La carrière de Bjorn Strid en est à un point où plus personne n'en a rien à branler des albums de Soilwork et où les gens de bon goût attendent désormais davantage des sorties de The Night Flight Orchestra, on en est là aujourd'hui, surtout qu'avec désormais trois albums au compteur, le projet a dépassé le cadre de one-shot et s'est débarrassé de son étiquette "groupe de Rock fun avec des gars connus venant du Death mélodique dedans", ouais, on ne va pas franchement parler de Metal aujourd'hui, voir même pas du tout, c'est d'ailleurs la chronique la moins Metal que vous lirez ici cette année, ce qui n'empêche pas que ça va être bien, car ce n'est pas encore aujourd'hui que NFO va faillir.
Comma d'habitude, la pochette est moche, c'est en quelque sorte devenu une marque de fabrique chez le groupe, surtout depuis qu'il a quitté les années 70 pour s'ancrer dans les années 80, car c'est bien cette évolution qu'a connue le groupe entre ses deux premiers albums, Internal Affairs était un disque profondément marqué par le classic Rock des années 70, alors que Skyline Whispers en était un prolongement chargé de sonorités 80's, The Night Flight Orchestra était parvenu à faire le lien entre deux époques très particulières, pour un résultat incroyablement fun et efficace.
Amber Galactic ne sera pas marqué par une profonde évolution, ce qui ne va pas empêcher The Night Flight Orchestra d'avancer quand même, en ne changeant pas de décennie cette fois-ci, il fait un saut de puce de quelques années afin de s'ancrer encore davantage dans les années 80, avec une fois de plus des tonnes et des tonnes de références aux groupes d'AOR et de Rock mélodique de l'époque, en faisant constamment ce grand écart entre les années 80 et les seventies, une véritable machine à recycler me direz-vous, surement, mais une musique qui dans le cas des suédois parvient à conserver malgré tout une certaine fraîcheur réjouissante, il faut dire aussi que le groupe n'a toujours pas décidé de se prendre au sérieux, ce qui est tant mieux.
Amber Galactic est un pur album d'AOR qui pue les années 80, le groupe a quelque peu délaissé ses thématiques sur le voyage pour se concentrer sur l'essentiel, à savoir les gonzesses, et plus précisément les gonzesses en talon-aiguille, ce qui est le fétiche de Strid depuis le premier album, il suffit de voir le nombre de morceaux du disque ayant pour titre le prénom d'une demoiselle pour s'en rendre compte, Amber Galactic c'est l'occasion de sortir avec tes mocassins sans chaussettes pour sniffer ta ligne de coke sur les seins d'une gourgandine peu farouche dans le salon VIP d'un clup de strip, ouais, on a affaire à l'album le plus fun de l'année.
Bien sûr comme à l'accoutumée, il y aura cette tendance chez le groupe à jouer son AOR de manière un peu plus agressive que leurs modèles des années 80, la raison vient surement du background d'une partie du groupe, avec deux Soilwork et un Arch Enemy dans le projet, The Night Flight Orchestra passe souvent en force en allant droit à l'essentiel, ce qui donne des morceaux qui ne traînent jamais vraiment en route, en s'articulant régulièrement autour des refrains catchy à mort de Strid, ce qui est la marque de fabrique du groupe, NFO joue constamment sur l'efficacité et utilise toujours aussi finement ses gimmicks et orchestrations.
Le titre d'ouverture Midnight Flyer aura une vibe assez étrange, construit autour d'une course poursuite entre les riffs et les claviers particulièrement typés années 80, une espèce d'Arena Rock qui flirte par moment avec le progressif des années soixante-dix, le genre de morceau qui ne représente pas vraiment ce que sera l'album et sert davantage à faire le lien avec le premier album du groupe, dans une certaine mesure Sad State of Affairs renverra aussi à Internal Affairs pour son orientation classic Rock, la suite sera d'ailleurs plus concise avec des morceaux tout simplement irrésistibles, comme par exemple un Gemini où le groupe donne tout ce qu'il a, un refrain accrocheur comme c'est pas permis et un groove titanesque où la basse galope sur le dance-floor en tout liberté.
Jennie sera votre moment Supertramp du disque, surtout avec sa surcharge de claviers dégageant un flot assez particulier, la basse jouant encore son rôle de point d'ancrage autour duquel le groupe se permet d'ajouter ses habituelles facéties, le très groovy Domino renverra directement à Toto, et si vous aimez Survivor, vous risquez de ne pas résister à un Something Mystérious où le chant de Strid se fait un poil plus granuleux, le titre est massif, à la rythmique très marquée, et c'est surtout gavé d'une foultitude de détails sonores qui donnent à chaque titre une coloration particulière, au niveau des références, il se passera d'ailleurs un truc bizarre au début de Saturn in Velvet, le riff d'ouverture semble être piqué à Judas Priest auquel on aurait plaqué par dessus le piano de Love you to Death de Type O Negative, j'ai du mal à imaginer que ce soit une coïncidence, le morceau aura d'ailleurs un cheminement chaotique puisque quelques éléments de Disco seront jetés là-dedans, plus réussi sera Just another Night avec son saxophone super sexy, on regrettera peut-être que sur ce titre Speed manque de coffre et de justesse et qu'il passe un peu à travers.
Bien loin de n'être qu'une simple accumulation de références et d'emprunts à de glorieux aînés, The Night Flight Orchestra a un plan, et les compétences pour le mettre en oeuvre, c'est bien simple, l'interprétation est tout bonnement excellente de bout en bout, comme elle l'était déjà sur les deux albums précédents, chaque morceau fourmille de références et de détails, des congas, des cuivres, de l'orgue, des éléments de Funk ou de Disco, une rythmique qui Groove à mort, un Speed qui s'éclate a jouer avec tous les clichés des grands vocalistes de l'AOR, et rendons hommage au travail du guitariste David Andersson, parvenant à s'approprier toutes les références utilisées par le groupe avec une déconcertante facilité.
Pour en revenir au plan, il est simple, ancrer définitivement The Night Flight Orchestra dans les années 80, afin de produire le disque le plus fun de l'année, et c'est le cas, Amber Galactic risque d'accompagner la saison estivale des personnes de bon goût qui ne veulent pas se prendre la tête, le disque est fun, délicieusement kitsch, ne réinvente rien, mais ce n'est absolument pas le but ici, The Night Flight Orchestra continue d'étonner par sa capacité à s'approprier les codes et à jouer avec, pour un résultat particulièrement jouissif et étrangement frais.
Track Listing:
1. Midnight Flyer 06:07
2. Star of Rio 04:34
3. Gemini 04:17
4. Sad State of Affairs 04:50
5. Jennie 04:32
6. Domino 05:00
7. Josephine 04:41
8. Space Whisperer 04:34
9. Something Mysterious 04:10
10. Saturn in Velvet 07:26
11. Just Another Night 04:52