Que la mode actuelle soit au Vintage, on le savait, et depuis quelque temps déjà, le Death Metal est affectée par cette étrange lame de fond Vintage qui pousse n'importe quel groupe de gamins à vouloir sonner comme il y a vingt ans, phénomène de mode amenant également le retour de certains anciens que l'on croyait mort et enterré depuis longtemps, bref, nous sommes aujourd'hui saturé de groupes de Death Old School, des nostalgiques d'une époque qu'ils n'ont pour la plupart pas connue, qui appliquent bêtement la formule toute faite des ancêtres du genre, le résultat est, comme pour le ReThrash, un déluge d'albums oscillant entre le médiocre et le quelconque, au mieux correct mais sans intérêt.
Pourtant, il n'en demeure pas moins que dans la masse, on trouve quelques exceptions, elles sont rares, certes, mais en cherchant bien, on en trouve, et principalement deux, les suédois de Tribulation et de Morbus Chron, deux groupes à la trajectoire identique, un premier album très bon qui pue le Old School mais dont on sent qu'il se passe quelque chose d'un peu différent, et des seconds disques en forme de confirmation qui prennent le Death pour base afin de partir dans une direction complètement différente, The Formulas of Death de Tribulation et Sweven de Morbus Chron répondent à cet impératif d'évolution, cette volonté de repousser les limites d'un genre codifié, et d'apporter un regard neuf et de la fraîcheur au Death Metal.
Pourquoi je vous parle de Tribulation et de Morbus Chron en introduction? tout simplement car Horrendous suit exactement le même parcours, et comme ses deux collègues suédois, ce jeune combo américain délivre un second album fondamentalement enraciné dans le Death Metal, mais contenant suffisamment d'évolutions pour emmener son Death dans une autre dimension...
Le titre de l'album, Ecdysis, ne laisse que peu de place au doute concernant les intentions des américains, vu que le terme se rapporte à la mue des arthropodes (Wikipedia), une mue permettant à certains insectes ou crustacés de grandir, d'acquérir de nouveaux organes, voir de changer de forme, et c'est précisément ce que parvient à réaliser Horrendous avec son second album, qui n'est pas une réinvention ni un changement de direction brutale, mais qui représente une nouvelle étape de son évolution, une évolution logique et tout ce qu'il y a de plus naturelle pour le groupe.
On avait quitté Horrendous en 2012 avec un The chills plutôt impressionnant pour un premier album, ténébreux, vindicatif, diaboliquement old school, on les retrouve deux ans plus tard avec un Ecdysis qui surpasse de la tête et des épaules son prédécesseur en terme d'écriture, d'exécution et de production, avec cette volonté d'aérer sa musique au musique, de rechercher la lumière, tout en demeurant fermement dans le giron du Death, un clair-obscur Death Metal qui reprend les éléments et les influences que l'on discernait sur The Chills en les réagençant constamment, Ecdysis est bien sûr plus mid-tempo, mais conserve malgré tout son attraction pour la violence et son sens du groove, à ceci, il y ajoute de nombreuses atmosphères, de l'aération, et maîtrise désormais l'art de la mélodie sinistre, c'est un peu comme si la brutalité mélodique de Dismember rencontrait la science du mouvement de Death, le tout saupoudré des leads ciselées et mélodiques de Dissection, ouais, tout ça.
Il faut d'emblée signaler la production très particulière d'Ecdysis, car pour le coup, Horrendous a tout bon, avec, chose rare pour une production artisanale, un excellent DR 10 que l'on ne trouve quasiment plus dans le Death Metal actuel, avec cette production très dynamique et organique, Horrendous parvient à sonner de manière Old School et en même temps très moderne, avec une clarté qui rend justice à chaque instrument, notamment une délicieuse basse qui galope entre une batterie furieuse, martiale, et des riffs tronçonneuses.
Du riff, vous allez en manger, des tonnes, empaquetés dans des titres souvent mid-tempo et d'une lourdeur implacable qui ne font que mettre en valeur des accélérations ultra brutales et un merveilleux travail sur les leads et les mélodies, qui confère à cet album une réelle dimension atmosphérique, surtout que le chant est au diapason, partagé entre les éructations à la Martin Van Drunen et des passages plus écorchés faisant immédiatement référence au grand Chuck.
Chaque titre est changeant, serpentant, The Stranger est un morceau qui débute de manière très lourde, lugubre, mais va rapidement survenir une accélération soutenue par une basse bondissante et un growl désespéré, le solo est juste ridiculement bon, et Horrendous n'hésite pas à conclure ce premier morceau de presque trois minutes de lourdeur atmosphérique et mélodique, Weeping Relic est direct, très classic old school dans son approche, alors que Heaven's Receit n'hésitera pas à ralentir le tempo pour un morceau à la frontière du Doom caverneux et mystique, ce ne sera pas la seule fois où Horrendous s'enfonce dans les méandres d'un Doom labyrinthique, Monarch est lent, traversé de spasmes de violence extrême, un peu à l'image d'un Nepenthe qui utilisera des chœurs ritualistes pour renforcer ce sentiment de désespoir qui l'englobe, un titre où encore une fois les leads et les ambiances sont à l'honneur, le groupe maîtrise ici les atmosphères Doom et brumeuses, on regrettera juste que le dernier titre, Titan, manque de nerf qui aurait pu faire monter la sauce, on se retrouve avec un morceau de fin d'album plutôt bien ambiancé avec des chœurs mais auquel il manque un petit quelque chose pour que cela fonctionne vraiment.
Horrendous se rapproche de Death par certains aspects, notamment cette science du mouvement et du changement de rythme, Resonator à ce côté saccadé mais avec un liant qui passe par une lead sinistre présente sur quasiment tout le titre, le sinueux Weeping Relic a par ailleurs une vibe Thrashy pas désagréable du tout.
Deux instrumentaux sont également au programme, When the Walls Fell est une pause rafraîchissante du côté du Heavy Metal à l'ancienne, dommage que The Vermillion donne l'impression d'être un morceau acoustique posé là par hasard, sans qu'il fasse le liant entre deux morceaux où serve d'introduction au titre suivant, c'est plutôt dommage car il casse un peu le rythme de l'album et on se demande ce que ça fout là.
Ecdysis est quand même une sacré bestiole, Horrendous a conservé ses attributs purement Death Old School et y a incorporé tout un tas de mélodies et de leads qui lui confère une dimension atmosphérique certaine, Ecdysis est à la fois mélodique, lugubre, sinistre, violent, et parvient à rester bizarrement catchy et fluide malgré les nombreux changements de rythme et d'atmosphère.
Avec une telle qualité d'écriture, des structures constamment en mouvement, des leads merveilleuses qui n'hésitent pas à frayer du côté du Thrash ou du Heavy, les aspirations Doom, ou encore une production organique et dynamique, Horrendous vient de pondre l'un des meilleurs albums de Death Metal de l'année, les américains repoussent les limites du Death Old School et nous propose leur propre relecture du genre, la marque des grands, assurément...
Pourtant, il n'en demeure pas moins que dans la masse, on trouve quelques exceptions, elles sont rares, certes, mais en cherchant bien, on en trouve, et principalement deux, les suédois de Tribulation et de Morbus Chron, deux groupes à la trajectoire identique, un premier album très bon qui pue le Old School mais dont on sent qu'il se passe quelque chose d'un peu différent, et des seconds disques en forme de confirmation qui prennent le Death pour base afin de partir dans une direction complètement différente, The Formulas of Death de Tribulation et Sweven de Morbus Chron répondent à cet impératif d'évolution, cette volonté de repousser les limites d'un genre codifié, et d'apporter un regard neuf et de la fraîcheur au Death Metal.
Pourquoi je vous parle de Tribulation et de Morbus Chron en introduction? tout simplement car Horrendous suit exactement le même parcours, et comme ses deux collègues suédois, ce jeune combo américain délivre un second album fondamentalement enraciné dans le Death Metal, mais contenant suffisamment d'évolutions pour emmener son Death dans une autre dimension...
Le titre de l'album, Ecdysis, ne laisse que peu de place au doute concernant les intentions des américains, vu que le terme se rapporte à la mue des arthropodes (Wikipedia), une mue permettant à certains insectes ou crustacés de grandir, d'acquérir de nouveaux organes, voir de changer de forme, et c'est précisément ce que parvient à réaliser Horrendous avec son second album, qui n'est pas une réinvention ni un changement de direction brutale, mais qui représente une nouvelle étape de son évolution, une évolution logique et tout ce qu'il y a de plus naturelle pour le groupe.
On avait quitté Horrendous en 2012 avec un The chills plutôt impressionnant pour un premier album, ténébreux, vindicatif, diaboliquement old school, on les retrouve deux ans plus tard avec un Ecdysis qui surpasse de la tête et des épaules son prédécesseur en terme d'écriture, d'exécution et de production, avec cette volonté d'aérer sa musique au musique, de rechercher la lumière, tout en demeurant fermement dans le giron du Death, un clair-obscur Death Metal qui reprend les éléments et les influences que l'on discernait sur The Chills en les réagençant constamment, Ecdysis est bien sûr plus mid-tempo, mais conserve malgré tout son attraction pour la violence et son sens du groove, à ceci, il y ajoute de nombreuses atmosphères, de l'aération, et maîtrise désormais l'art de la mélodie sinistre, c'est un peu comme si la brutalité mélodique de Dismember rencontrait la science du mouvement de Death, le tout saupoudré des leads ciselées et mélodiques de Dissection, ouais, tout ça.
Il faut d'emblée signaler la production très particulière d'Ecdysis, car pour le coup, Horrendous a tout bon, avec, chose rare pour une production artisanale, un excellent DR 10 que l'on ne trouve quasiment plus dans le Death Metal actuel, avec cette production très dynamique et organique, Horrendous parvient à sonner de manière Old School et en même temps très moderne, avec une clarté qui rend justice à chaque instrument, notamment une délicieuse basse qui galope entre une batterie furieuse, martiale, et des riffs tronçonneuses.
Du riff, vous allez en manger, des tonnes, empaquetés dans des titres souvent mid-tempo et d'une lourdeur implacable qui ne font que mettre en valeur des accélérations ultra brutales et un merveilleux travail sur les leads et les mélodies, qui confère à cet album une réelle dimension atmosphérique, surtout que le chant est au diapason, partagé entre les éructations à la Martin Van Drunen et des passages plus écorchés faisant immédiatement référence au grand Chuck.
Chaque titre est changeant, serpentant, The Stranger est un morceau qui débute de manière très lourde, lugubre, mais va rapidement survenir une accélération soutenue par une basse bondissante et un growl désespéré, le solo est juste ridiculement bon, et Horrendous n'hésite pas à conclure ce premier morceau de presque trois minutes de lourdeur atmosphérique et mélodique, Weeping Relic est direct, très classic old school dans son approche, alors que Heaven's Receit n'hésitera pas à ralentir le tempo pour un morceau à la frontière du Doom caverneux et mystique, ce ne sera pas la seule fois où Horrendous s'enfonce dans les méandres d'un Doom labyrinthique, Monarch est lent, traversé de spasmes de violence extrême, un peu à l'image d'un Nepenthe qui utilisera des chœurs ritualistes pour renforcer ce sentiment de désespoir qui l'englobe, un titre où encore une fois les leads et les ambiances sont à l'honneur, le groupe maîtrise ici les atmosphères Doom et brumeuses, on regrettera juste que le dernier titre, Titan, manque de nerf qui aurait pu faire monter la sauce, on se retrouve avec un morceau de fin d'album plutôt bien ambiancé avec des chœurs mais auquel il manque un petit quelque chose pour que cela fonctionne vraiment.
Horrendous se rapproche de Death par certains aspects, notamment cette science du mouvement et du changement de rythme, Resonator à ce côté saccadé mais avec un liant qui passe par une lead sinistre présente sur quasiment tout le titre, le sinueux Weeping Relic a par ailleurs une vibe Thrashy pas désagréable du tout.
Deux instrumentaux sont également au programme, When the Walls Fell est une pause rafraîchissante du côté du Heavy Metal à l'ancienne, dommage que The Vermillion donne l'impression d'être un morceau acoustique posé là par hasard, sans qu'il fasse le liant entre deux morceaux où serve d'introduction au titre suivant, c'est plutôt dommage car il casse un peu le rythme de l'album et on se demande ce que ça fout là.
Ecdysis est quand même une sacré bestiole, Horrendous a conservé ses attributs purement Death Old School et y a incorporé tout un tas de mélodies et de leads qui lui confère une dimension atmosphérique certaine, Ecdysis est à la fois mélodique, lugubre, sinistre, violent, et parvient à rester bizarrement catchy et fluide malgré les nombreux changements de rythme et d'atmosphère.
Avec une telle qualité d'écriture, des structures constamment en mouvement, des leads merveilleuses qui n'hésitent pas à frayer du côté du Thrash ou du Heavy, les aspirations Doom, ou encore une production organique et dynamique, Horrendous vient de pondre l'un des meilleurs albums de Death Metal de l'année, les américains repoussent les limites du Death Old School et nous propose leur propre relecture du genre, la marque des grands, assurément...