C'était vachement cool avant Anaal Nathrakh, vous vous souvenez, quand le duo anglais parvenait à créer de véritable bulldozers auditifs tout en étant impitoyablement texturés et étrangement mélodiques, du Black, du Grind, de l'industriel qui ressemblait à un curieux mélange bruitiste entre le City de Strapping Young Lad et du Prometheus d'Emperor, la musique en forme de terrorisme sonore du groupe frappait juste avec une précision insoutenable et demeurait diaboliquement abrasive, mais ça c'était avant, avant que le groupe modernise son son en se débarrassant de sa crasse qui lui allait si bien, et ne tournons pas autour du pot, A New Kind of Horror c'est A Same kind of Usual Shit musicalement parlant, en encore moins bien que les albums précédents, à croire que le groupe a choisi de continuer à patauger dans l'ornière artistique dans laquelle il est tombé il y a maintenant une dizaine d'années.
Y'a vaguement un truc neuf malgré tout, le groupe a développé un vague concept sur la première guerre mondiale et les horreurs de celle-ci, parce que c'est vachement Metal tu vois, et puis ça renouvellera le stock de phrases toutes faîtes pour décrire la musique du groupe dans le press-kit dans lequel les chroniqueurs puiseront passivement des pans entiers, tout àa pour vois dire que le concept "horreurs de la guerre" ne va pas se ressentir dans le merdier habituel que va nous servir le groupe, surtout qu'on a affaire à l'un des albums les plus pourris du duo, en tout cas le plus simpliste et le plus vain, car désormais Anaal Nathrakh, toujours composé de V.I.T.R.I.O.L. aux vocaux et de Mick Kenney pour tout le reste, n'est qu'une coquille vide de brutalité imbécile honteusement prévisible, c'est une situation assez paradoxale pour ce projet, qui fait tout son possible pour être le plus accessible possible avec un son désormais ultra clean, tout en étant de plus en plus bourrin, jusqu'à arriver ici à être complètement dépourvu de subtilités et usant des artifices habituels.
Pourtant c'est con, A New Kind of Horror, on va y croire pendant peut-être les deux premiers titres du bouzin, enfin plutôt les deux premiers morceaux et demi si on compte l'intro, Obscene as Cancer est un morceau tout à fait acceptable d'Anaal Nathrakh, un vacarme assourdissant Black/Grindcore/Industriel avec un refrain en chant clair crispant et surfait comme à l'époque de Biomechanical, le seul petit truc qui donne vaguement espoir, c'est de retrouver une certaine profondeur dans le son du groupe, avec des mélodies bien planquées dans le fond et quelques effets orchestraux, prévisible mais ça fait le boulot et ça touche la cible, The Reek of Fear sera lui aussi un titre cool, où V.I.T.R.I.O.L. va livrer sa plus belle imitation d'Ihsahn quand ce dernier imite lui-même King Diamond, une petite louche d'électronique dans le truc et ça roule, malgré tout c'est pas terrible comme entrée en matière, c'est plutôt convenu et prévisible, mais pas de bol, ce sera le meilleur d'un album qui va sombrer dans la pure merde par la suite.
Ce n'est pas la première fois que le groupe tente la mélange Deathcore/Dubstep dans sa musique, mais jamais Anaal Nathrakh ne s'était autant vautré qu'avec un Forward! honteux qui n'a absolument aucun putain de sens, bordel de merde que c'est embarrassant, c'est un peu comme regarder un vieux poivrot se chier dessus dans la rue, au début c'est drôle mais ça devient gênant et insoutenable quand il commence à se rouler dans ses excréments et à les bouffer, c'est le seul malaise que provoquera ce morceau, et c'est à partir de ce moment qu'Anaal Nathrakh va décider qu'il en avait plus rien à foutre et va se contenter de chier des morceaux grotesques et simplistes comme il le fait depuis trois albums, je ne sais pas si le but de groupe est à terme de nous pondre un album de The Berzerker mais à force d'être aussi inepte dans le bourrinage il vont bien finir par y arriver.
On est donc parti pour une seconde moitié d'album honteuse qui mélangera tout et n'importe quoi sans aucune volonté d'y donner un sens, un déferlement de merde comme une partouze grotesque entre le Death, le Grind, le Black et les samples et boucles électroniques provoquant les effets de styles habituels chez les anglais, ils en font des tonnes mais c'est le seul truc qu'ils ont trouvé comme cache-misère, comme par exemple un Vi Coactus carrément honteux qui pue la facilité et le recyclage d'éléments orchestraux insérés n'importe comment dans une structure Deathcore linéaire, ce qui est également comique, c'est que même quand le groupe essaie de faire dans le simple, à savoir sans surcharger inutilement sa musique, il n'est même pas capable de sortir un truc correct, The Horrid Strife dévoile une facette purement Deathcore groovy orchestral d'Anaal Nathrakh, le problème étant que sans le chaos ambiant pour servir de distraction on se rend compte de la pauvreté des riffs et de la structure de cette daube.
Finalement, en dehors des éléments orchestraux, c'est la merde habituelle que nous sert Anaal Nathrakh, c'est certes super bourrin et violent, mais jamais le duo ne parvient à être subversif ou extrémiste comme il pouvait l'être sur ces premiers albums, A New Kind of Horror est irrémédiablement plat et surfait, avec le même recyclage sonore auquel le groupe nous a habitué depuis trois albums, je suis normalement assez client du chant clair chez Anaal Nathrakh, mais même cet élément ne passe plus de la façon dont il est utilisé ici, comme un autre gimmick sonore de plus, dépourvu de sens, là où Anaal Nathrakh était excellent quand il était complètement cinglé et majestueux, il se contente désormais de se traîner péniblement dans des formules toutes faites, qui s'avèrent bien évidemment trop prévisibles et pantouflardes.
A New Kind of Horror n'a qu'à offrir au monde sa vacuité abyssale et son bourrinage stérile qui a perdu tout sens de la subversion, Anaal Nathrakh vient de nous offrir son pire album et quand on regarde la trajectoire du groupe on est même pas surpris du résultat, il n'y a ici plus rien à sauver et le duo continue de s'enfoncer dans une impasse artistique où il semble se complaire, médiocre jusqu'à la nausée, A New Kind of Horror s'avère en fin de compte A New Kind of Embarrassing...