vendredi 27 septembre 2013

[Chronique] Soulfly - Savages

Ça devient une sale habitude, tous les ans, je dois me taper la chronique d'un album de Max Cavalera, quand ce n'est pas avec Cavalera Conspiracy, c'est avec Soulfly, et à chaque fois, c'est un peu la même chose, je n'ai pas d'autre solution que de pulvériser ces daubes.
Vous allez croire que je lui en veux et que c'est de l'acharnement de ma part, mais soyons réaliste, ça remonte à quand le dernier disque correct de Soulfly? Dark Ages peut-être? où alors l'un des albums post-Roots ethnico-tribal foireux? J'ai cette impression qu'aucun des huit albums de Soulfly n'est véritablement bon, car entre le recyclage de Roots au début et la réorientation vers un son plus dur à base de Groove/Thrash bas-de-plafond, on ne peut pas vraiment dire que la discographie soit enthousiasmante, et ce serait mentir de vous dire que ce neuvième effort va changer la donne, loin de là, car une fois de plus, Savages navigue dans les abîmes de la médiocrité...

Ce n'est pas la première fois que je le dis, mais Max Cavalera est rincé, usé, fatigué, totalement à la ramasse, artistiquement, mais aussi physiquement, car je l'avais vu en live il y a quelques temps avec Cavalera Conspiracy, et c'en était presque gênant de voir une légende comme lui dans un tel état de décrépitude, amorphe derrière son micro, l'air ailleurs, jouant de temps en temps quelques accords basiques sur sa guitare avec ses gros doigts boudinés, et hurlant sans réelle conviction.
Pourtant, pas question de prendre des vacances, et depuis 2008, en comptant celui-ci, le gros Max nous aura sorti la bagatelle de six albums (dont deux avec Cavalera conspiracy), et seulement un an sépare Savages du profondément médiocre Enslaved, et vous vous doutez bien qu'en un an, les choses ne se sont pas vraiment arrangées.
Ne vous attendez donc pas à de la grande cuisine raffinée et recherchée, Max Cavalera n'est pas un chef trois étoiles, c'est plutôt le genre de type à préparer de la grosse tambouille immonde dans l'arrière cuisine d'un resto mexicain, aussi ignoble à manger qu'à chier, il est comme ça le Max, simpliste et direct, et avec Savages, on se tape une nouvelle indigestion de Cavalera-core, ce mélange lourdingue de Thrash et de Death qui dégouline de Groove, autant dire qu'elle est tombée bien bas l'idole des années 90...
Changement dans le line-up, exit David Kinkade, c'est un de ses fils, Zyon Cavalera, qui reprend la batterie, et je suis persuadé qu'un jour Tony Campos se fera jeter au profit d'un autre fiston Cavalera, histoire de renforcer le côté familial du truc, par contre, Marc Rizzo est indéboulonnable dans le groupe, si un jour Max veut le virer il faudra qu'il apprenne à vraiment jouer de la guitare, faut pas déconner quand même.
Un an plus tard, donc, on ressort les grosses ficelles du Groove Thrash servi à la louche, avec tout ce que cela implique de recyclage, redites, et resucées de l'art Cavalerien, finesse et subtilité? connait pas, ici, c'est du gros riff qui tâche, du riff de gros débile, simpliste, histoire de faire jumper les kids dans le moshpit, sur lequel viennent se superposer les hurlements de Max, facilement reconnaissables, et il est à noter que bizarrement sa voix est toujours à peu près intacte, tout du moins sur album, bien sûr, Soulfly étant désormais débarrassé de son identité tribale, c'est sur les atmosphères très sombres et malsaines que compte le groupe pour proposer un peu de variété, principalement par les leads de Rizzo, qui sont le seul intérêt de cette galette, ce qui est malgré tout bien trop peu, ce n'est pas un solo qui va transformer du plomb en or.
L'autre facette de l'art Cavalerien, ce sont bien sûr les paroles, je crois bien que dans sa tête, le gros Max a toujours quinze ans, chant lexical réduit, utilisation massive de formules toute faites et d'un dictionnaire des synonymes, pour des lyrics qui tiennent sans problème sur un tweet de 140 caractères, c'est con, manichéen, facile, des lyrics dignes d'un gamin en pleine crise d'adolescence, écrire un refrain?? lol, et puis quoi encore, pourquoi s'emmerder quand on peut se contenter de gueuler dix fois de suite le titre de la chanson? De la très très grande poésie, je suis même persuadé qu'Emmure écrit des meilleures paroles que ça, au niveau des thèmes abordés, c'est la routine, la Guerre, l'injustice sociale, l'esclavage, la violence, parce que tu vois quoi, la société, elle a que des problèmes, le monde il est pas cool, la pauvreté c'est pas bien, ouais, le Max il dénonce quoi!
Mais ce qu'il y a de pire dans cette débauche de violence bête et méchante et ses paroles vindicatives, c'est que Savages n'a même pas pour lui d'être concis ou efficace, parce que c'est long putain, atrocement looooong! 58 minutes pour seulement dix titres, ça nous donne une moyenne d'environ 6 minutes par titre, pour du Thrash bas-de-plafond!? écouter Savages est aussi agréable que de courir un marathon avec la chiasse et une fissure anale!
Vous imaginez que dès le premier titre, la mission de Soulfly est de tenir quasiment sept minutes avec un riff et un refrain moisi qui tournent en boucle? échec total de la mission, malgré, comme prévu, un long passage ambiant après le solo afin de faire dark, le titre est totalement vide, et franchement, si j'entends encore une fois de plus le gros Max et son frangin Igor (qui joue les guest ici) gueuler Bloodshed Wasteland, je crois que je vais vomir mes choco BN sur le clavier avant d'aller m'ouvrir les veines.
D'ailleurs, le coup du riff/refrain sur quasiment tout le titre avant la fin plus atmosphérique tribale/sombre, ils vont nous le faire plusieurs fois, pourquoi se gêner après tout, comme par exemple This is Violence (je vous laisse imaginer le refrain), Master of Savagery, ou encore le médiocre K.C.S. sur lequel on retrouve pourtant Mitch Harris de Napalm Death venu aider Max à hurler dans le micro, et que dire du nullissime El Comegente, qui te contemple du haut de son tas de merde de huit minutes, rien, que dalle, ça tourne en rond comme c'est pas permis, complètement lourdingue et foiré, et cette fois-ci on se tape un très très long final acoustico-tribal, à l'ancienne, parce que tu vois, on oublie pas nos racines quoi!
Soulfly fait quand même dans le bourrin sur un titre, Cannibal Holocaust (finesse, finesse...) qui au moins est court, c'est déjà ça, ça bourre et c'est bourré de soli ultra speed, une brutalité un peu débile naturellement plombée par des paroles de merde, et la supa rime qui déchire sa mère, Holocaust, all is lost! c'est recherché, bravo Maxou! 
On notera aussi une petite touche industrielle sur Spiral, bien que le titre soit mauvais et ne va nulle part, ainsi que des ambiances pas vilaines du tout sur Fallen grâce aux leads de Rizzo, dommage que le titre soit vraiment lourdingue (alerte lyrics de merde) et une fois de plus trop long, un guest est aussi présent ici, un certain Jamie Hanks, chanteur de l'bscur groupe de Deathcore I declare War, mais au milieu de ce merdier, Soulfly a presque eu une bonne idée en invitant Neil Fallon, chanteur de Clutch, sur un titre, qui a une certaine vibe Stoner dans son intro, mais malheureusement, tout est incroyablement foiré et le chant de Fallon est en complet décalage avec la musique et tombe comme un cheveu sur la soupe, mais ce qui est le plus embarrassant, ce sont une nouvelle fois les paroles et le titre de la chanson, Ayatollah of Rock 'n' Rolla bordel de merde!!!! Putain, avec un titre pareil j'aurais au moins espéré un featuring avec Chris Jericho!!! mais non, il était pas dispo Y2J? trop cher? il y avait pourtant un énorme potentiel comique avec cette collaboration, je suis déçu, car cette chanson est juste daubesque et embarrassante du coup, comme se super jeu de mot en fin d'album, Soulfliktion merde! c'est pas du génie de la part du génial génie de la poésie Max Cavalera? Avec un K en plus, parce que ça fait plus djeun et plus kool!

Je ne vais pas vous mentir, je ne m'attendais pas à ce que Savages soit un grand disque (Déjà quand on voit la pochette, ça partait mal), mais de là à ce qu'il soit aussi mauvais, il y avait quand même une marge, ici, je pense qu'on a l'un des pires albums du Soulfly post-tribal, avec son Groove Thrash d'une médiocrité abyssale, pour un album gavé de titres lourdingues, de gros riffs moisis et de compositions honteusement paresseuses, la qualité navrante des textes déclamés par Max étant malheureusement récurrente dans la discographie du groupe.
Savages est vide, absolument sans intérêt, de la boucherie bête et méchante, où surnagent quelques ambiances plutôt réussies sur quelques titres, mais dans l'ensemble, il n'y a rien a retenir de cet album où l'inspiration approche dangereusement du zéro absolu, et c'est quasiment embarrassant à écouter tellement tout est foiré, je n'ai même pas envie de le noter d'ailleurs, à quoi bon s'acharner encore?
Un disque médiocre et inutile qui ne servira que de prétexte à une énième tournée en compagnie des groupes des gamins Cavalera, un Max toujours aussi rincé et à la ramasse, idole décrépie qui n'est plus que l'ombre du frontman qu'il a été dans le passé...

NON, NON, ET NON!!!!!
Track Listing:
1. Bloodshed
2. Cannibal Holocaust

3. Fallen
4. Ayatollah of Rock 'n' Rolla
5. Master of Savagery
6. Spiral
7. This Is Violence
8. K.C.S.
9. El Comegente
10. Soulfliktion