dimanche 11 mars 2012

Epica - Requiem for the Indifferent






En à peine quatre albums studio, Epica est devenu la référence du Metal Symphonique à chanteuse, After Forever ayant mis la clé sous la porte, Within Temptation étant devenu un vulgaire groupe de pop se vautrant dans le easy-listening, et Nightwish étant... Nightwish (sic), il ne reste donc plus que Epica et ses innombrables clones disséminés dans toute l'Europe.
Bref, quand on pense Metal Symphonique, on pense Epica, le groupe étant plus ou moins devenu le maître étalon du genre, qui sert de point de comparaison quand il s'agit d'écouter un autre groupe du style, ce qui pose finalement un problème, car quand on évolue dans un genre aussi codifié aux limites aussi définies, qu'a-t-on encore à dire quand il s'agit de sortir un cinquième album, comment évoluer?
Globalement, par le passé, Epica répondait à cette question en faisant évoluer sa tambouille très légèrement, soit plus mélodique, soit plus bourrin, mais il est évident que cela n'allait pas suffire indéfiniment.
C'est toute la problématique de ce Requiem for the Indifferent, reprendre tous les éléments ayant fait le succès du groupe, et tous ses codes, afin d'en faire quelque chose de neuf, ou tout du moins de montrer que le groupe avance encore.
Et bien, c'est raté...

Mais attention, pas un gros raté quand même, Requiem for the Indifferent fourni son minimum syndical de moments sympas, mais tout ce que vous allez entendre ici sonne le déjà entendu, en fait, l'album manque cruellement d'efficacité et se traîne en longueur, la faute à une orientation plus mélodique, sombre, et surtout plus progressive, sur le papier, ça pourrait être une bonne idée, seulement voilà, en lieu et place d'avoir des titres longs, variés, riches et intéressants, on a des titres longs, chiants, bordéliques et poussifs, c'est con, car certains des titres plus courts fonctionnent encore assez bien.

L'album débute donc par la traditionnelle intro symphonique un peu chiante qui annonce le premier titre, Monopoly of Truth, qui est du pur Epica, avec ses guitares acérées mais que je trouve un poil sous-mixées, ses orchestrations et ses choeurs over-the-top, les grunts de Mark Jansen et les vocalises de la belle rouquine Simone Simons, un titre classique qui fonctionne assez bien malgré l'absence d'un vrai refrain fédérateur, on est donc en terrain connu, avec une seconde moitié beaucoup plus intéressante.
Le début de l'album est plutôt pas mal, avec un second titre, Storm the Sorrow, qui a tout d'un single en puissance, avec un excellent refrain et une intervention discrète de Jansen, mais on remarque tout de suite que quelque chose cloche, ça manque de pèche et de puissance, les deux premiers titres portent certes le trademark Epica, mais n'ont pas la même efficacité ni le même impact que par le passé, l’agressivité est toute contenue, et ce n'est pas le titre suivant, Delirium, qui va me rassurer, vu que c'est une grosse balade bien mielleuse qui colle aux dents avec son piano larmoyant et son solo guimauve.
S'ensuit quand même une petite cavalcade à la Epica, Internal Warfare va droit au but sans se poser trop de question, avant les 8'34 du titre éponyme, Requiem for the Indifferent, qui commence par une petite ambiance arabisante pas désagréable, mais qui malheureusement apparaît comme étant forcé et quasiment en pilotage automatique, alignant les passages attendus, sans aucunes surprises, et surtout sans retrouver le souffle épique d'un Kingdom of Heaven, le titre est donc un peu trop fade et assez facile.
C'est à partir de là que l'album va peu à peu sombrer dans l'ennui et la facilité (déjà que ce n'était pas reluisant avant) et nous montrer un groupe complètement à la ramasse, à la limite du foutage de gueule avec le trio de la honte Guilty Demeanor/Deep Water Horizon/Stay the Course
Guilty Demeanor, donc, qui suit déjà l'ennuyeuse interlude au piano Anima, qui est sans conteste le titre le plus nul de l'album, avec une Simone qui va te saouler en trois minutes avec ses vocalises poussives et son refrain de merde, le titre n'a aucun intérêt, de même que le suivant, Deep water horizon qui n'est qu'une autre balade foireuse où tout est convenu, tout joli, tout plat, qui ne transmet aucune émotion particulière, et ce n'est pas l’accélération finale à base de grunts qui va y changer quoique ce soit, et tellement dégouté, je ne vous parlerai même pas de l'horrible Stay the course, qui semble n'être qu'un assemblage de passages hétéroclites n'ayant absolument rien à faire ensemble...
Les trois derniers titres souffrent d'ailleurs du même problème, cette propension à partir dans tous les sens pour aboutir finalement nulle part, avec certes des passages vraiment intéressants et bien foutus, mais ces bons moments sont gâchés par l'irruption de trucs qui n'ont rien à faire là et qui tombent ici comme un cheveu sur la soupe, sans véritable ligne directrice, ce qui est dommage car il y a souvent de bonnes idées.
Dans l'ensemble, on remarque surtout, en dehors de ses titres décousus, la faiblesse et la manque d'impact des morceaux proposés ici, il y a moins de grunts, mais Simone Simons ne compense pas du tout, et sombre elle aussi dans l'ennui, sa voix devient du coup assez redondante voir même pénible sur la durée; Au niveau des orchestrations, elles sont encore plus poussées que d'habitude, plus pompeuses aussi, chaque titre dégouline de claviers et de choeurs, rendant l'ensemble incroyablement mou du genou...

Requiem for the Indifferent est donc l'album le plus faible de la discographie des hollandais, c'est con, car c'est aussi le plus ambitieux et le plus aventureux, le problème, c'est cette absence de liant et de ligne directrice, avec des passages qui n'ont rien à faire là qui vous tombent dessus et qui vous gâchent un morceau
L'autre point négatif, c'est ce manque d'agressivité et de puissance, ça ronronne tranquille, en roue libre, Epica donne souvent le sentiment de ne pas trop se fouler et d'en faire le minimum en terme d'implication, ce n'est pas le grand plongeon dans la pop, mais tout ça manque de couilles, et surtout, le disque est gavé jusqu'à la gueule, il faut bien du courage pour se taper en entier, l'ennui vous guette et le tout dégouline d'orchestrations pompeuses.
Après, bien sûr, ça reste du Epica, donc il y a quand même un certain savoir-faire qui leur permet de limiter la casse même quand l'inspiration n'est pas au rendez-vous comme c'est le cas ici, de plus, on ne peut pas leur reprocher de ne pas essayer d'emprunter une nouvelle direction, même si ce pas demeure timide et mal assuré, au mieux, Requiem for the Indifferent est un album de transition, maladroit et remplit de défauts, vers quelque chose de plus sombre et de moins évident, au pire, c'est l'album d'un groupe désormais à la ramasse qui ne sait plus quoi faire pour s'en sortir.
Un album paradoxal, qui marque une évolution tout en restant profondément enraciné dans ses propres gimmicks, pour un résultat bancal et décevant...

Requiem for the Indigent...
2 / 5