mardi 8 mai 2018

[Chronique] Dimmu Borgir - Eonian

Tiens c'est marrant, j'entends partout que cette année c'est le grand retour de Dimmu Borgir après huit ans d'absence, huit ans? vous êtes sûrs de vous là? parce que bon, ça fait peut-être huit ans depuis Abrahadabra, mais ça fait surtout pile-poil quinze ans qu'on a pas entendu un vrai bon Dimmu Borgir satisfaisant, In Sorte Diaboli c'était super moyen, Stormblåst MMV c'était le réenregistrement cash-grab facile du premier album, et ça nous ramène à 2003, Death Cult Armageddon, le dernier disque des norvégiens qu'il n'est pas totalement honteux d'écouter.
Huit ans depuis Abrahadabra donc, ce disque super vilain qui voyait le groupe délaisser de plus en plus le Black Metal pour un merdier symphonique à gros budget putassier, un album marqué par les départs de Vortex et de Mustis, et bien entendu encore davantage gâché par la présence que l'on qualifiera poliment de crispante et clivante d'un Snowy Shaw for heureusement absent de cette nouvelle livraison, et Eonian, c'est le Titanic de Dimmu Borgir, un naufrage insensé qu'on avait vu venir de loin vue la trajectoire de ce qui reste du groupe depuis une quinzaine d'années, autant le dire tout de suite, c'est une belle grosse merde qu'il vaut éviter à tout prix.

On parle quand même d'un groupe qui fait du Black symphonique en 2018, ce qui est déjà foutrement suspect tant le genre a presque complètement disparu de la circulation, il y a bien Carach Angren dans le genre théâtral du truc, et il y a aussi Cradle of Filth qui, en faisant abstraction du chant de Dani, s'est remis à faire des trucs pas trop dégueulasses depuis quelques temps, mais on parle de Black Symphonique là, et ça n'a ABSOLUMENT RIEN à voir avec ce que va nous chier le trio norvégien avec Eonian, ce nouveau disque est tellement mou, dégoulinant d'orchestrations et de Nightwisheries grotesques que l'on se demande si Galder a son mot à dire dans le processus de création ou s'il est juste un gars avec un contrat en béton impossible à virer et qui se contente de ramasser son chèque à la fin du mois.
Dès le premier titre, il n'y a pas d'embrouilles, ce Dimmu Borgir là est rincé, cramé, et n'a plus rien à voir avec ce qu'il était il y a une dizaine d'années, que Dimmu Borgir ait emmené le Black Metal en territoire mainstream, ok, ça restait pas trop mal malgré tout, mais que le groupe enlève le Black Metal afin qu'il ne reste plus qu'un mix de Therion et de Nightwish, c'est à se demander ce qui leur est passé par la tête, The Unveiling est une daube grotesque, un merdier symphonique sans queue ni tête qui ressemble davantage à une sorte d'intro trop longue qu'à un véritable morceau bien construit et structuré, le Black n'apparait que comme de lontaines références, un peu de trémolo par-ci, un chant de gros méchant par-là, et un déluge orchestral et de chœurs.
Et si vous pensiez encore qu'il y avait de l'espoir, Interdimensional Summit va se charger d'annihiler tout espoir du côté des norvégiens, il vaut quand même réaliser qu'on a affaire ici à un véritable morceau de Therion, ne contenant absolument plus rien de Black dans son ADN, c'est de la daube symphonique sans couilles, et c'est assez révélateur de ce qu'est cet album, Eonian est fondamentalement un album de Therion avec quelques micro-touches de Black utilisées comme un vulgaire gimmick et un chant moins riche, Council of Wolves and Snakes sonne comme n'importe quelle daube qu'est capable de chier un Therion en petite forme, du sirupeux symphonique avec une chorale et du symphonique qui bouffe tout l'espace, mais vu la médiocrité du riff principal, c'est peut-être pas plus mal qu'il passe en second plan.
Ce qui a changé chez Dimmu Borgir, c'est son utilisation des orchestrations, même sur Abrahadabra le groupe faisait preuve d'une certaine retenue et utilisait ses claviers de façons à mettre en valeur certains passages, appuyant certaines atmosphères, utilisant ses claviers comme un effet spécial comme un autre, avec Eonian, ce n'est plus du tout le cas, il ne reste absolument plus rien si vous enlevez l'orchestre, et quand il reste quelque chose, c'est juste ridicule, comme Ætheric, où Dimmu Borgir a eu la brillante idée de piquer un riff à Satyricon, un riff répétitif et chiant comme un jour de pluie, sans le talent de Satyricon malheureusement, et un morceau qui va rapidement évoluer vers un merdier ultra-orchestré et très Nithghwishien avec autant de couilles que du sympho de princesses hollandais, putain de bordel de merde...
Vous l'aurez compris, les moments cool seront particulièrement rares, Lightbringer débutera par un bon petit riff plein de groove et même si c'est loin d'être du génie, on retrouve un peu de Black dans la formule, et même quand il s'engage dans son traditionnel plan central symphonique, l'orchestre fait le boulot pour développer une ambiance épique pas désagréable, le musculeux Archaic Correspondence sera quand à lui un moment de gêne pathétique, un malaise qui viendra du fait que ce Dimmu Borgir ne parvient même plus à proposer un filler de Black symphonique correct, entre les claviers qui tournent en boucle comme ta vielle grand-mère qui radote et un riff médiocre comme le pire du pire du genre, il ne reste plus grand chose à sauver de cette débâcle honteuse, on parle quand même d'un morceau dont les paroles n'accumulent pas du tout les clichés, ce n'est pas comme si on avait une chorale qui répétait jusqu'à l'indigestion Life is the trial And the passage is death, sérieusement les gars?
Finalement Eonian c'est quoi? C'est un mauvais disque de Therion avec des références Black qui se baladent là-dedans parce que ça fait partie du cahier des charges de Dimmu Borgir et qu'il faut bien vendre le bouzin à un public de toute façon mainstream qui se contentera bien évidemment de ça.
Eonian est une overdose orchestrale épuisante, une superproduction symphonique, ce n'est même plus du Hollywood Black Metal comme à la bonne époque, c'est juste du Hollywood orchestral avec un peu de tremolo et un gars qui gueule comme un con dessus, Shagrath arrive même à se faire voler le rôle titre par une putain de chorale, c'est vous dire le niveau d'agressivité insensée atteint par cet album, un album qui doit bien contenir les pires riffs de toute l'histoire du groupe, mais bon, avec un tel all-in sur le sympho, les riffs sont passés au second plan et ont surement tous été torchés en 10 minutes sur un coin de table.
C'est tout mou, c'est tout nul, c'est incroyablement chiant, c'est ampoulé à mort, pompeux, mais à aucun moment épique, c'est juste de la merde symphonique molle du cul, voilà ce qu'est Eonian, c'est encore plus dégueulasse que le déjà dégueulasse Abrahadabra, Dimmu Borgir atteint un nouveau niveau de dégueulasserie auditive que rien ne saurait pardonner.
Track Listing:
1. The Unveiling  05:47
2. Interdimensional Summit  04:39
3. Ætheric  05:27
4. Council of Wolves and Snakes  05:19
5. The Empyrean Phoenix  04:44
6. Lightbringer  06:06
7. I Am Sovereign  06:48
8. Archaic Correspondence  04:55
9. Alpha Aeon Omega  05:18
10. Rite of Passage  05:16