Sorti il y a déjà trois ans, Under the Red Cloud avait créé une sacré surprise en proposant une certaine revitalisation de la formule Amorphis, une formule, celle développée à partir d'Eclipse et l'arrivée de Tomi Joutsen au chant, qui avait tendance à devenir particulièrement stéréotypée et prévisible, il est vrai que les finlandais étaient tombés dans une certaine facilité en s'embourbant un peu dans le sirupeux et l'accessible, Under the Red Cloud commençait a casser cet espèce de formatage dans la musique d'Amorphis, conservant le caractère catchy du Amorphis moderne et raccrochant les wagons avec la première période du groupe pour un résultat parfois bluffant même si ce changement se faisait dans le cadre de certaines limites, ces limites, on pourrait presque dire qu'elles viennent de disparaître avec Queen of Time, sorte d'album-somme qui est un concentré de tout ce qu'il y a de meilleur chez Amorphis, ouais, c'est bon à ce point-là...
Les plus observateurs auront remarqué en voyant la photo promo du groupe qu'il y a eu un petit changement de personnel, et ce n'est rien de moins que l'illustre bassiste originel Olli-Pekka Laine (également de Barren Earth) qui fait son retour dans le groupe après être parti peu de temps après la sortie de Tuonela, on pourrait presque y voir une preuve supplémentaire que les finlandais ont vraiment décidé de revenir à un son plus old-school, en poussant davantage ce qui avait été seulement abordé il y a trois ans, et dans un sens, c'est le cas, mais en fait pas du tout, c'est un peu plus compliqué que ça.
Il faut dire qu'avec les années, Amorphis a développé un son qui lui appartient et qui est très difficilement copiable par d'autres groupes, certains ont essayé, évidemment, mais ils ne sont parvenus qu'à reproduire certains gimmicks, sans jamais pouvoir capturer l'essence d'Amorphis dans sa globalité, Queen of Time sonnera un peu old-school, certes, mais jamais Amorphis ne donnera l'impression de vouloir redevenir ce qu'il était il y a vingt ans et ce qu'il n'est plus, Queen of Time est un autre genre de bestiole, un mélange de Death mélodique, de Folk, de Progressif, de Rock aussi, qui va conserver le côté catchy et très accessible de l'ère Joutsen, tout en revenant à des sonorités un poil plus dur, mais surtout, en incorporant désormais davantage de complexité dans le songwritting, avec des morceaux légèrement plus longs et plus sinueux, une dose de Prog supplémentaire, qui va s'accompagner d'une augmentation certaine de la présence des orchestrations et des ornements Folk, ça m'avait d'ailleurs marqué avec Under the Red Cloud, c'est aujourd'hui un poil plus flagrant, Amorphis sonne de plus en plus comme Orphaned Land, mais plus finlandais dans l'esprit, un Orphaned Land qui aurait conservé une bonne dose de Death Metal dans la formule.
Il suffira d'écouter un morceau comme Heart of a Giant pour réaliser ce rapprochement entre les deux groupes, le riff a une légère coloration orientale, certes, mais c'est bien l'utilisation massive d'orchestrations symphoniques et d'une chorale qui fera le lien, Amorphis parvient avec ce petit artifice à donner un souffle épique à un morceau déjà particulièrement bien charpenté et progressif dans sa structure, The Golden Elk incorporera quant à lui un excellent break acoustique saveur couscous et là encore un orchestre qui renverra à OrWarrior, ce ne seront pas les deux seules incursions d'Amorphis chez Orphaned Land, il y aura de nombreuses références disséminées sur tout le disque, par exemple Grain of Sand ne sera pas avare en prog oriental tout en jouant sur l'opposition de style avec la dimension musculeuse d'un Death mélodique où Joutsen alternera entre chant clair easy listening et growl bien caverneux.
Queen of Time est certes chargé de textures orchestrales, de sonorités progressives et de Folk, mais ce n'est pas pour autant que les finlandais vont nous pondre un album mou du genou, comme je le disais plus haut, ça va continuer à jouer dur et flirter avec le Death Metal mélodique originel, mais dans des structures moins évidentes, plus progressives dans leur approche, et c'est la réussite de ce mélange qui va faire de l'album un succès, Amorphis va parvenir à se faire moins prévisible tout en restant étrangement catchy, The Bee est un titre d'ouverture pas forcément évidemment, on est loin de certains singles easy-listening qui ouvraient les albums du groupe jusqu'à récemment, mais le titre marque la volonté du groupe de vouloir faire les choses différemment cette fois-ci, en proposant un retour dans le passé, car The Bee est assez proche du The Way qui ouvrait Tuonela, mais passé sous le spectre de l'Amorphis moderne, catchy et progressif, qui sait désormais manier les orchestrations et les textures.
L'album à quelques guests, on a deux gars d'Eluveitie qui viennent jouer de la flûte un peu partout et offrir une coloration celtique qui n'est pas s'en rappeler Nightwish par moment, surtout avec des orchestrations qui prennent désormais autant de place dans la musique d'Amorphis, mais au rayon des invités plus notables, on aura la Shining Jørgen Munkeby qui viendra poser quelques lignes de saxophone dont il a le secret sur un Daughter of Hate plutôt étrange avec une approche très progressive et une structure très sinueuse où l'on trouve également un spoken word de Pekka Kainulainen, le gars qui collabore depuis une dizaine d'années aux lyrics du groupe, mais le plus gros guest, et autant le dire tout de suite le plus gros win du disque, c'est la présence de la toujours impeccable Anneke Van Giersbergen pour un duo phénoménal avec Joutsen sur Amongst Stars, alors ouais, bien sûr c'est un peu easy-listening, on sent bien le morceau fait les radios avec son gros break facile de Folk celtique, mais putain c'est tellement brillant vocalement vocalement qu'on se demande pourquoi ils ne l'ont pas fait avant.
Il faut dire qu'avec les années, Amorphis a développé un son qui lui appartient et qui est très difficilement copiable par d'autres groupes, certains ont essayé, évidemment, mais ils ne sont parvenus qu'à reproduire certains gimmicks, sans jamais pouvoir capturer l'essence d'Amorphis dans sa globalité, Queen of Time sonnera un peu old-school, certes, mais jamais Amorphis ne donnera l'impression de vouloir redevenir ce qu'il était il y a vingt ans et ce qu'il n'est plus, Queen of Time est un autre genre de bestiole, un mélange de Death mélodique, de Folk, de Progressif, de Rock aussi, qui va conserver le côté catchy et très accessible de l'ère Joutsen, tout en revenant à des sonorités un poil plus dur, mais surtout, en incorporant désormais davantage de complexité dans le songwritting, avec des morceaux légèrement plus longs et plus sinueux, une dose de Prog supplémentaire, qui va s'accompagner d'une augmentation certaine de la présence des orchestrations et des ornements Folk, ça m'avait d'ailleurs marqué avec Under the Red Cloud, c'est aujourd'hui un poil plus flagrant, Amorphis sonne de plus en plus comme Orphaned Land, mais plus finlandais dans l'esprit, un Orphaned Land qui aurait conservé une bonne dose de Death Metal dans la formule.
Il suffira d'écouter un morceau comme Heart of a Giant pour réaliser ce rapprochement entre les deux groupes, le riff a une légère coloration orientale, certes, mais c'est bien l'utilisation massive d'orchestrations symphoniques et d'une chorale qui fera le lien, Amorphis parvient avec ce petit artifice à donner un souffle épique à un morceau déjà particulièrement bien charpenté et progressif dans sa structure, The Golden Elk incorporera quant à lui un excellent break acoustique saveur couscous et là encore un orchestre qui renverra à OrWarrior, ce ne seront pas les deux seules incursions d'Amorphis chez Orphaned Land, il y aura de nombreuses références disséminées sur tout le disque, par exemple Grain of Sand ne sera pas avare en prog oriental tout en jouant sur l'opposition de style avec la dimension musculeuse d'un Death mélodique où Joutsen alternera entre chant clair easy listening et growl bien caverneux.
L'album à quelques guests, on a deux gars d'Eluveitie qui viennent jouer de la flûte un peu partout et offrir une coloration celtique qui n'est pas s'en rappeler Nightwish par moment, surtout avec des orchestrations qui prennent désormais autant de place dans la musique d'Amorphis, mais au rayon des invités plus notables, on aura la Shining Jørgen Munkeby qui viendra poser quelques lignes de saxophone dont il a le secret sur un Daughter of Hate plutôt étrange avec une approche très progressive et une structure très sinueuse où l'on trouve également un spoken word de Pekka Kainulainen, le gars qui collabore depuis une dizaine d'années aux lyrics du groupe, mais le plus gros guest, et autant le dire tout de suite le plus gros win du disque, c'est la présence de la toujours impeccable Anneke Van Giersbergen pour un duo phénoménal avec Joutsen sur Amongst Stars, alors ouais, bien sûr c'est un peu easy-listening, on sent bien le morceau fait les radios avec son gros break facile de Folk celtique, mais putain c'est tellement brillant vocalement vocalement qu'on se demande pourquoi ils ne l'ont pas fait avant.
Ce qui est plutôt impressionnant avec cet album, c'est le fait qu'il parvienne à survoler toute la carrière d'Amoprhis depuis vingt-cinq ans tout en restant frais, Queen of Time est un parfait mélange de Death mélodique, de Prog aux références 70's, de Folk celtique, de sonorités orientales, de Rock et de Metal symphonique, c'est un album très varié, mais jamais incohérent malgré la foultitude de genres et de sonorités qu'il mélange, c'est un peu tout ce qu'à fait Amorphis depuis le début réuni en un disque de cinquante-sept minutes avec de nouveaux éléments ajoutés sans que cela ne sonne jamais hors de propos, et on ne peut que saluer la volonté d'Amorphis de continuer de vouloir évoluer, et surtout à être parvenu à sortir d'un certain formatage et de facilités d'écriture confortables mais lassantes par leur caractère prévisible, seul Wrong Direction sera un peu formaté, c'est le single d'Amorphis super accrocheur et radio-friendly qui respecte le cahier des charges, il n'y a rien de honteux là-dedans, le morceau fait le boulot correctement mais ce n'est pas franchement ce qui retiendra l'attention et on y reviendra pas forcément.
Je terminais ma chronique de l'album précédent par cette phrase: "on sent bien également que les finlandais sont tout à fait capables d'aller encore plus loin, en espérant qu'ils ne se contentent pas que de ça et ne recommencent pas à stagner", et c'est exactement ça, Queen of Time va bien plus loin que Under the Red Cloud, avec plus de Prog, plus de Folk, plus d'orchestrations, des textures encore plus riches et des structures plus complexes, sans jamais sacrifier au caractère catchy de la période Joutsen, ce dernier a d'ailleurs arrêté d'en faire des tonnes en nous gavant de refrains pop, le chant est désormais plus équilibré entre le chant clair et le growl, et c'est clairement une bonne nouvelle, une de plus pour un album foutrement bien branlé, Amorphis est en train de trouver une nouvelle recette progressive qui carbure à plein régime sur un album sans temps mort, sans aucun mauvais titre, et on ne peut que saluer la volonté d'Amorphis de ne pas regarder dans son passé comme un nostalgique mais de s'en servir pour aller de l'avant et se remettre en question, rien que ça ça impose le respect pour un groupe qui va sur ses trente ans de carrière, bravo messieurs.
Je terminais ma chronique de l'album précédent par cette phrase: "on sent bien également que les finlandais sont tout à fait capables d'aller encore plus loin, en espérant qu'ils ne se contentent pas que de ça et ne recommencent pas à stagner", et c'est exactement ça, Queen of Time va bien plus loin que Under the Red Cloud, avec plus de Prog, plus de Folk, plus d'orchestrations, des textures encore plus riches et des structures plus complexes, sans jamais sacrifier au caractère catchy de la période Joutsen, ce dernier a d'ailleurs arrêté d'en faire des tonnes en nous gavant de refrains pop, le chant est désormais plus équilibré entre le chant clair et le growl, et c'est clairement une bonne nouvelle, une de plus pour un album foutrement bien branlé, Amorphis est en train de trouver une nouvelle recette progressive qui carbure à plein régime sur un album sans temps mort, sans aucun mauvais titre, et on ne peut que saluer la volonté d'Amorphis de ne pas regarder dans son passé comme un nostalgique mais de s'en servir pour aller de l'avant et se remettre en question, rien que ça ça impose le respect pour un groupe qui va sur ses trente ans de carrière, bravo messieurs.
Track Listing:
1. The Bee 05:30
2. Message in the Amber 06:44
3. Daughter of Hate 06:20
4. The Golden Elk 06:22
5. Wrong Direction 05:09
6. Heart of the Giant 06:32
7. We Accursed 04:59
8. Grain of Sand 04:44
9. Amongst Stars 04:50
10. Pyres on the Coast 06:19