vendredi 17 octobre 2014

[Chronique] Whisper of Death - Noise of Obstinacy

Aujourd'hui on file en plein underground franchouillard avec le premier album de Whisper of Death, un combo qui nous vient d'un patelin moisi des Yvelines, Ablis, le genre de localité dont les hauts lieux doivent surement se résumer à une église, un arrêt de bus, un bar PMU, et un Crédit Agricole, wesh, c'est le pur ghetto hardcore.
Après deux démos, Désossage en 2008 et Epilepsy en 2012, plus ou moins remarqués, il était grand temps pour Whisper of Death d'enfin passer le cap du premier album studio, c'est ainsi que voit le jour cette année Noise of Obstinacy, enregistré/mixé au Dark Wizard Studio par François Ugarte, et masterisé par Alan Douches de West West Side Music, ce qui est quand même plutôt classe.
Noise of Obstinacy n'a qu'un seul but, vous fracasser la gueule et défoncer vos mamans à coups de pioche dans le cul, parce qu'au cas où vous n'auriez pas encore compris après avoir vu la pochette, c'est du Death, et du bien bourrin en plus...

Whisper of Death, c'est tout à fait le genre de groupe qui n'a aucune notion basique de finesse ou de mélodie, Noise of Obstinacy est du genre ultra violent et vindicatif, Blast beats constants, riffing frénétique, leads lames de rasoir, tout était réuni pour que l'album soit au final très chiant et ennuyeux avec une formule classique qu'on a déjà entendu mille fois, sauf que... non.
Peut-être est-ce dû au fait que six des dix titres de la galette étaient déjà présent sur les démos, mais on sent d'emblée que Whisper of Death nous propose un Death br00tal très mature et plutôt réfléchi, avec des mecs qui ont pris le temps de laisser maturer leurs compo, bien sûr, on est dans la catégorie pain dans la gueule en forme de défouloir gore, mais l'air de rien, les français vont parvenir à maintenir l'intérêt pendant toute la durée du disque, avec juste ce qu'il faut de variations pour éviter l'effet lourdingue et l'ennui bruitiste, il faut signaler également que le groupe à eu la très bonne idée de faire dans le concis, trente-trois minutes divisées en dix titres, je vous laisse calculer la moyenne, ça va droit au but, et chaque titre va parvenir à faire preuve d'une certaine personnalité, malgré les structures simples et directes (bah ouais, c'est pas du Prog Death ou Post-Death hein...), Whisper of Death va réussir à nous proposer des morceaux intéressants qui parviennent à se différencier, pour un ensemble au final plutôt accrocheur, ce qui n'était pas forcement gagné d'avance.
Il faut dire aussi que Whisper of Death ne fait pas non plus dans le Gore Death ultra gras, le Death des franciliens est plutôt musculeux, nerveux, et, malgré le Groove des riffs, demeure très sec et particulièrement dynamique, c'est ce qui le rend véritablement vindicatif, bizarrement catchy aussi, évoluant dans un format de trois minutes qui ne laissent que peu de place à la digression, Noise of Obstinacy, c'est du défouraillage punchy in your face qui vous déboîte la gueule sans pression, avec une redoutable efficacité.
L'album sonne de manière très old school, avec une instantanéité très punk, une décharge nerveuse de Death Metal acéré qui va droit à l'essentiel, fluide et limpide, qui, malgré une certaine compression (ouais, un DR 5 brickwall), parvient à rester très clair et audible, avec un son qui rend justice à tous les éléments, à part peut-être une basse qui a tendance à disparaître dans le mix lors des passages les plus brutaux, se montrant malgré tout très présente quand le besoin se fait sentir sur certains passages, comme par exemple lors d'OBF, Surgical Strike, ou de Torture for Dummies.
Whipser of Death envoie du lourd dès le début avec un Cadaveric Discharge en mode bulldozer, de quoi mettre dans l'ambiance et de se rendre compte que le chant est vraiment intéressant, mi-growlé, mi-hurlé, qui donne une petite coloration Black pas désagréable du tout, le groupe à la bonne idée d'agrémenter son Death pêchu de judicieux Breakdowns, par exemple ce break absolument dévastateur sur Surgical Strike, qui permettent de varier un peu le tempo tout en préparant un nouvel assaut, sans oublier des soli tranchants, comme celui d'Organ Bath.
Au milieu de cette brutalité constante, les français n'hésitent pas non plus à ralentir parfois les choses, notamment sur un OBF contenant un excellent passage lourd et lugubre à la lisière du Doom, sachez également que OBF est l'acronyme d'Open Bar de Fœtus, car voilà aussi le petit truc qui rend l'album sympathique, le chant est en français, bon, c'est pas franchement évident avec le growl, mais c'est le cas, ce chant en français va permettre au groupe de développer une atmosphère très particulière sur l'album, car le phrasé est assez différent par rapport au chant en anglais, avec des paroles très crues et particulièrement gores qui font preuve de cynisme et d'humour noir, alcoolisme poussant à la folie sanguinaire, avortement brutal, zombies, cannibalisme, pathologies diverses, tout y passe, et il va être très difficile de résister à la gigantesque moshpart d'Organ Bath et son fédérateur Pogo de lépreux, éclatez-les tous! Pogo de lépreux, jusqu'au dernier! Pogo de lépreux, Faites-les saigner! de quoi provoquer une guérilla dans le pit.
Des paroles fun en français, un sens de la formule concise qui fait mouche, du riff de mammouth agressif et groovy, une certaine technicité, une rythmique effrénée mêlée à des breaks à vous briser la nuque, ainsi qu'un chant rageur et hostile, difficile de trouver un point faible à Whisper of Death et à sa foire aux boyaux particulièrement juteuse, surtout que l'album est très court, peut-être malgré tout on pourra regretter certaines structures qui se répètent un peu, ou encore une densité sonore qui rend l'album un peu trop épuisant vers la fin, certaines aérations n'auraient pas été superflues, mais j'imagine que la violence implacable et le rythme généralement très élevé est un parti-pris du groupe visant à transformer chaque titre en une baffe dans la gueule, ce qu'ils réussissent très bien....
Noise of Obstinancy ne souffre malgré tout que de défauts mineurs, bien sûr, Whisper of Death ne réinvente pas grand chose, mais ce n'est pas vraiment le but ici, les français nous propose une trentaine de minutes d'un Death fougueux et énergique qui rentre dans le lard avec efficacité et brutalité, ajoutons à cela un chant en français et une ambiance générale qui confère au groupe une personnalité très affirmée, et l'on obtient un premier album tout ce qu'il y a de plus solide, pas super original non plus, mais qui a le mérite de décrasser vos conduits auditifs à l'acide, avec le charme des production artisanales et le goût du travail bien fait.
L'album est de qualité constante, très homogène, et Whisper of Death ne relâche jamais la pression du début à la fin, son Death défouraille avec la précision d'un coup de hache dans les burnes, douloureux, brutal, un véritable défouloir sonore qui saura réjouir les plus fins gourmets d'entre-vous, Noise of Obstinacy est une décharge cadavérique In your face qui mérite que l'on s'y intéresse.
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Désossage!
Track Listing:
2. Cemetery Market
4. Organ Bath
5. OBF
6. Happy Burial
7. Surgical Strike
8. Torture for Dummies
9. Cannibalism Airlines
10. Battlefield