L'album éponyme de Queensrÿche sorti en 2013 avait prouvé une chose, que débarrassé de son encombrant leader tyrannique (et à la ramasse), le reste de la troupe était parfaitement capable de raccrocher les wagons et de faire re-sonner le groupe comme au bon vieux temps des années 80, et c'était un bon disque malgré toutes les limites de la manœuvre, car même si Queensrÿche a désormais retrouvé un excellent chanteur, de même que la volonté de retourner à ses racines Heavy/Prog, l'album de 2013 n'était que ça, un trip un peu passéiste destiné à rassurer les fans en leur donnant précisément ce qu'ils n'avaient pas eu durant les dix dernières années du règne de Geoff Tate.
2015, après un nouveau détour par les tribunaux, afin de s'assurer de la propriété du nom Queensrÿche (en fait ils ont surement payé une rançon à ce vieux brigand de Tate, en autorisant ce dernier à utiliser le nom Operation: Mindcrime pour son groupe solo de merde...), revoilà le légendaire combo américain (ouais, c'est légendaire dans la mesure où Operation Mindcrime est le meilleur album de Metal jamais composé) pour ce qui est... un nouveau trip dans le passé.
La question à se poser avec Queensrÿche en 2015 est de savoir si l'on peu se satisfaire de ça, d'un retour dans le passé, Queensrÿche a été dans les années 80 un groupe novateur ayant influencé une bonne partie de la scène Metal Prog, il ne l'est plus aujourd'hui, et tente de revenir à se qu'il faisait déjà avant du temps de son âge d'or, car autant Todd La Torre est un excellent clone vocal de Geoff Tate, dont les capacités sont environ un million de fois supérieures à celle de Tate aujourd'hui, autant Parker Lundgren n'est pas et ne sera jamais Chris DeGarmo, c'est d'ailleurs quand ce dernier est parti que tout est parti en couilles pour le groupe, à la question de savoir si l'on peut se contenter de ça, j'aurais plutôt tendance à donner une réponse négative, mais attention, cela ne veut pas dire que Condition Human soit un mauvais disque, il est même plutôt très bon, mais plutôt que de faire preuve d'innovation et de se réinventer, il n'est qu'un album nostalgique sonnant parfois un peu daté, le temps perdu, on ne le rattrapera plus jamais...
Très peu d'évolution par rapport à ce que vous avez entendu sur l'album éponyme, Condition Human en est le parfait prolongement, je me plaignais des morceaux un peu trop court et des idées pas toujours développées sur l'album précédent, Queensrÿche a au moins réglé le problème et retrouve un format de morceau un peu plus consistant, l'autre changement, cette fois-ci négatif, c'est la production bien plus moderne qu'il y a deux ans, qui fait malheureusement sonner Queensrÿche de manière trop aseptisée, notamment un son de batterie en plastique qui donne l'impression d'écouter une batterie programmée digne des groupes de Modern prog, j'entends bien que l'album éponyme était peut-être un poil trop raw, mais il y avait surement un juste milieu à trouver avant de tomber dans ce genre de prod manquant cruellement d'âme.
Partant de là, avec une ambition plus que limitée, et malgré le fait que le groupe veuille à tout prix sonner "comme avant", il ne faudra pas s'attendre à un disque du niveau d'Operation: Mindcrime, Condition Human emprunte un peu à Empire, et beaucoup à The Warning et Rage for Order, au lieu d'innover, Queensryche revient à une espèce d'âge de pierre du Metal progressif des années 80, et plutôt que de tenter de se renouveler, ce Queensryche cru 2015 ressemble aux premiers Fates Warning ou Crimson Glory, vous me direz qu'il y a pire comme comparaison, mais on est en 2015, de l'eau à couler sous les ponts et je ne suis pas sûr que faire aujourd'hui du Metal/Prog d'il y a trente ans soit un choix des plus judicieux, je crois bien que le groupe écoute un peu trop ses fans et veut donc leur faire plaisir à tout prix, ce qui est surement un jeu acceptable si le but du groupe n'est que de reconquérir sa fan-base, un peu moins s'il s'agit de conquérir de nouveaux fans, ces derniers risquant de trouver Condition Human quelque peu daté.
Malgré ces points négatifs, Condition Human reste un bon disque, certes vieillot, mais un bon disque quand même, car ses intentions, le groupe a su retrouver un certain allant, en redevenant un pur groupe de Metal et de progressif, pour un groupe qui avait sombré dans le Dad Rock pourri à un moment, l'écart est gigantesque, Arrow of Time, qui ouvre l'album, est en quelque sorte la déclaration d'intention du groupe, ce n'est pas un morceau particulièrement brillant, mais ça fonctionne, la voix de LaTorre est excellente, l'ensemble s'avère plutôt Heavy avec énormément de mélodies, ces dernières sont peut-être un peu trop convenues, mais on aura au moins plaisir à retrouver la véritable signature sonore du groupe, Guardian va d'ailleurs continuer dans la même veine, avec un refrain imparable qui fait mouche, dynamique, fluide, avec un peu côté prog mélodique vers 2'40 où l'on se croirait un peu chez Angra, et pour continuer sur ce début d'album pas vilain du tout, Hellfire sera une espèce de mid-tempo mélodique typique de Queensrÿche que seul ce groupe peut produire.
Bien sûr que tout ça est un poil prévisible et stéréotypé, mais le groupe revient de tellement loin qu'on peu éventuellement leur pardonner le fait de vouloir se raccrocher à des fondamentaux, surtout que Queensryche va parvenir à manœuvrer habilement dans sa discographie, ce qui va nous donner un album assez varié, Toxic Remedy est un clin d’œil appuyé à Empire, par contre Selfish Lives renvoie davantage à Hear in the Now Frontier, ce qui n'est pas une très bonne idée, on sera quand même un peu plus convaincu par un Eye9 purement progressif et particulièrement réussi, c'est à partir de ce titre que ça va devenir un peu mi-figue mi-raison et que Queensryche va alterner entre le bon et le moins bon, les deux ballades Bulletproof et Just Us ne sont pas franchement intéressantes, et forment avec Hourglass un enchaînement de trois titres tout ce qu'il y a de plus dispensable, heureusement, après presque quinze minutes bien trop sirupeuses, Queensryche va relever le niveau pour la fin de l'album avec en premier lieu un All There Was bien Heavy qui sera connecté par la petite interlude au gros morceau éponyme Condition Hüman, le seul moment où Queensryche sera ambitieux sur ce disque, une fresque épique de presque huit minutes avec de nombreux mouvements, qu'on soit bien clair, c'est pas du niveau de Suite Sister Mary, mais ça fait bien une vingtaine d'années qu'on avait pas eu un Queensryche à ce niveau, on a affaire à un morceau qui se rapproche de Promised Land avec une bonne louche de Savatage, dommage que le groupe n'ait pas eu la même audace sur l'intégralité de l'album...
Je suis partagé concernant ce disque, le retro-pédalage ça va un moment, et il serait temps que Queensrÿche se décide enfin à aller de l'avant, car malgré toutes ses qualités, le retour en force du progressif et également le retour à des sonorités plus Heavy, Condition Hüman est un album retro où le groupe passe son temps à regarder en arrière, j'entends bien que le but est de récupérer ses anciens fans, mais la manœuvre a ses limites, et l'on aurait vraiment aimé que Queensrÿche soit plus audacieux pour son deuxième album post-Tate.
Pas d'innovation, pas franchement d'ambition, c'est ce qui empêche de savourer complètement ce nouvel album des américains, mais j'y crois encore, qui sait, Queensrÿche mettra peut-être ses couilles sur la table la prochaine fois en sortant un concept-album qui fasse avancer enfin le groupe maintenant que les fondamentaux sont de nouveaux acquis, pour l'instant ce n'est pas le cas, et Queensrÿche fait un peu du surplace pour reconstituer sa fan-base égarée après des années d'errance, Condition Hüman est un bon disque de Metal/Prog à l'ancienne, trop à l'ancienne pour être flamboyant, mais suffisamment solide pour laisser l'espoir de jours meilleurs.
2015, après un nouveau détour par les tribunaux, afin de s'assurer de la propriété du nom Queensrÿche (en fait ils ont surement payé une rançon à ce vieux brigand de Tate, en autorisant ce dernier à utiliser le nom Operation: Mindcrime pour son groupe solo de merde...), revoilà le légendaire combo américain (ouais, c'est légendaire dans la mesure où Operation Mindcrime est le meilleur album de Metal jamais composé) pour ce qui est... un nouveau trip dans le passé.
La question à se poser avec Queensrÿche en 2015 est de savoir si l'on peu se satisfaire de ça, d'un retour dans le passé, Queensrÿche a été dans les années 80 un groupe novateur ayant influencé une bonne partie de la scène Metal Prog, il ne l'est plus aujourd'hui, et tente de revenir à se qu'il faisait déjà avant du temps de son âge d'or, car autant Todd La Torre est un excellent clone vocal de Geoff Tate, dont les capacités sont environ un million de fois supérieures à celle de Tate aujourd'hui, autant Parker Lundgren n'est pas et ne sera jamais Chris DeGarmo, c'est d'ailleurs quand ce dernier est parti que tout est parti en couilles pour le groupe, à la question de savoir si l'on peut se contenter de ça, j'aurais plutôt tendance à donner une réponse négative, mais attention, cela ne veut pas dire que Condition Human soit un mauvais disque, il est même plutôt très bon, mais plutôt que de faire preuve d'innovation et de se réinventer, il n'est qu'un album nostalgique sonnant parfois un peu daté, le temps perdu, on ne le rattrapera plus jamais...
Très peu d'évolution par rapport à ce que vous avez entendu sur l'album éponyme, Condition Human en est le parfait prolongement, je me plaignais des morceaux un peu trop court et des idées pas toujours développées sur l'album précédent, Queensrÿche a au moins réglé le problème et retrouve un format de morceau un peu plus consistant, l'autre changement, cette fois-ci négatif, c'est la production bien plus moderne qu'il y a deux ans, qui fait malheureusement sonner Queensrÿche de manière trop aseptisée, notamment un son de batterie en plastique qui donne l'impression d'écouter une batterie programmée digne des groupes de Modern prog, j'entends bien que l'album éponyme était peut-être un poil trop raw, mais il y avait surement un juste milieu à trouver avant de tomber dans ce genre de prod manquant cruellement d'âme.
Partant de là, avec une ambition plus que limitée, et malgré le fait que le groupe veuille à tout prix sonner "comme avant", il ne faudra pas s'attendre à un disque du niveau d'Operation: Mindcrime, Condition Human emprunte un peu à Empire, et beaucoup à The Warning et Rage for Order, au lieu d'innover, Queensryche revient à une espèce d'âge de pierre du Metal progressif des années 80, et plutôt que de tenter de se renouveler, ce Queensryche cru 2015 ressemble aux premiers Fates Warning ou Crimson Glory, vous me direz qu'il y a pire comme comparaison, mais on est en 2015, de l'eau à couler sous les ponts et je ne suis pas sûr que faire aujourd'hui du Metal/Prog d'il y a trente ans soit un choix des plus judicieux, je crois bien que le groupe écoute un peu trop ses fans et veut donc leur faire plaisir à tout prix, ce qui est surement un jeu acceptable si le but du groupe n'est que de reconquérir sa fan-base, un peu moins s'il s'agit de conquérir de nouveaux fans, ces derniers risquant de trouver Condition Human quelque peu daté.
Malgré ces points négatifs, Condition Human reste un bon disque, certes vieillot, mais un bon disque quand même, car ses intentions, le groupe a su retrouver un certain allant, en redevenant un pur groupe de Metal et de progressif, pour un groupe qui avait sombré dans le Dad Rock pourri à un moment, l'écart est gigantesque, Arrow of Time, qui ouvre l'album, est en quelque sorte la déclaration d'intention du groupe, ce n'est pas un morceau particulièrement brillant, mais ça fonctionne, la voix de LaTorre est excellente, l'ensemble s'avère plutôt Heavy avec énormément de mélodies, ces dernières sont peut-être un peu trop convenues, mais on aura au moins plaisir à retrouver la véritable signature sonore du groupe, Guardian va d'ailleurs continuer dans la même veine, avec un refrain imparable qui fait mouche, dynamique, fluide, avec un peu côté prog mélodique vers 2'40 où l'on se croirait un peu chez Angra, et pour continuer sur ce début d'album pas vilain du tout, Hellfire sera une espèce de mid-tempo mélodique typique de Queensrÿche que seul ce groupe peut produire.
Bien sûr que tout ça est un poil prévisible et stéréotypé, mais le groupe revient de tellement loin qu'on peu éventuellement leur pardonner le fait de vouloir se raccrocher à des fondamentaux, surtout que Queensryche va parvenir à manœuvrer habilement dans sa discographie, ce qui va nous donner un album assez varié, Toxic Remedy est un clin d’œil appuyé à Empire, par contre Selfish Lives renvoie davantage à Hear in the Now Frontier, ce qui n'est pas une très bonne idée, on sera quand même un peu plus convaincu par un Eye9 purement progressif et particulièrement réussi, c'est à partir de ce titre que ça va devenir un peu mi-figue mi-raison et que Queensryche va alterner entre le bon et le moins bon, les deux ballades Bulletproof et Just Us ne sont pas franchement intéressantes, et forment avec Hourglass un enchaînement de trois titres tout ce qu'il y a de plus dispensable, heureusement, après presque quinze minutes bien trop sirupeuses, Queensryche va relever le niveau pour la fin de l'album avec en premier lieu un All There Was bien Heavy qui sera connecté par la petite interlude au gros morceau éponyme Condition Hüman, le seul moment où Queensryche sera ambitieux sur ce disque, une fresque épique de presque huit minutes avec de nombreux mouvements, qu'on soit bien clair, c'est pas du niveau de Suite Sister Mary, mais ça fait bien une vingtaine d'années qu'on avait pas eu un Queensryche à ce niveau, on a affaire à un morceau qui se rapproche de Promised Land avec une bonne louche de Savatage, dommage que le groupe n'ait pas eu la même audace sur l'intégralité de l'album...
Je suis partagé concernant ce disque, le retro-pédalage ça va un moment, et il serait temps que Queensrÿche se décide enfin à aller de l'avant, car malgré toutes ses qualités, le retour en force du progressif et également le retour à des sonorités plus Heavy, Condition Hüman est un album retro où le groupe passe son temps à regarder en arrière, j'entends bien que le but est de récupérer ses anciens fans, mais la manœuvre a ses limites, et l'on aurait vraiment aimé que Queensrÿche soit plus audacieux pour son deuxième album post-Tate.
Pas d'innovation, pas franchement d'ambition, c'est ce qui empêche de savourer complètement ce nouvel album des américains, mais j'y crois encore, qui sait, Queensrÿche mettra peut-être ses couilles sur la table la prochaine fois en sortant un concept-album qui fasse avancer enfin le groupe maintenant que les fondamentaux sont de nouveaux acquis, pour l'instant ce n'est pas le cas, et Queensrÿche fait un peu du surplace pour reconstituer sa fan-base égarée après des années d'errance, Condition Hüman est un bon disque de Metal/Prog à l'ancienne, trop à l'ancienne pour être flamboyant, mais suffisamment solide pour laisser l'espoir de jours meilleurs.
Track Listing:
1. Arrow of Time 03:59
2. Guardian 04:19
3. Hellfire 05:05
4. Toxic Remedy 04:09
5. Selfish Lives 04:57
6. Eye9 03:20
7. Bulletproof 04:00
8. Hourglass 05:09
9. Just Us 05:58
10. All There Was 03:44
11. The Aftermath 00:56
12. Condition Hüman 07:45