, je peux écouter Alma encore dix fois de suite et je suis sûr que je n'en retiendrais rien, partant de là, je ne peux que considérer Alma comme un disque tout ce qu'il y a de plus dispensable, Windfaerer se montrant bien trop ennuyeux et conformiste dans leur approche.