L'affrontement entre les deux versions de Rhapsody suite au grand Schisme de 2011 avait rapidement tourné à l'avantage de la version de Luca Turilli, à un Ascending to Infinity ambitieux, over the top et bigger than life, Rhapsody of Fire version Staropoli avait répondu par un minuscule Dark wings of Steel bien trop fidèle au dogme orignal et revenant à un Power Metal symphonique plus simple et musclé qui n'avait pas enthousiasmé grand monde, d'un coté, un Rhapsody ambitieux porté par Turilli et soutenu par le tout puissant Nuclear Blast, de l'autre un Rhapsody sans imagination justement viré par Nuclear Blast après le Schisme, j'ai comme dans l'idée que le label allemand a misé sur le bon cheval cette fois-ci, mais laissons de côté ces querelles de clochers et les comparaisons, elles n'auront pas lieux d'être dans cette chronique.
Bref, avec Asending to Infinity, Luca Turilli avait quasiment inventé un nouveau genre de Power Metal Symphonique, le Power Metal cinématographique épique, qui est finalement assez simple à définir, vous prenez du Rhapsody of Fire, et vous poussez tout à fond! Plus d'orchestrations, plus de chœurs, plus d'opéra, et plus de tout en fait, Luca Turilli se veut le Michael Bay du Power Metal, des tonnes et des tonnes d'explosions et d'effets spéciaux destinés à en mettre plein les yeux, un véritable blockbuster musical doublé d'un certain délire mégalomane, Ascending to Infinity était particulièrement jouissif, et un vrai tour de force, car Luca Turilli réussissait là où d'autres avaient échoué avant lui (au hasard, Nightwish...), conserver un son très orienté Metal tout en faisant dans la surenchère orchestrale, avec un réel souffle épique, du coup, on attendait beaucoup de ce second album, et immanquablement, ce sera moins bien...
Bref, avec Asending to Infinity, Luca Turilli avait quasiment inventé un nouveau genre de Power Metal Symphonique, le Power Metal cinématographique épique, qui est finalement assez simple à définir, vous prenez du Rhapsody of Fire, et vous poussez tout à fond! Plus d'orchestrations, plus de chœurs, plus d'opéra, et plus de tout en fait, Luca Turilli se veut le Michael Bay du Power Metal, des tonnes et des tonnes d'explosions et d'effets spéciaux destinés à en mettre plein les yeux, un véritable blockbuster musical doublé d'un certain délire mégalomane, Ascending to Infinity était particulièrement jouissif, et un vrai tour de force, car Luca Turilli réussissait là où d'autres avaient échoué avant lui (au hasard, Nightwish...), conserver un son très orienté Metal tout en faisant dans la surenchère orchestrale, avec un réel souffle épique, du coup, on attendait beaucoup de ce second album, et immanquablement, ce sera moins bien...
On ne peut pas nier le fait que Luca Turilli soit ambitieux, et même si Ascending to Infinity faisait dans la démesure, il conservait un certain équilibre, sans en faire "trop", toute proportion gardée évidemment, vu que la démesure est l'essence même du projet, et c'est donc par excès que va pécher l'ami Luca Turilli, car vous vous doutez bien qu'après le succès du premier d'album, la tentation était grande d'en faire encore plus dans la surenchère sonore, et c'est précisément sur ce point que tout l'album va foirer, Luca Turilli en fait trop, tout le temps, et cela va donner un album décousu, bien plus bordélique que ne l'était Ascending to Infinity.
Prometheus, c'est 70 minutes de Metal épique, emphatique, mélodramatique, cinématique, où l'on va en prendre plein les oreilles sans jamais, malheureusement, se sentir concerné par ce qu'il s'y passe, sans réelle profondeur, juste une accumulation d'effets et de figures de style, ou comme à son habitude, Turilli va donner dans la débauche orchestrale mélangée à des sonorités électroniques modernes, sauf qu'au lieu de mélanger tout ça à du Metal, Turilli va se contenter d'additionner les couches d'orchestrations et les pistes de chant diverses et variées au dessus d'un Power Metal pas franchement des plus inspirés, en fait, Promotheus est la plus grosse partouze Power Metal symphonique italienne de l'histoire, ou un mega-burger qui aurait tellement d’ingrédients et de couches qu'il en deviendrait immangeable, une mixture épaisse, trop généreuse, Prometheus est malencontreusement indigeste.
Tous les plus gros clichés et gimmicks du Power italien y seront exacerbés, un blockbuster en mode rouleau compresseur où tout le monde en fait des caisses, chaque titre sera surchargé en orchestrations, en références pataudes à la musiques classiques, en chœurs emphatiques, Prometheus est en quelque sorte l'album du trop, un album sans concept qui navigue entre le tout et le n'importe quoi dans les thèmes abordés, avec un beau bordel de références mythologiques et bibliques approximatives et de gros clins d'oeil à l'Heroic Fantasy, le tout composé comme une sorte de bande originale d'un film qui mélangerait absolument tout et n'importe quoi, l'univers de Tolkien, les théories conspirationnistes bibliques, Christian Rose-Croix, la mécanique quantique, les extra-terrestres, Lucifer, l'origine de la vie, le roi Salomon, le sens de la vie, Yggdrasil, tout est passé à la moulinette Luca Turilli dans un mélange d'anglais approximatif, d'italien et de latin, histoire que ce soit encore plus le bordel et que personne ne comprenne définitivement rien aux paroles, d'ailleurs si vous voulez rigoler, essayez de comprendre où Turilli veut en venir avec les paroles de Prometheus, "Quantum nexus, Nuclear fire, Human cyborgs, Gods and titans, Neo genetic motus, Karma alien foetus, Matrix corpus" wait... what? c'est à se vriller le cerveau et je suis persuadé que c'est une succession de mots posés là au hasard.
L'album débute par le même genre d'introduction que la dernière fois, voix off et chœurs en latin, mélange d'orchestrations symphoniques et de sonorités électroniques modernes qui ne débouchent sur rien de concret, vu que l'intro s'arrête et que le premier vrai titre Il Cigno Nero aura sa propre introduction au piano, un morceau chanté intégralement en italien donc, et un Turilli en mode feignasse qui va nous ensevelir sous une tonnes de clichés, et c'est très vite que l'on va se rendre compte de l'entourloupe que constitue cet album, tous les effets sont poussés à l’extrême, sauf le songwritting, car Luca Turilli est pris ici en flagrant délit de recyclage et d'utilisation massives de tous les lieux communs du Power Metal, d'une certaine manière, la débauche d'effets spéciaux jouent leur rôle de distraction, dont le but est de faire oublier les faiblesses du songwritting, comme tout bon blockbuster qui se respecte en fait, il n'y a pas de scénario mais c'est pas grave, on en prend plein la gueule et ça pète dans tous les sens, chaque titre sera tellement remplit de cliché qu'à ce niveau-là, c'est du pur fan service que nous sert Luca Turilli.
Nul doute que les fans du seigneur des anneaux seront ravis d'entendre gueuler par une chorale glorieuse "Ash Nazg durbatulûk, ash Nazg gimbatul, ash Nazg thrakatulûk agh burzum-ishi krimpatul" sur un morceau au titre bien simpliste One Ring to Rule Them All, ce qui rappellera à certains ce moment gênant où Luca Turilli évoquait l'idée de faire un album basé sur Lord of the Ring, mais seulement sur le film, puisqu'il n'avait pas lu le livre (lol).
En dehors des ambiances liturgiques très classiques dans le Power Metal, l'album en regorge, d'ailleurs il suffit de regarder le titre du morceau pour savoir à quelle sauce on va être mangé niveau atmosphère, Luca Turilli va marcher sur les pas d'Orphaned Land avec King Solomon and the 72 Names of God, sonorités tribales orientales qui sentent bon le couscous incluses, et bien évidemment, comme on est plus à un cliché près, ce sera conneries Folk médiéval scandinaves pendant Yggdrasil, soupir de découragement...
L'un des nombreux problème, c'est le manque de feeling et de chaleur sur l'album, l'ensemble sonne relativement déshumanisé, aseptisé, que ce soit au niveau des orchestrations mais aussi du chant, Alessandro Conti est un chanteur techniquement irréprochable, aucun doute là-dessus, capable de varier les tonalités sans effort, mais au niveau du feeling et de l'émotion, c'est un peu le néant, et on est loin d'un Fabio Lione quand il s'agit d'offrir un registre plus mélodramatique, Conti est technique, mais c'est un peu un robot sans charisme ni émotion au service d'une musique qui peine à toucher l'auditeur.
De la même manière, en dehors du surcroît d'effets symphoniques en tout genre, Luca Turilli nous a ressorti globalement le même disque, il est construit de la même manière, ne sort jamais de la formule établie lors du premier album, et pour un projet qui se veut ambitieux, le songwritting est typique de ce que fait habituellement Turilli, du Power Metal catchy et toujours aussi pompeux, diablement prévisible et remplit des clichés d'usage.
L'album est finalement à l'image de son dernier titre fleuve, Of Michael the Archangel and Lucifer's Fall Part II: Codex Nemesis, un magma d'idée et de concepts vaseux jetés là-dedans un peu au hasard en espérant que cela forme par miracle un morceau cohérent, on aurait vraiment aimé que Turilli se concentre sur une seule et la développe sur un titre plutôt qu'un enchevêtrement d'idées nonchalantes, on se perd souvent dans le dédale des morceaux de Luca Turilli, entre les poussées orchestrales qui vous tombent sur la gueule sans qu'on ait rien demandé, une tour de Babel avec trop langues utilisées qui contribuent à créer encore davantage de confusion, on a tendance à perdre le fil tant les morceaux sont souvent trop longs et enclins à des changements de directions trop abruptes.
Surtout, Prometheus souffre d'un sérieux problème d'équilibre, car en faisant all-in sur les orchestrations et les choeurs, ce sont les guitares qui passent régulièrement au second plan, ce qui rend l'album moins énergique et dur que ne l'était le précédent, Luca Turilli a plus bossé ses orchestrations que ses riffs, et partant de là, ça fonctionne moins bien, Prometheus apparaît tout de suite plus pompeux, et il manque un véritable souffle épique; De plus, la musique n'est pas aidé par une production qui manque d'aspérités et de chaleur, l'album est un peu surproduit, Turilli a mis le paquet pour que les effets soit le plus impactant possible, mais cela passe au détriment du feeling général du disque, Prometheus aurait surement gagné avec un son plus organique, même si l'on saluera une compression plutôt légère, un DR7 ce n'est pas non plus génial, mais on évite l'effet brickwall, ce qui est plus qu'appréciable.
Luca Turilli's Rhapsody Part II - L'attaque de l'orchestre symphonique.
Prometheus est un album qui fait dans la démesure et la surcharge orchestrale, et c'est tout l'équilibre du projet qui s'en retrouve modifié, surtout, le maître transalpin mise plus sur la quantité que sur la qualité, et l'on se retrouve avec un album confus qui part dans tous les sens, qui mélange les thèmes, les concepts, les idées, sans jamais prendre le temps de les développer complètement, et cette débauche d'effets spéciaux joue un rôle de distraction, servant à tenter de masquer un songwritting qui n'est pas des plus inspirés.
Prometheus est une partouze Power symphonique un peu conne, parfois jouissive, car il y a de véritables bons moments, mais qui sont constamment contrebalancés par un bon gros cliché du genre qui faire retomber le soufflet, Luca Turilli en fait trop, en donne trop, et finit par se perdre un peu dans des morceaux où l'on passe du coq à l'âne sans vraiment de transition, c'est un joyeux bordel un peu vulgaire qui se repose sur ses effets spéciaux plutôt que sur un scénario solide, l'album de la surenchère, la forme au détriment du fond, avec des paroles en mode YOLO décontractées du slip, rien n'est jamais simple avec Luca Turilli, surtout quand le Cinematic Metal devient plus cinématique que Metal...
Track Listing:
1. Nova Genesis (Ad Splendorem Angeli Triumphantis) 03:08
2. Il cigno nero 04:08
3. Rosenkreuz (The Rose and the Cross) 04:34
4. Anahata 05:03
5. Il tempo degli dei 05:03
6. One Ring to Rule Them All 07:05
7. Notturno 04:34
8. Prometheus 05:06
9. King Solomon and the 72 Names of God 06:51
10. Yggdrasil 06:00
11. Of Michael the Archangel and Lucifer's Fall Part II: Codex Nemesis 18:04