Rappelez-vous, c'était en avril dernier, et je détruisais le second album de Cavalera Conspiracy, en conseillant à Mr Cavalera de prendre de longues vacances histoire de retrouver un peu d'inspiration...
Et bien il faut croire que Max ne pas écouté, car le voici de retour avec un nouveau disque sous le bras, Enslaved, cette fois-ci avec Soulfly.
Vous allez me dire qu'étant donné que j'ai détruit son dernier disque et que je passe mon temps à lui vomir dessus dès que j'en ai l'occasion, je vais forcément être partial avec Enslaved, en détruisant une nouvelle fois un album gratuitement sans aucune forme de pitié, je peux le concevoir, mais sachez que j'ai une certaine éthique, et que j'y ai même cru à cet album, quand j'ai écouté le titre Gladiator, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai décidé de l'écouter et d'en faire une chronique, en pensant bêtement que le gros Max pouvait se sortir les doigts et nous pondre un album qui déchire, malheureusement, une fois de plus, c'est la soupe à la grimace qui nous est servie ici, même s'il faut bien admettre que Enslaved est meilleur que le Cavalera Conspiracy, enfin bon, disons plutôt qu'il est moins pourri, ce qui n'était pas difficile...
La grande différence entre le Soulfly actuel (le bourrin débarrassé de son identité tribale) et Cavalera Conspiracy? Et bien c'est le groove ma bonne dame, là où CC est ultra linéaire et complètement stérile dans sa brutalité, Soulfly est plus groovy, et use d'atmosphères assez sombres, une bonne chose? mouais, le seul problème, c'est que ce sont exactement les mêmes grosses ficelles qui sont une nouvelle fois employées ici, une grosse tambouille bien fade qui sent le réchauffé.
Dans les deux cas, le scénario est connu d'avance, on tabasse, on brutalise, sans trop de subtilité, en mode bas-de-plafond, avec un Max toujours égal à lui-même dans la médiocrité de ses paroles, le seul point positif, ce sont les ambiances créées par les leads de Marc Rizzo, c'est bien la seule chose qui sauvent les morceaux du naufrage intégral, et encore, seulement quelques-uns...
Par contre, il y a du changement depuis le dernier album, exit Joe Nunez et Bobby Burns, les remplaçants sont donc, non pas les gamins de Max (on y a échappé belle...), mais Tony Campos à la basse et David Kinkade à la batterie, une section rythmique toute neuve, mais on ne va pas se mentir, comme leur but et de bourriner tout le temps, on ne remarque pas vraiment la différence, ils font le job de manière plutôt convaincante, ni plus, ni moins.
Bref, l'album débute par une sorte de longue intro de presque deux minutes, distordue, menaçante, qui rend plutôt bien, et qui donne confiance pour la suite... Seulement voilà, le premier vrai titre, c'est le single pourri World Scum, qui est d'une banalité hallucinante, malgré la présence de Travis Ryan de Cattle Decapitation, un titre direct et sans intérêt dont Cavalera conspiracy à le secret, et c'est moche.
Une fois de plus, on remarque la façon particulière qu'à Max Cavalera d'aborder l'écriture de ses paroles et de ses lignes de chant, stéréotypé au possible, ce type nous sert toujours la même chose depuis trop longtemps, à savoir des titres de chansons généralement en un seul mot, des refrains vaguement vindicatifs en se contentant de répéter le titre de la chanson ou des synonymes, des phrases courtes qu'il vomit dans son micro comme des slogans, du pas compliqué, avec un champ lexical toujours aussi restreint, toujours dans les mêmes thèmes, l'esclavage, la société, la violence, la guerre, de la grande poésie, donc...
L'album ne pouvait pas commencer plus mal, mais bizarrement, ça s'améliore un peu par la suite, Intervention n'est pas le titre de l'année, mais délivre une ambiance plus pesante assez agréable, et par contre, Gladiator est pour du Soulfly une franche réussite, du moins musicalement, car le titre est groovy, varié, alternant les passages bourrins et les passages plus aériens, mais au niveau des paroles, une fois de plus, c'est nul, toutes les rimes en -or y passent, warrior, terror, ou encore gladiator répété jusqu'à l'indigestion, et franchement, entendre Max gueuler Hail Caesar, ça fait un peu ridicule.
De la même manière, Legions est une autre réussite, toujours dans le groove et les atmosphères, ça rentre dans le lard sans donner ce sentiment de bourrinage stérile, les leads de Rizzo sont excellents, comme sur le titre précédent, et on passe un bon moment...
Ouais, mais en fait non, car alors que l'on croyait que l'album était lancé et qu'ils allaient continuer sur leur lancée, et bien le soufflet retombe d'un coup, avec le retour des titres de merde jusqu'à la fin du disque, il y a peut-être Treachery à sauver, mais on ne va pas chipoter, car franchement, les American Steel, Plata o Plomo ou encore Redemption of man by god (avec Dez Fafara), c'est de la grosse daube.
Ces titres sont toujours construits de la même manière, avec les riffs en cartons recyclés et les passages plus atmosphériques, soulfly nous ressert une fois de plus la même soupe réchauffée qui n'a plus aucune saveur, tant ses ingrédients sont devenus systématiques et atrocement surfaits, cette fin d'album est complètement vaine, avec en point d'orgue le titre final, atrocement médiocre, avec, ce qui devient une sale habitude, la participations des gamins de Max.
En lieu et place d'un "Arise on Crack" (dixit David Kinkade), et bien on se retrouve encore avec la vieille tambouille bien grasse et indigeste du père Cavalera, tout ce que tu écoutes ici, et bien tu l'as déjà écouté avant, généralement en mieux, avec son groove de pacotille qui se révèle au final inoffensif, et surtout très vite oublié, tu écoutes l'album, tu te dis que c'est pas trop mal, et au bout d'un certain temps, c'est à peine si tu t'es rendu compte que le disque s'était arrêté car rien n'a retenu ton attention, de plus, certains titres sont tellement décousus qu'il est difficile de suivre le fil, on se perd un peu dans certains passages tribaux qui sortent de nulle part.
Alors bien sûr, l'album fait illusion, le temps d'une écoute, mais pas plus, Enslaved est tellement stéréotypé qu'il ne manque plus que Max ne ressorte son pagne pour aller faire du tam-tam dans la jungle avec les indiens comme au bon vieux temps...
Enslaved n'est donc pas l'album de la résurrection, ni pour Soulfly, ni pour Max Cavalera, mais juste un autre disque de plus sans grand intérêt, en répétant toujours la même recette qui sent le réchauffé.
Une tambouille qui peut faire illusion, mais quand on gratte un peu, on se rend vite compte que l'album tourne à vide et qu'il n'y a pas grand chose de consistant à se mettre sous la dent, pourtant on sent que le groupe a essayé de se sortir les doigts pour se refaire la cerise, mais c'est loin d'être suffisant, une couche de peinture fraîche sur un mur en ruine, en quelque sorte.
Certes moins bas-de-plafond que les albums précédents, Enslaved n'en demeure pas moins un album bancal, boursouflé, toujours aussi manichéen et simpliste, globalement sans grand intérêt, si ce n'est de servir d'excuse à une nouvelle tournée...
Max, prends des vacances bordel!
1,5 / 5