jeudi 31 août 2017

[Chronique] Paradise Lost - Medusa

Depuis son album éponyme en 2005, Paradise Lost avait bien redressé la barre après de longues années de perdition sur les routes de l'Electro/Pop/Goth honteuse (on parle quand même d'un groupe dont l'ambition à un moment était de devenir une sorte de nouveau Depeche Mode, autant dire qu'on partait de très loin et que le groupe était descendu bien bas), enchaînant les pavés sur le chemin de la résurrection, avec comme point culminant Faith Divides Us et Tragic Idol, malheureusement, on est chez Paradise Lost et la constance n'est pas vraiment le genre de la maison, c'est ainsi qu'il y a deux ans, The Plague Within voyait le groupe se vautrer dans du Doom/Death bourrin et ultra bancal avec un Nick Holmes qui growlait comme jamais, The Plague Within, plus qu'un disque globalement médiocre, était une curieuse impasse artistique qu'on avait pas vu venir, Paradise Lost embrassait la mode actuelle des groupes approchant de la trentaine d'années de carrière et qui essaie par tous les moyens de redevenir le groupe qu'il n'est plus depuis bien trop longtemps en nous faisant le coup du retour aux sources, bref, The Plague Within était nul, et si vous voulez savoir à quelle sauce vous allez être mangé avec Medusa, c'est bien simple, c'est globalement la même recette qu'il y a deux ans, mais c'est quand même un peu moins nul, Paradise Lost viens de sortir un album moyen, ça a au moins le mérite de redresser la barre et il faudra s'en satisfaire cette fois-ci...

C'est comme ça, Paradise Lost est toujours dans sa crise de la quarantaine et veut à tout prix retrouver sa jeunesse pourtant définitivement derrière lui, ce n'est pas Medusa qui va changer la donne, l'album débute d'ailleurs par une véritable déclaration d'intention avec Fearless Sky, qui est un peu son Beneath Broken Earth 2.0, un morceau qui débute par quatre minutes bien charpentées de Doom/Death lent et oppressant dominé par le Growl toujours aussi rêche de Nick Holmes, vers la moitié du morceau, on sera malgré tout surpris de voir apparaître du chant clair, pour ce qui est quand même une bonne surprise, surtout que par la suite Paradise Lost fera un gros appel du pied à Draconian Times et ira dans un certain mélange des époques qui fonctionne réellement bien en variant les rythmes et les ambiances, difficile de faire mieux pour débuter l'album, surtout que Gods of Ancient continuera sur la même veine délicieusement old school et misérable même si le growl de Holmes est toujours aussi monotone et n'aide pas vraiment le morceau à décoller.

Ça part bien ouais, mais ça ne va pas durer, car dès le troisième morceau From the Gallows, on va entrer dans une sorte de tambouille réchauffée et péniblement safe, pas médiocre, juste sans prise de risque et sans surprise, et ça va durer jusqu'à la fin de l'album, heureusement qu'il est court, et malgré sa concision, je dois bien vous avouer qu'en arrivant à la fin du disque presque rien n'a retenu l'attention, From the Gallows est particulièrement prévisible et ennuyeux, The Longest Winter sonne quant à lui comme un vulgaire filler plus que faiblard tiré de ce que faisait Paradise Lost il y a dix ans, avec du growl pour accompagner un chant clair d'un Holmes peu concerné, en même temps avec un riff et des leads aussi quelconque difficile de se motiver.
Paradise Lost ira même plus loin dans le passé en se raccrochant souvent à Draconian Times, le titre éponyme de Medusa est d'ailleurs assez proche de ça, le problème étant que les anglais n'ont pas particulièrement d'allant ou de panache pour donner du dynamisme au morceau, se contentant de son rythme Doom basique, Blood and Chaos sera plus fidèle à ce rapprochement avec le Paradise Lost cuvée 95 mais avec bien plus de confusion de par l'ajout de tout un tas de merdes gothiques, dommage également que le growl soit véritablement embarrassant et qu'on aurait préféré que Holmes se contente juste de chanter dessus, mais c'est assez courant de la part de Paradise Lost depuis maintenant deux disques, ils veulent constamment mettre du growl partout, même là où il n'y en a pas besoin, Until the Grave donne la même impression d'entendre une b-side de Draconian times avec du growl par dessus sans que l'on sache vraiment pourquoi, surtout que le résultat fait un peu décousu.

L'album à un autre problème au niveau de sa production, j'aime bien entendre la basse de Steve Edmondson, c'est plutôt cool, mais la batterie sonne comme de la merde, ce qui donne l'impression d'avoir une section rythmique souvent disjointe du reste de la musique, c'est étrange, le nouveau venu Waltteri Väyrynen (qui vient du Vallenfyre de Greg Mackintosh)  est pourtant un bon batteur, mais il sonne ici comme une boîte à rythmes en plastique, foutrement embarrassant quand tu essaies de sonner old school d'avoir des sonorités aussi synthétiques, la production n'apporte également aucun dynamisme et Holmes sonne toujours de manière trop sèche et monolithique malgré l'ajout récurrent de chant clair pour créer de manière artificielle une ambivalence superflue, on pourra aussi noter un songwritting où la qualité est sur courant alternatif, Paradise Lost la joue particulièrement safe, sans prise de risque, et ce n'est dont pas flamboyant du tout, Mackintosh expédiant les affaires courantes avec des riffs génériques et des leads recyclées, difficile de trouver ça excitant.

C'est un peu moins bancal que ne l'était l'album précédent, il faut dire aussi qu'on est sur un disque de huit titres seulement pour une quarantaine de minutes, le format est plus ramassé et Paradise Lost à moins l'occasion de se disperser, ce qui n'empêche pas que Medusa ressemble quand même vachement pas mal à une sorte de Shades of God biberonné au Doom/Death, un pot-pourri d'un Paradise Lost qui semble désormais se contenter de ça, piquer à droite à gauche dans sa longue discographie pour bricoler des albums faciles et vite torchés en jouant sur la vibe old school, sans volonté d'aller de l'avant, maintenant on en est là, il reste quand même un album plutôt solide car très confortable, mais toute l'entreprise tourne à vide et ça se contente de recycler tranquillement, et j'estime que ça manque foutrement de panache de la part des anglais.
Track Listing:
1. Fearless Sky  08:30
2. Gods of Ancient  05:50
3. From the Gallows  03:42
4. The Longest Winter  04:31
5. Medusa  06:20
6. No Passage for the Dead  04:16
7. Blood & Chaos  03:51
8. Until the Grave  05:41