Sorti il y a déjà deux ans, le premier album de Black Sites, In Monochrome, était marqué par une réelle dichotomie, ou l'on se demandait si on était face à une continuité de Trials ou si la volonté de Mark Sugar, chanteur/guitariste/tête pensante, était de faire quelque chose de différent, un peu des deux probablement, Sugar n'était pas décidé à trancher à l'époque et cette indécision avait quelque peu impacté la cohérence de l'ensemble par un certain manque de direction.
Difficile de dire si In Monochrome était une sorte de quatrième album de Trials sorti sous un autre nom ou un autre projet bien distinct destiné à voguer vers d'autres horizons, on sera heureux d'apprendre que c'est la seconde voie qui a été empruntée avec cet Exile à la curieuse pochette qui sent bon le cochon grillé.
Difficile de dire si In Monochrome était une sorte de quatrième album de Trials sorti sous un autre nom ou un autre projet bien distinct destiné à voguer vers d'autres horizons, on sera heureux d'apprendre que c'est la seconde voie qui a été empruntée avec cet Exile à la curieuse pochette qui sent bon le cochon grillé.
On trouvait dans In Monochrome de très nombreuses influences Groove et Thrash qui rappelaient immanquablement l'époque Trials, mais c'est bien du côté du Heavy à l'ancienne que penchait la balance, et plus que Machine Head, c'est davantage Prong qui faisait office de référence principale, Mark Sugar était toujours aussi fasciné par le Metal des années 90 et ses dérivations alternatives, ce sera largement moins le cas avec un Exile qui semble davantage intéressé par une exploration des années 80, Exile sent le old school et le Heavy classique en incluant, on ne se refait pas, une myriade d'idées à et de sonorités à des trucs très précis de cette époque, ce qui fait qu'une fois encore, on sera bien en galère pour classer Black Sites dans une catégorie précise tant Mark Sugar s'amuse à tout synthétiser et à brouiller les cartes, déconstruisant constamment ses références pour les refondre dans un Metal toujours aussi impalpable, il faut noter également que Mark Sugar est entouré ici d'une équipe toute neuve, le bassiste Jose Salazar a rejoint l'aventure, de même que l'ancien guitariste de Trials Ryan Bruchert et le batteur de Novembers Doom Gary Naples.
Pourtant le changement ne sera pas trop perceptible sur un premier morceau qui s'ouvre sur un riff bien gras et chargé de groove qui semble reprendre là où In Monochrome s'était arrêté, le titre aura malgré tout un cheminement bien particulier avec des nombreuses variations qui semble être un mélange de Prong, de NWOBHM et d'explorations progressives dans une seconde partie particulièrement convaincante, cette place plus importante au Heavy Metal des années 80 sera plus perceptible sur un To the Fire qui emprunte autant au Hard Rock à la Kiss qu'à Rainbow ou Iron Maiden, mélange détonnant au sein d'une structure aussi simple qu'efficace, il faut noter que c'est exclusivement le chant clair qui sera utilisé tout au long de l'album, et même si Sugar a fait quelques progrès, il n'est pas devenu miraculeusement le meilleur chanteur de la place, loin de là, et malgré toute sa conviction et sa bonne volonté, sa performance vocale ne sera pas exempte de tout reproche, il a toujours autant de mal à moduler sa voix, ce qui est dommage pour un groupe qui pratique ce genre de fusion de différents genres.
Dès les premières mesures de Feral Child on se croirait chez Voivod avec un harnachement progressif bienvenu pour un morceau qui inclura bien évidemment de très nombreuses références au Heavy Metal classique, ce ne sera d'ailleurs pas la seule référence à Voivod sur cet album, Focused Totality - The Psychic Knife est un putain de bon morceau de Heavy/Thrash progressif où le chant de Sugar colle admirablement bien à cette tambouille qui laisse énormément de liberté à une basse volubile pour s'exprimer, Gary Naples fera également des merveilles sur ce genre de morceau, Coal City flirtera lui aussi fortement avec le progressif, mais plus du côté du Rock avec une bonne touche d'acoustique pour un morceau aux articulations rappelant souvent Slough Fed, Black Sites avait touché au Doom/Goth le temps d'un titre sur son premier album, il y revient quelque peu sur un Dream Long Dead qui navigue également du côté du Punk et de The Cure, cette coloration bien plus vintage d'Exile se retrouvera sur un dernier morceau Dwell Upon the End qui puise directement son inspiration chez Black Sabbath avec un titre superbement Heavy et mélancolique qui pourrait tout à fait être un hommage à Tony Iommi.
Alors que le premier album était constamment le cul entre deux chaises, partagé entre une certaine vision de la modernité et sa dimension vintage, Black Sites a choisi son camp avec Exile, déconstruisant toutes ses références puisées dans le Metal old school et classique pour refonder un ensemble qui sonne curieusement frais malgré son caractère très référencé.
Exile est un album de Metal à la vibe classique qui va plus loin qu'un simple trip nostalgique en laissant les idées se développer et en incorporant tout un tas de genres différents, Black Sites conservant ses racines Groove/Thrash héritées de Trials sans en faire la base de ce qu'il est aujourd'hui, Exile est un album légèrement supérieur à In Monochrome dans le sens où il est un effort bien plus cohésif qu'il y a deux ans, enfin doté d'une vision claire et d'une direction précise, si vous aimez Trials, Prong, Black Sabbath, Voivod, The Cure, Rainbow, Kiss et si vous vous demandiez à quoi pourrait ressembler une synthèse de tout ça, Black Sites a un début de réponse pour vous avec Exile.