mercredi 28 octobre 2015

[Chronique] Horrendous - Anareta

I want to believe!
Sale année pour la jeune garde du renouveau du Death old school (ça peut paraître contradictoire comme formule, mais elle est plutôt vraie), ces dernières années s'était formée une espèce de nouveau Big Three du Death, avec une chose en commun, le fait d'avoir sorti chacun un putain de second album, The Formulas of Death pour Tribulation, Sweven pour Morbus Chron, et le brillant Ecdysis pour les américains d'Horrendous, et puis est arrivée 2015, Morbus Chron a inexplicablement explosé en plein vol et vient de splitter, et Tribulation a succombé à la mode du vintage en sortant un bien dégueulasse The Children of the Night opportuniste et racoleur, monde de merde.
Comme quoi il doit être bien difficile de survivre au piège du troisième album, celui de tous les dangers pour des groupes qui se doivent de confirmer après avoir atteint les sommets très tôt, on aura jamais le troisième album de Morbus Chron, Tribulation s'est ramassé la gueule comme une merde, ne reste plus que les valeureux Horrendous pour porter avec fierté l'étendard du Death Metal, je veux y croire, il faut y croire, tous les espoirs du monde libre repose sur les frêles épaules du trio de yankee...

Oui, ces gens doivent sauver le monde du mauvais goût...
Pourtant, on pouvait douter de la capacité du groupe à confirmer tous les espoirs qui étaient placés en lui, après tout, le fait que ce troisième album sorte à peine un an après le monumental Ecdysis pouvais laissé augurer d'un album bâclé et précipité, et surtout, on ne voyait pas trop bien comment le groupe allait pouvoir faire mieux, notez bien que j'emploi le passé, car un miracle a eu lieu, Horrendous n'est pas tombé dans la piège du troisième album, mieux encore, avec Anareta, Horrendous a encore progressé dans le songwritting, ce n'est pas la même révolution à laquelle on avait assisté entre The Chills et Ecdysis, nous parlerons ici d'une légère évolution, d'un niveau de raffinement et de sophistication en hausse, largement suffisant pour ne pas se répéter et enfoncer le clou définitivement, c'est ça la confirmation.
Bizarrement, alors que ses deux collègues suédois ont failli (enfin, surtout un), c'est du côté de la suède qu'Horrendous est parti vagabonder, Anareta est légèrement moins influencé par le Heavy Metal, et baigne dans une vibe Death mélodique à l'ancienne, ce n'est pas pourtant que le propos est plus simpliste, c'est tout le contraire, et même si c'est paradoxal, Anareta est un poil plus sophistiqué et complexe que son prédécesseur, on remarquera également que les digressions bizarroïdes sont également moins présentes, elles réapparaissent parfois, par moment, mais Anareta donne le sentiment d'être un album à la fois très complexe, mais aussi bien plus direct que ne pouvait l'être Ecdysis, Horrendous a trouvé un équilibre entre la simplicité du Death old school école suédoise et la sophistication du Death progressif innovant du dieu Schuldiner, ouais, rien que ça.

Anareta est plus mélodique, plus violent aussi, et bien plus sombre qu'Ecdysis, et d'une certaine manière, bizarrement, encore plus progressif qu'avant, c'est précisément ce que parvient à faire Horrendous, un Death très influencé par le Old School qui serait innovant et contemporain, c'est brutal, mais malgré tout d'une subtilité inégalée, prenez juste le premier morceau The Nihilist, Dat Fucking Riff putain! On a peut-être affaire au meilleur riff de Death Metal de l'année, le morceau est à la fois Thrashy, un peu orienté NWOBHM par moment, et va rebondir constamment sans jamais se perdre dans ses intersections et changements de rythmes, Horrendous propose un véritable enchevêtrement de riffs et de leads mélodiques avec une facilité déconcertante, la structure est ultra complexe, mais en même temps, Horrendous parvient à rendre ça très lisible et "simple" à suivre, efficacité, dynamisme, et complexité, histoire de mettre tout le monde d'accord en cinq minutes.

Le groupe a d'ailleurs été un peu plus ambitieux dans les structures des morceaux, seul un titre en dehors de l'excellent instrumental Siderea passe en dessous des cinq minutes, et dans les longs titres, il va être difficile de passer à côté d'un Ozymandias qui est une sorte de version progressive de Carcass, le titre alterne entre les moments de tension extrêmes et les plages plus atmosphériques, les riffs et les leads sont toujours aussi intriqués, le morceau se dévoile lentement et parvient à développer une réelle puissance émotionnelle, on pourrait même dire épique, le groupe y est redoutable de fluidité, et après un tel début, jamais Horrendous ne va ralentir la cadence, le reste, ce sera tout aussi bon.

Un morceau comme Polaris va montrer la facette la plus violente d'Horrendous, c'est très agressif, mais avec des digressions progressivo-mélodiques particulièrement bien foutues, le prog n'est jamais loin chez américains, et ils parviennent à faire du prog de manière ultra brutale, une réminiscence de Death évidemment, avec également une basse très galopante ici, et un chant (toujours partagé entre Damian Herring et Matt Knox, et je vais être honnête, je n'ai aucune idée de qui fait quoi au niveau du chant) qui semble être un mix entre Mr Van Drunen et Tomas Lindberg, je ne vais pas vous faire tous les titres, mais sachez qu'ils sont tout bons, ouais, y'a rien à jeter, chaque morceau sera doté d'une identité propre, Sum of All Failure est l'un de mes morceaux préféré, pour son mélange insensé de MeloDeath/Thrash/Progressif, les leads sont tout simplement géniales, assez représentatifs d'un disque qui a un flot très particulier, chaque morceau fonctionne individuellement mais prend une dimension toute autre dans le cadre de l'album, comme le mid-tempo final The Silopsist, ce n'est pas forcément le genre de morceau que je pourrais apprécier individuellement, mais placé en fin d'album, il apparaît comme un point culminant du disque,

Au niveau de la production, elle est un peu plus claire que celle d'Ecdysis, et l'on sera heureux d'avoir un album de Death avec un DR de 10, non seulement Horrendous est un groupe génial, mais qui sait en plus produire correctement ses disques, pas de brickwall ici, tout est question de dynamisme, le son est très organique, et laisse pas mal de place à la basse, les leads intriquées sont également un poil plus lisibles sur Anareta, la seule chose que l'on pourra reprocher, c'est un chant parfois un peu limite, Stillborn Gods est un excellent morceau, encore ce curieux mix entre le Melodeath de Carcass et le prog/death de Death, quelque peu gâché par un chant pénible et poussif, c'est dommage, même si ce n'est pas forcément dérangeant, le chant passe plutôt bien sur les autres titres, même si l'on sent bien que ce n'est franchement le point fort des deux gaillards.
Amateur de Death Metal mélodique à l'ancienne et de structures labyrinthiques progressives, Anareta est fait pour vous, Horrendous vient de démontrer avec classe et virtuosité qui est le patron de la scène Death Metal en ce moment.
Horrendous réussit là où tous les nouveaux groupes de la scène Revival Death Metal ont échoué, à savoir proposer quelque chose qui ne soit pas seulement une resucée du Death des années 90, Horrendous s'en sert de base, et améliore la formule, avec des structures constamment en mouvement, des innovations, une technique démoniaque, un album dont l'écoute s'avère assez fascinante, les compositions sont extrêmement riches, variées, très complexes mais toujours lisibles et relativement accessibles, surtout, ça reste incroyablement fun!
Ne cherchez plus le meilleur album de Death Metal de l'année, il est là, et de loin, Horrendous est largement au dessus de la mêlée, Anareta est encore une tuerie de la part d'un groupe qui continue d'aller de l'avant et de propulser le Death old school dans une autre dimension.
(L'album sort dans deux jours et n'est pas encore entièrement sur Bandcamp, en attendant, il est en streaming ici)

Track Listing:
1. The Nihilist  04:55
2. Ozymandias  07:06
3. Siderea  03:37
4. Polaris  04:23
5. Acolytes  07:01
6. Sum of All Failures  05:23
7. Stillborn Gods  05:47
8. The Solipsist (Mirrors Gaze)  06:04