dimanche 5 mai 2013

[Chronique] Atrocity - Okkult


Être fan d'Atrocity ne doit pas être de tout repos, et doit surement demander une certaine ouverture d'esprit, tant le groupe est passé par tous les genres imaginables en une trentaine d'année de carrière, un peu de Grind au début, beaucoup de Death par la suite, et des orientations déconcertantes, passant par le symphonique, l'industriel, le gothique, le Nü Metal, l'électro, le folk et même la pop, avec les deux albums Werk 80, qui voyaient le groupe faire des reprises de tubes des années 80 en version Death Sympho, de multiples changements, au gré des envies de la tête pensante alexander Krull mais aussi en fonction des modes du moment, et donc une discographie absolument chaotique, et on ne va pas se mentir, remplie d'albums bien foireux.
Bref, Leaves' Eyes étant en pause (Le line up de Leaves' eyes et d'Atrocity étant identique, à une Liv Kristine près), Alexander Krull a réactivé le groupe mère pour un nouveau tour de piste, et un nouveau changement de style, quoique, quand on y regarde de plus près, on est plutôt dans une sorte de retour aux sources avec Okkult (avec deux k, ça fait plus kool), où le groupe revient à un Death d'obédience old-school plus ou moins symphonique, et surprise, c'est pas mauvais du tout, ce n'est pas pour autant que c'est génial non plus...

Du Death, donc, du symphonique aussi, et une ambiance relativement... occulte pour Okkult (notons l'adéquation du titre de l'album avec son contenu), le groupe revient à ses premières amours, sans trop de digressions dans du n'importe quoi comme à l'accoutumée, et a décidé de faire dans le bourrin, proposant une tambouille se rapprochant d'un Septic Flesh, voir plutôt d'un Therion gonflé à la testostérone, mais malgré tout, tout ça a tendance à être aussi plat et pompeux que le dernier Ex Deo.
Pendant les six premiers titres, on y croit presque pourtant, à la capacité d'Atrocity à nous sortir enfin et pour le première fois depuis plus de quinze ans un disque cohérent qui tienne enfin la route, avec une idée et une direction précises, mais ça ne sera passera pas comme prévu, on y reviendra plus tard.
D'emblée, le premier titre, Pandaemonium, donne le ton de ce que sera Okkult, du bourrin, du grandiloquent, et du symphonique, à croire que Krull a passé ses dernières années à écouter du Septic Flesh, tant le titre y ressemble, malheureusement sans la classe du dernier quand il s'agit d'intégrer les orchestrations en en faisant le coeur même de sa musique, ici, les arrangements sont utilisés comme un bête gadget pour relancer une machine à riff qui à tendance à se répéter un peu et à bourriner dans le vide, quoiqu'il en soit, si on est pas trop regardant ni pointilleux, ça passe, à l'aise, après tout, ça fait plus de trente ans que Krull est dans le circuit, on peu compter sur lui pour bricoler des titres de Death Sympho qui tiennent la route, et bien entendu appliquer la même formule encore et encore, comme avec March of the Undying ou Murder Blood Assassination, c'est un peu surfait, bien sûr, surjoué, mais c'est le genre qui veut ça, Atrocity propose même quelques surprises, ouais, vraiment, avec le subtil Death by Metal qui sonne comme du Death old School bien gras et direct, ou encore les relents Heavy Metal de Haunted by Demons, je parlais du côté un peu plat du truc un peu plus haut, car même si les titres sont plutôt bons et bien foutus, tout ça a tendance à tourner très vite en rond, le groupe se reposant surtout sur ses artifices orchestraux pour faire oublier des riffs pas toujours des plus inspirés et manquant quelque peu de dynamisme, une violence un peu feutrée qui manque un peu de hargne, par ailleurs, le growl monolithique d'alexander Krull est pour beaucoup de ce sentiment de répétition, faut pas compter sur lui pour proposer ne serait-ce qu'une once de variété dans son chant, du début à la fin, il chante de la même manière, quoiqu'il arrive, et c'est un peu lourdingue.
Vous vous doutez bien que la suite ne sera pas du même niveau et va vous faire regretter que Okkult ne soit pas qu'un EP de six titres, car après le pourtant très bon Necromancy Divine, peut être le meilleur titre de la galette, le groupe va se tirer une balle dans le pied et Okkult va exploser en plein vol, comme ça, tout d'un coup, pouf...
Sans prévenir, on se mange Satan's Braut dans la gueule, et Atrocity repart dans le gothique/Indus pénible chanté en allemand, pourquoi? comment? aucune idée, et c'est tout le château de cartes Atrocity qui se casse la gueule, le groupe part dans le fossé et va galérer pour en sortir, une seconde partie d'album de laquelle on pourra à la rigueur sauver le brutal et bruitiste Masaya, car de gothique il en sera encore question avec When empires fall to dust, et cette foutue tendance du groupe à tout mélanger pour aboutir à du n'importe quoi, mais du n'importe quoi bizarre, car sur chaque titre, on trouve du très bon et du beaucoup moins bon, ce qui nous donne des titres bancals, comme Beyond Perpetual Ice qui est chiant malgré une tentative de se rapprocher d'un son plus Melodeath à la dark tranquillity, et le très long La voisine, sorte de titre symphonique martial bizarroïde qui ne sert un peu à rien.
Cette seconde partie est une sorte de synthèse de tout ce qu'à fait le groupe par le passé, un mélange de genre et de style, mais comme par le passé, c'est un peu foiré, on y trouve de tout, comme un patchwork qui n'a aucun sens, ce qui est assez habituel pour un groupe dont la constance n'a jamais été le pont fort.

Nonobstant cette seconde moitié totalement décousue et presque en roue libre, Okkult est presque un album inespéré pour Atrocity, et un bon cul de pied okkult (désolé) dans la discographie du groupe, qui retrouve ici un certain allant en revenant dans le giron du Death symphonique.
Alors bien sûr, c'est loin d'être parfait, tout ça est ampoulé au possible, un peu lourdingue parfois, mais mine de rien, c'est peut-être le meilleur album du groupe depuis presque 20 ans, vu que le groupe est complètement parti en vrille à partir de Blut en 1994, et ce n'est pas rien.
Une renaissance, peut-être pas encore tout à fait, mais Okkult est un premier pas dans la bonne direction, en espérant juste qu'Atrocity ne repartent pas à l'avenir dans des délires goth rock nawak à la con...

Un retour inespéré, mais très inconstant...
3.5 / 5

Track listing:
1. Pandaemonium
2. Death by Metal
3. March of the Undying
4. Haunted by Demons
5. Murder Blood Assasination
6. Necromancy Divine
7. Satan's Braut
8. Todesstimmen
9. Masaya (Boca Del Infierno)
10. When Empires Fall to Dust
11. Beyond Perpetual Ice
12. La Voisine