Jack Bauer a fait son retour cette année, et même si cette nouvelle saison de 24 contenait tous les ingrédients classiques de la série, manipulation, trahison, torture, action, violence, terrorisme, paranoïa, quelque chose clochait cette fois-ci, et ce qui empêchait de savourer ce retour, c'était tout simplement le fait que le contexte avait changé, Jack Bauer, c'était le héros de l’Amérique post 11 septembre, une période très précise, et 24 collait à son époque, sauf qu'en 2014, Jack Bauer apparaissait plus comme une relique d'un temps révolu, le retour d'un héros dont finalement plus personne n'avait besoin, 24, malgré ses qualités, et aussi ses défauts, posait le problème du contexte et de la pertinence alors que le monde avait changé depuis sa première saison.
Pourquoi je vous parle d'une série télé en introduction d'une chronique? tout simplement car le retour d'At The Gates pose le même problème de pertinence par rapport au contexte d'où il est issu, At the Gates, c'est Jack Bauer qui veut vivre un autre jour, faire la même chose qu'il y a 20 ans, mais en 2014, et même si le groupe a de nombreuses qualités, le contexte n'est plus du tout le même qu'à l'époque, At War With Reality a beau avoir toutes les qualités qu'on attendait de lui, et même être un disque plus que correct, il n'en demeure pas moins que son impact est bien moins important qu'avant, At the Gates n'est désormais plus vraiment pertinent, le retour d'un héros dont on a plus besoin en quelque sorte...
At the Gates a sa place dans l'histoire du Metal, après tout, il est l'un des pères fondateurs de toute une mouvance qui influencera toute une scène à l'époque, et qui continue d'influencer toute une nouvelle génération de groupes, et même si At the Gates n'était pas tout seul, il reste l'un des premiers à avoir posé les bases de la mouvance Death mélodique moderne, ce que l'on continue d'appeler encore le fameux "Son de Göteborg".
Elle est là la différence de contexte, At the Gates a tout dit en quatre albums, et a surtout largement contribué à défricher le terrain pour les autres, gagnant son statut de légende et de groupe innovateur, définissant les contours de toute la scène MeloDeath, At the Gates est un groupe légendaire à l'influence indéniable, qui évoluait à une époque où tout était encore à découvrir et à "inventer", presque 20 ans après son dernier album studio, At the Gates évolue désormais dans un monde où il n'a plus grand chose à dire.
Du fait de son statut de pionnier, vous imaginez bien qu'At the Gates a été copié à grande échelle par des centaines de groupes, principalement en Europe au début, mais par la suite en Amérique du Nord où toute une frange du Metalcore s'est appuyée sur les base du Death mélodique suédois, c'est le revers de la médaille quand on participe à l'émergence d'un nouveau genre, on est copié, pire encore, en 20 ans, At the Gates a souvent été égalé, voir même parfois largement surpassé, le son At the Gates, et par extension le son de Göteborg, a tellement été cloné que le Melodeath est arrivé à saturation et n'a plus grand intérêt aujourd'hui, les groupes se contentant de "faire du At the Gates" sans trop de complexe.
Je vous avez déjà parlé de ça lors d'un Edito en janvier dernier, je ne vais pas forcément y revenir, surtout que j'y évoque un point important, une comparaison entre le retour de Carcass et ce retour d'At the Gates, et non, cela n'a absolument RIEN à avoir, et justifier le retour d'At the Gates par le prisme du comeback de Carcass relève d'une certaine méconnaissance du contexte de l'époque.
Bref, l'idée principale d'At the Gates avec At War with Reality est de sortir l'album qui soit le moins mauvais possible afin de ne pas salir la légende du groupe, et justifier une nouvelle tournée, après tout, cela fait désormais quelques années que le groupe est revenu sur scène, principalement pour monnayer sa présence en festival, le trip nostalgique ne pouvait pas durer éternellement, il fallait bien proposer autre chose pour relancer l'intérêt autour du groupe.
Résumer At War with Reality est chose aisée, vu que le disque sera sans surprise, cet album, c'est globalement Slaughter of the soul, voir même Terminal Spirit Disease, avec une production enfin à la hauteur (ce qui était loin d'être le cas dans les années 90), puissante, moderne, racée, mais avec un Tomas Lindberg largement moins bon qu'avant, bah ouais, ce bon vieux Tompa accuse un peu le poids des années, comme on pouvait s'y attendre.
On ne va pas comparer At War with Reality avec ses quatre prédécesseurs, ce serait idiot vu que le contexte est différent, et je me garderait bien de vous dire si cet album est meilleur ou moins bon qu'un Terminal Spirit Disease, il convient juste d'appréhender cet album comme il est, un énième disque de Death mélodique que vous avez déjà entendu des centaines de fois si vous vous intéressez au MeloDeath, et qui vous propose pile-poil ce que vous attendiez si vous êtes fan du groupe, malheureusement, comme prévu, rien de neuf à l'horizon, c'est le recyclage attendu.
Cet album est finalement à l'image du chant de Lindberg, moins hargneux, moins violent, et donc, naturellement moins excitant, car même si At the Gates va faire son possible pour nous proposer un disque classique à l'ancienne, At War with Reality ne procure pas les même frissons, ni les mêmes réactions qu'à l'époque, ce nouvel At the Gates est un poil plus mélodique aussi, montrant un groupe décontracté qui ne s'est pas trop foulé pour la simple et bonne raison qu'il n'en avait pas la volonté, les suédois empruntent la voix de la facilité, et même si l'on peut être heureux que le groupe ne se soit pas chié dessus, il va être difficile de s'enthousiasmer, At War with Reality est juste un disque correct qui n'évite pas le trip nostalgique sans grand intérêt.
Attention cependant, At War with Reality est loin d'être mauvais, proposant tranquillement son quota de titres MeloDeath qui défouraillent pas mal, après tout, Anders Bjöler et Martin Larsson sont toujours de très bon guitaristes et de sacré tricoteurs de riffs, les leads sont conformes à ce que l'on était en droit d'attendre, et apportent le supplément de mélodies, vu qu'il ne faudra pas compter sur un Lindberg monolithique en roue libre pour cela.
Il faut saluer l'excellente introduction mystérieuse El Altar Del Dios Desconocido, qui reprend un extrait de Sobre Héroes y Tumbas de l'écrivain argentin Ernesto Sabato, qui donne le ton du disque, notamment les des lyrics qui seront très portées sur l'occultisme et l'ésotérisme, on sera par contre moins surpris d'un Death and the Labyrinth de facture très classique, et c'est précisément là où le groupe est le moins bon sur ce disque, c'est un peu étrange, mais les morceaux les plus directs sont les moins intéressants, car bien trop convenus, c'est le cas de l'éponyme At War With Reality, The Conspiracy of the Blind, ou Eater of Gods, bah ouais, ça envoie, c'est sympa, mais c'est fait et refait, sans surprise, avec ce mélange habituel de riff tranchant et de lead mélodique, qui donne l'impression d'être un peu réchauffé.
Malgré tout, ça reste diablement efficace et catchy du début à la fin, faut pas se mentir, ne rien faire de neuf ne signifie pas forcément faire de la daube, At the Gates a bien compris ce que les fans attendaient de lui, et lui fournit précisément ce qu'il veut, proposant également suffisamment de diversité pour ne pas lasser, car c'est bien ce qui distingue At the Gates de la masse, son talent de composition et son sens du détail, qui lui permet de faire dans le recyclage tout en sonnant relativement frais, The Book of Sand est un putain de bon titre quand même, subtil mélange entre la force brute, les aspirations mélodiques, et les atmosphères, avec une ultime minute plutôt bandante, de la même manière le dernier morceau The Night Eternal est assez poignant et joue sur certains aspects mélancoliques, on regrettera que l'interlude City of Mirrors, même si bien foutue, ne débouche sur absolument rien, elle est posée là, elle ne sert pas d'introduction au titre suivant, ce qui la rend tout à fait inutile.
Même si At War With Reality ne réinvente rien, ce qui n'est pas le but, il faut quand même avouer qu'At the Gates reste largement au dessus de la masse des groupes de Death mélodique, enfin, disons plutôt au dessus de la moyenne, car ce que propose At the Gates n'a rien de franchement impactant, et on ne peut pas parler de coup de génie pour son retour aux affaires.
Cet album aurait pu être davantage pertinent si At the Gates s'était servi de son MeloDeath classique pour aller dans une autre direction, ce n'est pas le cas, car il ne fait que répéter une formule assez safe sans prendre aucun risque, malgré tout, on pourra toujours se dire qu'At War with Reality est un bon disque, qui, surtout, et c'est bien ça le principal, ne déçoit pas, tout ce que vous aimiez chez At the Gates est toujours plus ou moins là, même si, bien sûr, l'album n'est qu'une énième resucée Death mélodique, très accrocheur, certes, mais pas de quoi en faire le retour triomphal du roi, juste le retour d'un héros dont on a plus forcément besoin, et dont on attend plutôt qu'il se réinvente afin de redevenir nécessaire...
Pourquoi je vous parle d'une série télé en introduction d'une chronique? tout simplement car le retour d'At The Gates pose le même problème de pertinence par rapport au contexte d'où il est issu, At the Gates, c'est Jack Bauer qui veut vivre un autre jour, faire la même chose qu'il y a 20 ans, mais en 2014, et même si le groupe a de nombreuses qualités, le contexte n'est plus du tout le même qu'à l'époque, At War With Reality a beau avoir toutes les qualités qu'on attendait de lui, et même être un disque plus que correct, il n'en demeure pas moins que son impact est bien moins important qu'avant, At the Gates n'est désormais plus vraiment pertinent, le retour d'un héros dont on a plus besoin en quelque sorte...
At the Gates a sa place dans l'histoire du Metal, après tout, il est l'un des pères fondateurs de toute une mouvance qui influencera toute une scène à l'époque, et qui continue d'influencer toute une nouvelle génération de groupes, et même si At the Gates n'était pas tout seul, il reste l'un des premiers à avoir posé les bases de la mouvance Death mélodique moderne, ce que l'on continue d'appeler encore le fameux "Son de Göteborg".
Elle est là la différence de contexte, At the Gates a tout dit en quatre albums, et a surtout largement contribué à défricher le terrain pour les autres, gagnant son statut de légende et de groupe innovateur, définissant les contours de toute la scène MeloDeath, At the Gates est un groupe légendaire à l'influence indéniable, qui évoluait à une époque où tout était encore à découvrir et à "inventer", presque 20 ans après son dernier album studio, At the Gates évolue désormais dans un monde où il n'a plus grand chose à dire.
Du fait de son statut de pionnier, vous imaginez bien qu'At the Gates a été copié à grande échelle par des centaines de groupes, principalement en Europe au début, mais par la suite en Amérique du Nord où toute une frange du Metalcore s'est appuyée sur les base du Death mélodique suédois, c'est le revers de la médaille quand on participe à l'émergence d'un nouveau genre, on est copié, pire encore, en 20 ans, At the Gates a souvent été égalé, voir même parfois largement surpassé, le son At the Gates, et par extension le son de Göteborg, a tellement été cloné que le Melodeath est arrivé à saturation et n'a plus grand intérêt aujourd'hui, les groupes se contentant de "faire du At the Gates" sans trop de complexe.
Je vous avez déjà parlé de ça lors d'un Edito en janvier dernier, je ne vais pas forcément y revenir, surtout que j'y évoque un point important, une comparaison entre le retour de Carcass et ce retour d'At the Gates, et non, cela n'a absolument RIEN à avoir, et justifier le retour d'At the Gates par le prisme du comeback de Carcass relève d'une certaine méconnaissance du contexte de l'époque.
Résumer At War with Reality est chose aisée, vu que le disque sera sans surprise, cet album, c'est globalement Slaughter of the soul, voir même Terminal Spirit Disease, avec une production enfin à la hauteur (ce qui était loin d'être le cas dans les années 90), puissante, moderne, racée, mais avec un Tomas Lindberg largement moins bon qu'avant, bah ouais, ce bon vieux Tompa accuse un peu le poids des années, comme on pouvait s'y attendre.
On ne va pas comparer At War with Reality avec ses quatre prédécesseurs, ce serait idiot vu que le contexte est différent, et je me garderait bien de vous dire si cet album est meilleur ou moins bon qu'un Terminal Spirit Disease, il convient juste d'appréhender cet album comme il est, un énième disque de Death mélodique que vous avez déjà entendu des centaines de fois si vous vous intéressez au MeloDeath, et qui vous propose pile-poil ce que vous attendiez si vous êtes fan du groupe, malheureusement, comme prévu, rien de neuf à l'horizon, c'est le recyclage attendu.
Cet album est finalement à l'image du chant de Lindberg, moins hargneux, moins violent, et donc, naturellement moins excitant, car même si At the Gates va faire son possible pour nous proposer un disque classique à l'ancienne, At War with Reality ne procure pas les même frissons, ni les mêmes réactions qu'à l'époque, ce nouvel At the Gates est un poil plus mélodique aussi, montrant un groupe décontracté qui ne s'est pas trop foulé pour la simple et bonne raison qu'il n'en avait pas la volonté, les suédois empruntent la voix de la facilité, et même si l'on peut être heureux que le groupe ne se soit pas chié dessus, il va être difficile de s'enthousiasmer, At War with Reality est juste un disque correct qui n'évite pas le trip nostalgique sans grand intérêt.
Attention cependant, At War with Reality est loin d'être mauvais, proposant tranquillement son quota de titres MeloDeath qui défouraillent pas mal, après tout, Anders Bjöler et Martin Larsson sont toujours de très bon guitaristes et de sacré tricoteurs de riffs, les leads sont conformes à ce que l'on était en droit d'attendre, et apportent le supplément de mélodies, vu qu'il ne faudra pas compter sur un Lindberg monolithique en roue libre pour cela.
Il faut saluer l'excellente introduction mystérieuse El Altar Del Dios Desconocido, qui reprend un extrait de Sobre Héroes y Tumbas de l'écrivain argentin Ernesto Sabato, qui donne le ton du disque, notamment les des lyrics qui seront très portées sur l'occultisme et l'ésotérisme, on sera par contre moins surpris d'un Death and the Labyrinth de facture très classique, et c'est précisément là où le groupe est le moins bon sur ce disque, c'est un peu étrange, mais les morceaux les plus directs sont les moins intéressants, car bien trop convenus, c'est le cas de l'éponyme At War With Reality, The Conspiracy of the Blind, ou Eater of Gods, bah ouais, ça envoie, c'est sympa, mais c'est fait et refait, sans surprise, avec ce mélange habituel de riff tranchant et de lead mélodique, qui donne l'impression d'être un peu réchauffé.
Malgré tout, ça reste diablement efficace et catchy du début à la fin, faut pas se mentir, ne rien faire de neuf ne signifie pas forcément faire de la daube, At the Gates a bien compris ce que les fans attendaient de lui, et lui fournit précisément ce qu'il veut, proposant également suffisamment de diversité pour ne pas lasser, car c'est bien ce qui distingue At the Gates de la masse, son talent de composition et son sens du détail, qui lui permet de faire dans le recyclage tout en sonnant relativement frais, The Book of Sand est un putain de bon titre quand même, subtil mélange entre la force brute, les aspirations mélodiques, et les atmosphères, avec une ultime minute plutôt bandante, de la même manière le dernier morceau The Night Eternal est assez poignant et joue sur certains aspects mélancoliques, on regrettera que l'interlude City of Mirrors, même si bien foutue, ne débouche sur absolument rien, elle est posée là, elle ne sert pas d'introduction au titre suivant, ce qui la rend tout à fait inutile.
Même si At War With Reality ne réinvente rien, ce qui n'est pas le but, il faut quand même avouer qu'At the Gates reste largement au dessus de la masse des groupes de Death mélodique, enfin, disons plutôt au dessus de la moyenne, car ce que propose At the Gates n'a rien de franchement impactant, et on ne peut pas parler de coup de génie pour son retour aux affaires.
Cet album aurait pu être davantage pertinent si At the Gates s'était servi de son MeloDeath classique pour aller dans une autre direction, ce n'est pas le cas, car il ne fait que répéter une formule assez safe sans prendre aucun risque, malgré tout, on pourra toujours se dire qu'At War with Reality est un bon disque, qui, surtout, et c'est bien ça le principal, ne déçoit pas, tout ce que vous aimiez chez At the Gates est toujours plus ou moins là, même si, bien sûr, l'album n'est qu'une énième resucée Death mélodique, très accrocheur, certes, mais pas de quoi en faire le retour triomphal du roi, juste le retour d'un héros dont on a plus forcément besoin, et dont on attend plutôt qu'il se réinvente afin de redevenir nécessaire...
Live Another Day
Track Listing:
1. El Altar Del Dios Desconocido
2. Death and the Labyrinth
3. At War with Reality
4. The Circular Ruins
5. Heroes and Tombs
6. The Conspiracy of the Blind
7. Order from Chaos
8. The Book of Sand (The Abomination)
9. The Head of the Hydra
10. City of Mirrors
11. Eater of Gods
12. Upon Pillars of Dust
13. The Night Eternal