vendredi 24 février 2017

[Chronique] Question - Gnosis Primordial (EP)

Après une première démo en 2012 les jeunes mexicains de Question avait vraiment frappé fort en 2014 avec leur premier album Doomed Passages, semblant emprunter une trajectoire qui aurait pu les rapprocher d'un Morbus Chron ou des autres jeunes loups du Death à l'ancienne aux relents progressifs, c'est donc tout naturellement et avec une ambition folle que les mexicains ont... rien branlé depuis, ouais, que dalle, disparition de la circulation, jusqu'à cette année où enfin est sorti cet EP annoncé depuis de longs mois et qui avait fait salivé les plus fins gourmets, un EP dont espère qu'il soit à la hauteur et qu'il permette aux mexicains de relancer la machine.

Réponse à ces interrogations: oui, et oui.
Ce ne sera pas la grosse claque comme il y a trois ans, l'effet de surprise étant notablement absent cette fois-ci, mais Gnosis Primordial va faire dans le rassurant, confortant Question dans son statut de groupe underground qui compte dans le milieu particulièrement surchargé du Death à l'ancienne, sans pour autant le faire changer de stature de part la nature même de l'entreprise, on parle de Death old school quand même, et même si les mexicains flirtent souvent avec le progressif, ils n'y mettent jamais vraiment les pieds pour de bon, ce qui est un peu dommage dans le cas présent, c'est également ce que l'on pouvait reprocher à Doomed Passages.

Quoi qu'il en soit, Gnosis Primordial va faire dans l'efficace, et piochant allègrement dans le Death scandinave des années 90, principalement chez les finlandais d'Adramalech, un Death de la vieille école, putride et vicieux, The Day The Sun Ascended Black ne laissera planer aucun doute, Question n'est pas là pour révolutionner quoi que ce soit ni même se réinventer, ça grésille, ça croustille, ça sauce de manière très dynamique, bien aidé en cela par une excellente production de Dan Lowndes, et il va être difficile d'y trouver quelque chose à redire, passées deux premières minutes au taquet, c'est parti pour le bon gros ralentissement des familles et l'incorporation d'éléments un poil plus Doom et atmosphériques, le second morceau Eons in Slumber fera preuve de la même abnégation à vous détruire les cervicales pour une charge très frontale mais non dénuée de quelques bifurcations et changements de tempo, mention spéciale au growl de catacombes bien dégueulasse qui fera son effet.

Ce qui est dommage sur un EP d'un peu moins de vingt-cinq minutes, c'est qu'on en perte littéralement quatre pour une interlude qui semble intéressante au début mais qui n'ira nulle part, c'est juste chiant et sans intérêt, ça ne sert même pas à introduire le titre suivant, non, ça ne sert à rien et ça donne l'impression d'être du remplissage, heureusement, Descent into Oblivion va vite remonter le niveau avec une charge violente qui ne fait pas dans la dentelle, Question ne s'en pose pas, de questions (désolé...), et favorise ici l'approche directe sans aucune pitié, à l'inverse la dernière pièce Consciosness Unborn ira davantage vagabonder en explorant la facette la plus sinueuse de Question, on va flirter avec le progressif mais jamais très longtemps, c'est plus un jeu sur les tempos qui nous est proposé par les mexicains, c'est bel et bien l'ombre d'Adramalech qui plane sur ce morceau et sur cet EP en général, ce qui n'est pas déplaisant du tout.

Armé d'une excellente production (DR9 d'ailleurs), d'un songwritting tout ce qu'il y a de plus solide, les mexicains démontre une fois encore tout le bien que l'on pensait d'eux, avec également, et c'est ce qui est gênant, toutes les limites de la formule, rendre hommage à certains grands anciens, c'est bien gentil, mais Gnosis Primordial ne va jamais plus loin que ça, et après un premier album où le même problème se posait déjà, question ne se met pas du tout en danger et c'est plutôt regrettable, on aurait espéré quelque chose d'un peu moins convenu.
Quoi qu'il en soit, comme tout bon EP, Gnosis Primordial à ce délicieux goût de trop peu, qui fait qu'on en aurait bien repris une bonne louche supplémentaire, une prochaine fois peut-être, en espérant que les mexicains aient envie de se bouger un peu plus et de voir plus loin, en attendant, il faudra se contenter de ça, ce qui est déjà pas mal, en dehors de l'interlude toute nulle, Question nous balance quatre morceaux qui arrachent avec un savoir-faire indéniable, c'est juste du bon Death à l'ancienne parfaitement référencé et exécuté.