Quoi de mieux pour commencer qu'un bon vieux groupe de tâcherons, une catégorie pour laquelle il est difficile d'éprouver autre chose que de l'affection, un peu comme Dew-Scented dans le Thrash ou un Blood Red Throne dans le Death, les hollandais de Legion of the Damned sont d'authentiques seconds couteaux, un groupe que vous avez surement déjà vu au moins une fois en première partie d'un plus gros poisson, ouais, ce groupe qui envoie le pâté et qui semble pouvoir enchaîner des titres en forme de baffe dans la gueule toute la nuit si nécessaire, le groupe qu'on écoute depuis la buvette en se disant Tiens, c'est pas mal ce truc, je m’intéresserai peut-être davantage à ce qu'ils font, avant de finalement oublier leur existence, ne restant qu'un vague souvenir de groupe sympa qui envoie du gros, et c'est à peu près tout.
Un groupe qui ne changera pour ainsi dire jamais sa formule, Legion of the Damned, c'est du Thrash/Death à l'ancienne, de l'agression constante et rustique, bricolé avec amour par de vieux routiers du genre, car ces types sont dans le circuit depuis plus de vingt ans, enfin, surtout le chanteur Maurice Swinkels et le batteur Erik Fleuren, les deux seuls présents depuis le début, une carrière commencée dans un Thrash relativement blackisé en 92 sous le nom d'Occult, avant de se réorienter vers un son un peu plus Death en changeant de nom en 2005, et pour son sixième album, déjà, les hollandais ont comme prévu décidé de ne rien changer...
En dehors de cette non-évolution sonore, ce genre de groupe a une autre particularité, qui est de faire preuve d'une intense productivité, à ces débuts, Legion of the Damned avait trouvé le moyen de nous pondre 4 albums entre 2006 et 2008, ce qui est vraiment beaucoup, et bien trop vu le style de musique pratiqué, le rythme s'est d'ailleurs quelque peu ralenti depuis, c'est désormais tous les trois ans que les hollandais sortent de leur trou pour nous balancer leur Thrash/Death dans la face, on pourrait penser qu'en prenant plus de temps pour sortir des albums, Legion of the Damned prendrait le temps de réfléchir un peu plus à sa musique et proposer, soyons fous, une petite évolution... Il n'en ait rien, Legion of the Damned, avec ce nouvel album, reprend les choses là où il les avait arrêté en 2011 avec Descent into Chaos, ni plus, ni moins, c'est toujours la même tambouille qui nous est servie, un Thrash brutal, old school, bas-de-plafond, particulièrement vindicatif et musculeux, mélange explosif de vieux Slayer et de vieux Kreator, une agression renforcée par une énergie Death renforçant encore un peu plus le côté incisif de leur musique, voir même parfois un toute petite vibe Black qui se dégage de certaines mélodies, donc ouais, c'est du bourrin et du gros méchant.
Il ne faut donc pas s'étonner si la plupart des titres sont envoyés à grande vitesse sur Ravenous Plague, car aussitôt l'intro menaçante terminée, au cours de laquelle on ne se tape pas la grosse voix cinématique nous racontant des conneries Evil comme sur le dernier disque, on va se prendre la première meule de gouda sur le coin de la gueule avec Howling for Armageddon et ses paroles, vous vous imaginez bien, salement méchante et blasphématoire, le genre de titre ultra classique chez Legion of the Damned, un tabassage en règle dont le seul but est de vous décrocher les cervicales, dans le genre, ça fonctionne pas trop mal, et avec Black Baron, le rouge c'est trop mainstream, les hollandais vont encore accélérer le tempo histoire d'appuyer un peu plus là où ça fait mal, il va de soi que le chant de Swinkels est toujours aussi cradingue, collant admirablement à l'exercice, les riffs sont corrects, toujours aussi incisifs, comme quoi le départ de Richard Ebisch (parti fondé son propre groupe de tâcherons Kill Division) n'a pas trop impacté le son caractéristique du groupe, remplacé par le très bon Twan Van Geel (également chez Flesh Made Sin), tout ça est fluide, agressif, les leads sont tranchantes, et bien entendu, c'est également ultra convenu, car comme je le disais plus haut, ce n'est pas vraiment la révolution chez les hollandais, un Thrash/Death cœur de meule sans fioritures servi sur un plateau.
Ça poutre, quasiment tout le temps, avec une abnégation et un jusqu'au-boutisme qui laisse pantois, avec des mandales comme Mountain Wolves Under a Crescent Moon, Summon all Hate (déjà présent sur un Split single avec Kreator l'année dernière), ou un Ravenous Abominations ultra vindicatif au solo particulièrement décoiffant, voir pourquoi pas le crousillant et très Kreator Armalite Assassin, de toute façon, je pourrais presque vous citer tous les titres tant ils sont composés de la même manière, avec l'efficacité pour seul objectif, de la grosse tartine de poutre avec souvent un petit passage un poil plus ambiancé vers les deux tiers, presque, car il faudra attendre Doom Priest pour que Legion of the Damned propose une petite variation, où l'on se rapprocherait presque d'un Necrophobic avec ce titre teinté d'une légère coloration Black, un peu plus Heavy et malsain également, c'est assez réussi et je me demande bien pourquoi les hollandais ne proposent pas plus souvent ce genre de choses qui permettent d'apporter une réelle variété à l'ensemble.
Difficile de reprocher quoique ce soit à Legion of the Damned, qui fait tout globalement bien ici, comme à son habitude, son Thrash/Death envoie toujours le pâté de campagne direct dans la gueule, avec toujours autant de sérieux et d'application.
La bonne idée est quand même se sortir cet album en début d'année, à une période où les sorties se font rares, j'imagine que l'album aura un éclairage plus important que s'il sortait plus tard perdu dans la masse de la production métallique, mais ce n'est pas pour autant que le monde va se ruer chez les disquaires pour acheter Ravenous Plague, faut pas déconner, car même si Legion of the Damned est toujours aussi solide, on est quand même assez loin de l'album de l'année.
Ravenous Plague et à prendre comme il est, un bon petit disque de Thrash/Death fortement influencé par Slayer et Kreator, Legion of the Damned est toujours aussi efficace et dévastateur, sans pour autant parvenir à être vraiment intéressant, si vous aimez votre Thrash/Death un peu quelconque mais qui fait son office et qui décrasse les canaux auditifs (poke la scène tâcheron hollandaise, Izegrim ou encore Kill Division), y'a de quoi faire avec Legion of the Damned, ça ne révolutionne absolument rien, mais ça bourre plutôt bien, mais de là à y revenir souvent...
Efficace mais redondant
Track Listing:
1. The Apocalyptic Surge
2. Howling for Armageddon
3. Black Baron
5. Ravenous Abominations
6. Doom Priest
7. Summon All Hate
8. Morbid Death
9. Bury Me in a Nameless Grave
10. Armalite Assassin
11. Strike of the Apocalypse