jeudi 21 juin 2018

[Découverte] Mylingar - Döda Drömmar

Le moins que l'on puisse c'est qu'on ne sait pas grand chose concernant Mylingar, à part le fait qu'ils sont suédois, rien, que dalle, personne ne sait qui est dans le groupe, ce que certains savent par contre, c'est qu'il y a deux ans le groupe avait sorti avec Döda Vägar un putain d'EP de Black/Death punitif et apocalyptique, sorte de mur sonore bruitiste et quelque peu dissonant, qui n'avait pas laissé indifférent ceux qui l'avait écouté à l'époque, deux ans plus tard on ne sait toujours rien sur le groupe et c'est produit en indépendant et distribué via Amor Fati Productions pour l'Europe que vient de sortir Döda Drömmar, un premier album tout aussi punitif qu'attendu.

D'emblée les suédois ne sont pas là pour tenir un stand de crêpe, le premier morceau, va débouler sans intro et pied au plancher comme un gros coup poing dans la gueule, pas de préliminaires, pas de vaseline, c'est brutalement et à sec qu'il va valoir s'enfiler Skammen, du Death foutrement massif enrobé d'une couche de Black bien raw qui confère au morceau une ambiance diabolique, le tout agrémenté d'une production plutôt minimaliste, ce qui donnera par moment l'impression que le morceau flirte avec quelques sonorités industrielles, il faut dire que Mylingar utilise de la dissonance de manière particulièrement sauvage histoire de rendre l'expérience la plus inconfortable possible pour l'auditeur, dans ce chaos et cette ambiance de fin du monde se déverse un growl caverneux et cryptique, le morceau est certes ultra brutal, sans aucune concession dans la violence, mais le groupe n'oublie pas de proposer quelques petits soubresauts afin de ne pas sombrer dans le monolithisme chiant due à un caractère trop linéaire, ce qui arrive assez régulièrement dans ce genre de production Black/Death.

Mylingar parvient à globalement éviter cet écueil avec un certain talent, il faut dire aussi qu'il propose un disque à la durée réduite à moins de quarante minutes et des morceaux particulièrement concis qui vont droit au but sans pour autant faire uniquement dans le déferlement de violence nihiliste, Ritualen apportera quelques ambiances menaçantes et cryptiques dont le caractère perturbant sera renforcé par l'utilisation de sonorités industrielles électroniques dissonantes, le groupe explorera d'ailleurs son côté doom avec un gros ralentissement chargé d'atmosphère qui fera son petit effet, c'est la petite évolution qui est notable par rapport au premier EP, Mylingar apporte beaucoup un peu plus de variété dans le songwritting, en employant la méthode habituelle qui consiste à bifurquer  de temps en temps dans une sorte de drone dissonant comme sur Drömmen, ou en créant un effet hypnotique en jouant sur un riff répétitif comme sur Löftet.

Ce qui est malgré tout un peu dommage, c'est qu'on ne retrouvera pas vraiment sur les six autres morceaux le délicieux black raw qui fait que Skammen est de loin le meilleur morceau du disque, que ce soit dans l'intensité et la qualité des atmosphères, on trouvera quelques traces de Black, évidemment, mais Mylingar va surtout privilégier le Death à la Portal mixé avec de l'Altarage, ce qui donne un cocktail détonant et foutrement abrasif, écrasant et destructeur, pas de doute là-dessus, ultra bourrin aussi, mais l'ajout d'une dose de Black supplémentaire aurait probablement apporté un peu plus de diversité à Döda Drömmar, et même si le disque est court, il devient un peu lassant sur la fin, il faut dire que malgré une production un peu raw et l'ajout d'éléments industriels, c'est un brickwall (DR5) massif fatiguant et manquant de dynamisme, ce qui est toujours dommage.

Malgré tout, on reste dans le domaine d'un très bon premier effort longue durée pour qui aime le Death/Black brutal et dissonant flirtant avec un certain Metal abstrait et les sonorités industrielles, Mylingar est un nouveau venu talentueux mais qui reste très perfectible et qui n'évite pas quelques chausses-trappes inhérents au genre qu'il pratique, un Death/Black punitif et sauvage, volontairement hermétique et répulsif, dont on retiendra surtout les deux premières pistes, l'approche Black sulfureuse sur Skammen, et cette utilisation curieuse de l'électronique sur Ritualen, je ne serais pas contre le fait que le groupe explore davantage ces points-là à l'avenir...