Deux ans après avoir sorti Cu3e, le troisième volet de leur série cubique démarrée il y a plus de 20 ans avec The Cube, et alors que leur pendant avant-gardiste S.U.P. est toujours en sommeil depuis anormalement longtemps (ah, je pars du principe que vous n'êtes pas trop cons et que vous savez que S.U.P. et Supuration sont composés des mêmes personnes, et plus généralement que vous connaissez les deux groupes, sinon, bah vous avez vraiment raté votre vie), revoilà déjà Supuration dans les bacs avec un nouveau disque, et deux ans c'est très court pour un projet qui sort un album tous les dix ans, il faut croire qu'accoucher de concepts albums ambitieux doit prendre un peu de temps.
De concept justement, il n'en sera absolument pas question avec Rêveries, ce qui tranche avec les trois albums précédents des nordistes, à moins que vous ne considériez comme étant un concept en soi le fait de repartir dans le passé pour lancer une entreprise de recyclage/dépoussiérage de vieilleries remontant à l'âge du paléolithique de Supuration, car c'est bien de cela qu'il s'agit, Rêveries est un objet contenant des réenregistrements de la toute première démo et du premier EP Sultry Obsession sortis en 1990, bref, Supuration va tenter ici de faire du neuf avec du vieux, en rajoutant trois reprises au fond du bouzin, et l'entreprise va s'avérer un peu bancale malgré tout le talent des nordistes...
Cela a beau être du très vieux, ce n'est pas comme si les morceaux originaux avaient disparu de la circulation et qu'il était désormais impossible de les écouter, Supuration avait déjà réédité l'EP sur la compilation 9092 (ressorti d'ailleurs chez Holy Records en 2004), et plus récemment, on trouve l'EP et la démo sur Back from the Crematory, compilation sortie en 2011 chez Xtreem, tout ça pour dire que ce n'est pas la première fois que Supuration exploite ses premiers méfaits pour un nouvel objet à vendre.
Du coup, s'agissant de réenregistrements, peut-on considérer Rêveries comme un véritable album? la réponse est évidemment non, Rêveries est plus du domaine de la compilation de plus, surement destinée à meubler avant un éventuel nouvel album voir même le retour de S.U.P. aux affaires.
Rêveries est plus un produit de collectionneur, destiné bien évidemment aux fans qui veulent tout posséder du groupe, surement curieux de voir ce que peut donner la réactualisation de vieux titres et qui s'amuseront à jouer au jeu des sept différences entre les deux version, mais pas seulement, car l'objet pourra éventuellement servir de porte d'entrée à un public plus jeune qui trouvera ici un Supuration bien moins hermétique qu'habituellement, car sans concept, sans délire métaphysique, avec des compositions moins alambiquées, Supuration va ici faire, globalement, dans le simple et dans le direct, avec un Death teinté de Doom qui suinte le Old School du début des années 90.
Si vous attendiez de l'avant-garde et des trucs peu conventionnels, passez votre chemin, Supuration va pratiquer un Death à l'ancienne tout ce qu'il y a de plus orthodoxe et conformes aux canons de l'époque, avec une production plus moderne et plus puissante, avec malgré tout quelques modifications et réarrangements par rapport aux versions originales, c'est un peu comme si le Supuration de 2015 faisait des reprises du vieux Supuration de 1990, portant un regard légèrement différents sur ses compositions, ce qui est plutôt normal pour des gens qui revisitent des morceaux écrits quand il y a 25 ans.
Est-ce suffisant pour rendre l'entreprise intéressante et aller au-delà du simple trip nostalgique, je dois vous avouer que mon avis est plutôt mitigé sur ce point-là, car un peu comme à chaque fois qu'un groupe se lance dans le réenregistrement de vieilleries, on perd irrémédiablement en charme, et c'est précisément ce que n'a pas Rêveries, le charme un peu désuet des productions délicieusement boueuses et obscures de la période pré-The Cube, où certains morceaux apparaissaient au gré des démo déjà dans des versions différentes, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai choisi d'aborder cet album/compilation sans le comparer aux versions d'il y a vingt-cinq ans, prendre Rêveries comme une parenthèse Death Old school dans la discographie de Supuration, ce qui ne va pa m'empêcher de le trouver un peu bancal et plutôt moyen, et aussi intéressant que n'importe quel random album de Death old school suivant cette mode nostalgique qui fait que l'on s'en mange par palettes entières tous les mois.
Qu'y-a-t-il de neuf chez Rêveries? Rien, c'est du Death à l'ancienne teinté de Doom qui suit la recette habituelle du genre, et qui a aussi les mêmes références, pensez à des vieux Carcass, Entombed, Morbid angel, Pestilence ou Dismember, bref du gros riff tronçonneuse dans ta face, de la lead heavy et torturée à l'ancienne, du Growl de bûcheron, un artwork du légendaire Dan Seagrave histoire d'entériner le côté nostalgique du truc, et une certaine simplicité, car il va de soit que les compositions n'ont pas du tout la profondeur de ce qu'à pu proposer Supuration pendant sa trilogie géométrique, ce qui va nous donner des morceaux très simples, très accessibles, et, il faut bien l'avouer, pas franchement subtils.
Supuration en mode bas-de-plafond donc, qui ne va pas mettre suffisamment de neuf sur la table pour sortir de la masse des groupes de la vague retro-Death, à part son statut de groupe culte sur la scène hexagonale, ce dont on se contrefout dans le cas présent.
Les morceaux auront donc des structures très simples, et malheureusement très similaires, où vont cohabiter les passages très lents, Doomeux et malfaisants, avec les accélérations typiques du genre, autant dire que tout cela est bien convenu et prévisible, et que l'on ne va jamais vraiment sortir de cette dichotomie très classique pour le genre, bon point malgré tout, c'est encore une fois le vénérable Dan Swanö qui s'est occupé du mastering, et l'album sonne de manière très raw mais audible, avec un son dynamique pas trop compressé (DR9 c'est pas mal), qui laisse de la pace à tous les instruments pour s'exprimer, notamment une basse assez présente dans le mix, ce qui change de la pitance Death habituelle.
Ce classicisme ne fait pas pour autant de Rêveries un mauvais disque, les mecs de Supuration ont suffisamment de bouteille pour proposer un Death à l'ancienne avec un certain savoir-faire, les nordistes maîtrisent admirablement les accélérations brutales et rageuses, intégrées à des passages Doom d'une incroyable lourdeur, où ce sont les leads torturés qui serviront à faire le liant, Rêveries à un flot particulier, où tout est cohérent, à sa place, mais sans aucune surprise, il n'y a aucun moment ici qui va vous mettre sur le cul, et donc limiter considérablement la durée de vie de l'objet, car on ne va jamais dépasser le cadre d'un énième album de Death Old School comme il en sort des centaines par an, où même si l'on retrouve la personnalité de Supuration, elle sera relativement diluée tout au long du disque, c'est ce qui rend le projet un peu brinquebalant, où l'on aimerait entendre un Supuration bien plus ambitieux que ça, se contentant ici d'un petit album de Death old school correct qu'on oublie assez vite.
Et puis il y a les reprises en fin d'album, qui sont aussi passionnantes que n'importe quelle reprise réalisée par un groupe de Death, Shattered repris par Supuration n'a que trop peu d'intérêt pour que l'on s'y attarde trop, Twisted Sister passé à la moulinette Death/Doom ultra lourd n'est pas franchement ce que le groupe a fait de mieux, et la reprise d'Among the Living ne dépasse pas le cadre du petit truc sympa qui fait sourire et dont on a vite fait le tour, ces reprises balancées comme ça en fin d'album pour faire du remplissage entérinent encore davantage que l'on se retrouve en face d'une espèce de compilation à l'intérêt plus que limité.
Malgré certaines qualités, car après tout, le Death old school pratiqué par Supuration est quand même de bonne qualité pour le genre et supporte la comparaison avec n'importe quel autre groupe de retro-Death, l'intérêt de ce Rêveries est plus que limité, et ne dépasse jamais vraiment le cadre du trip nostalgique, le genre d'album compilation (une de plus) qui ne sert pas à grand chose dans la discographie du groupe, un trip malheureusement plus révisionniste qu'introspectif, l'autre problème étant que même pris indépendamment en faisant abstraction qu'il s'agit de réenregistrements, Rêveries est juste un album de Death old school moyen.
Du recyclage/dépoussiérage/réenregistrement (plus des reprises aussi passionnantes que n'importe quel album de reprises de Six Feet Under), pour de vieux titres légèrement réarrangés, surtout enrobés d'une production plus musculeuse et moderne, avec un niveau technique qui n'a évidemment rien à voir avec celui des débuts, mais il manque ce qui fait le charme des démos, ce côté rudimentaire, fougueux et obscur, et même si j'imagine la démarche des nordistes sincère, Rêveries apparaît assez vite comme un produit à destination des fans, le genre de truc un peu facile et sans intérêt, car en fin de compte, ces titres appartiennent à une histoire et se suffisent à eux-même, et les réenregistrer n'était franchement pas une nécessité, mais Supuration semble aujourd'hui plus intéressé par son passé plutôt que de regarder vers l'avenir, l'histoire dira s'il en a encore un...
De concept justement, il n'en sera absolument pas question avec Rêveries, ce qui tranche avec les trois albums précédents des nordistes, à moins que vous ne considériez comme étant un concept en soi le fait de repartir dans le passé pour lancer une entreprise de recyclage/dépoussiérage de vieilleries remontant à l'âge du paléolithique de Supuration, car c'est bien de cela qu'il s'agit, Rêveries est un objet contenant des réenregistrements de la toute première démo et du premier EP Sultry Obsession sortis en 1990, bref, Supuration va tenter ici de faire du neuf avec du vieux, en rajoutant trois reprises au fond du bouzin, et l'entreprise va s'avérer un peu bancale malgré tout le talent des nordistes...
Cela a beau être du très vieux, ce n'est pas comme si les morceaux originaux avaient disparu de la circulation et qu'il était désormais impossible de les écouter, Supuration avait déjà réédité l'EP sur la compilation 9092 (ressorti d'ailleurs chez Holy Records en 2004), et plus récemment, on trouve l'EP et la démo sur Back from the Crematory, compilation sortie en 2011 chez Xtreem, tout ça pour dire que ce n'est pas la première fois que Supuration exploite ses premiers méfaits pour un nouvel objet à vendre.
Du coup, s'agissant de réenregistrements, peut-on considérer Rêveries comme un véritable album? la réponse est évidemment non, Rêveries est plus du domaine de la compilation de plus, surement destinée à meubler avant un éventuel nouvel album voir même le retour de S.U.P. aux affaires.
Rêveries est plus un produit de collectionneur, destiné bien évidemment aux fans qui veulent tout posséder du groupe, surement curieux de voir ce que peut donner la réactualisation de vieux titres et qui s'amuseront à jouer au jeu des sept différences entre les deux version, mais pas seulement, car l'objet pourra éventuellement servir de porte d'entrée à un public plus jeune qui trouvera ici un Supuration bien moins hermétique qu'habituellement, car sans concept, sans délire métaphysique, avec des compositions moins alambiquées, Supuration va ici faire, globalement, dans le simple et dans le direct, avec un Death teinté de Doom qui suinte le Old School du début des années 90.
Si vous attendiez de l'avant-garde et des trucs peu conventionnels, passez votre chemin, Supuration va pratiquer un Death à l'ancienne tout ce qu'il y a de plus orthodoxe et conformes aux canons de l'époque, avec une production plus moderne et plus puissante, avec malgré tout quelques modifications et réarrangements par rapport aux versions originales, c'est un peu comme si le Supuration de 2015 faisait des reprises du vieux Supuration de 1990, portant un regard légèrement différents sur ses compositions, ce qui est plutôt normal pour des gens qui revisitent des morceaux écrits quand il y a 25 ans.
Est-ce suffisant pour rendre l'entreprise intéressante et aller au-delà du simple trip nostalgique, je dois vous avouer que mon avis est plutôt mitigé sur ce point-là, car un peu comme à chaque fois qu'un groupe se lance dans le réenregistrement de vieilleries, on perd irrémédiablement en charme, et c'est précisément ce que n'a pas Rêveries, le charme un peu désuet des productions délicieusement boueuses et obscures de la période pré-The Cube, où certains morceaux apparaissaient au gré des démo déjà dans des versions différentes, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai choisi d'aborder cet album/compilation sans le comparer aux versions d'il y a vingt-cinq ans, prendre Rêveries comme une parenthèse Death Old school dans la discographie de Supuration, ce qui ne va pa m'empêcher de le trouver un peu bancal et plutôt moyen, et aussi intéressant que n'importe quel random album de Death old school suivant cette mode nostalgique qui fait que l'on s'en mange par palettes entières tous les mois.
Qu'y-a-t-il de neuf chez Rêveries? Rien, c'est du Death à l'ancienne teinté de Doom qui suit la recette habituelle du genre, et qui a aussi les mêmes références, pensez à des vieux Carcass, Entombed, Morbid angel, Pestilence ou Dismember, bref du gros riff tronçonneuse dans ta face, de la lead heavy et torturée à l'ancienne, du Growl de bûcheron, un artwork du légendaire Dan Seagrave histoire d'entériner le côté nostalgique du truc, et une certaine simplicité, car il va de soit que les compositions n'ont pas du tout la profondeur de ce qu'à pu proposer Supuration pendant sa trilogie géométrique, ce qui va nous donner des morceaux très simples, très accessibles, et, il faut bien l'avouer, pas franchement subtils.
Supuration en mode bas-de-plafond donc, qui ne va pas mettre suffisamment de neuf sur la table pour sortir de la masse des groupes de la vague retro-Death, à part son statut de groupe culte sur la scène hexagonale, ce dont on se contrefout dans le cas présent.
Les morceaux auront donc des structures très simples, et malheureusement très similaires, où vont cohabiter les passages très lents, Doomeux et malfaisants, avec les accélérations typiques du genre, autant dire que tout cela est bien convenu et prévisible, et que l'on ne va jamais vraiment sortir de cette dichotomie très classique pour le genre, bon point malgré tout, c'est encore une fois le vénérable Dan Swanö qui s'est occupé du mastering, et l'album sonne de manière très raw mais audible, avec un son dynamique pas trop compressé (DR9 c'est pas mal), qui laisse de la pace à tous les instruments pour s'exprimer, notamment une basse assez présente dans le mix, ce qui change de la pitance Death habituelle.
Ce classicisme ne fait pas pour autant de Rêveries un mauvais disque, les mecs de Supuration ont suffisamment de bouteille pour proposer un Death à l'ancienne avec un certain savoir-faire, les nordistes maîtrisent admirablement les accélérations brutales et rageuses, intégrées à des passages Doom d'une incroyable lourdeur, où ce sont les leads torturés qui serviront à faire le liant, Rêveries à un flot particulier, où tout est cohérent, à sa place, mais sans aucune surprise, il n'y a aucun moment ici qui va vous mettre sur le cul, et donc limiter considérablement la durée de vie de l'objet, car on ne va jamais dépasser le cadre d'un énième album de Death Old School comme il en sort des centaines par an, où même si l'on retrouve la personnalité de Supuration, elle sera relativement diluée tout au long du disque, c'est ce qui rend le projet un peu brinquebalant, où l'on aimerait entendre un Supuration bien plus ambitieux que ça, se contentant ici d'un petit album de Death old school correct qu'on oublie assez vite.
Et puis il y a les reprises en fin d'album, qui sont aussi passionnantes que n'importe quelle reprise réalisée par un groupe de Death, Shattered repris par Supuration n'a que trop peu d'intérêt pour que l'on s'y attarde trop, Twisted Sister passé à la moulinette Death/Doom ultra lourd n'est pas franchement ce que le groupe a fait de mieux, et la reprise d'Among the Living ne dépasse pas le cadre du petit truc sympa qui fait sourire et dont on a vite fait le tour, ces reprises balancées comme ça en fin d'album pour faire du remplissage entérinent encore davantage que l'on se retrouve en face d'une espèce de compilation à l'intérêt plus que limité.
Malgré certaines qualités, car après tout, le Death old school pratiqué par Supuration est quand même de bonne qualité pour le genre et supporte la comparaison avec n'importe quel autre groupe de retro-Death, l'intérêt de ce Rêveries est plus que limité, et ne dépasse jamais vraiment le cadre du trip nostalgique, le genre d'album compilation (une de plus) qui ne sert pas à grand chose dans la discographie du groupe, un trip malheureusement plus révisionniste qu'introspectif, l'autre problème étant que même pris indépendamment en faisant abstraction qu'il s'agit de réenregistrements, Rêveries est juste un album de Death old school moyen.
Du recyclage/dépoussiérage/réenregistrement (plus des reprises aussi passionnantes que n'importe quel album de reprises de Six Feet Under), pour de vieux titres légèrement réarrangés, surtout enrobés d'une production plus musculeuse et moderne, avec un niveau technique qui n'a évidemment rien à voir avec celui des débuts, mais il manque ce qui fait le charme des démos, ce côté rudimentaire, fougueux et obscur, et même si j'imagine la démarche des nordistes sincère, Rêveries apparaît assez vite comme un produit à destination des fans, le genre de truc un peu facile et sans intérêt, car en fin de compte, ces titres appartiennent à une histoire et se suffisent à eux-même, et les réenregistrer n'était franchement pas une nécessité, mais Supuration semble aujourd'hui plus intéressé par son passé plutôt que de regarder vers l'avenir, l'histoire dira s'il en a encore un...
Track Listing:
1. Avoid the Contamination 03:56
2. Tales from the Crematory 04:43
3. Suffocate Through Asphyxia 04:17
4. Suppurated 04:08
5. Hypertrophy - Sordid and Outrageous Emanations 04:44
6. Sultry Obsession 03:23
7. Reveries of a Bloated Cadaver 06:02
8. Ephemeral Paradise 03:53
9. Shattered (Paradise Lost cover) 03:53
10. The Beast (Twisted Sister cover) 03:52
11. Among the Living (Anthrax cover) 05:19