C'est marrant comment depuis le début de la promo pour ce nouvel album, Al Jourgensen s'en prend plein la gueule de la part d'une partie des fans du groupe, enfin, tout du moins des personnes se décrivant comme tels, des personnes qui semblent découvrir, horrifiés, qu'Al Jourgensen est un putain de gauchiste et que la musique de Ministry est politisée à mort, on parle d'un mec qui samplait Bush père en 92, et qui n'a pas fait fait un album contre l'administration Bush fils mais une putain de trilogie, il faut quand même être foutrement con pour écouter du Ministry et faire partie de la droite extrémiste, mais il faut croire que ça existe, bref, la raison de cet shitstorm tient bien entendu au thème de ce nouvel album, vous l'aurez surement compris avec la pochette subtile et le titre tout aussi fin, ce vieux con de Jourgensen va chier sur Trump pendant une cinquantaine de minutes, ce qui est explique le fait qu'Amerikkkant soit un album de merde, qu'on soit de gauche ou de droite, ce sera au moins une chose qui mettra tout le monde d'accord.
Al Jourgensen avait pourtant annoncé en 2013 que From beer to Eternity était l'album final de Ministry et qu'on y reviendrait plus, bon, l'existence de cet album prouve le contraire, et c'est un Jourgensen bien seul qui s'est chargé du bouzin, plus de Mike Scaccia dans le groupe puisque le fait d'être mort est plutôt problématique pour un guitariste, Paul Baker n'est toujours pas revenu, et même Tommy Victor n'est plus là, et sans personne pour le canaliser, on se retrouve avec un Jourgensen en roue libre en plein bad-trip post-élection de Trump dans une Amérique qu'il déteste, Jourgensen est colère de chez colère et Amerikkant sera l'expression de cette colère, le problème, c'est que toute subtilité sera absolument absente de cette galette Jourgensen va balancer les plus vieux clichés usées et fatigués de l'extrême gauche avec une rhétorique tout aussi débile que celle de ses ennemis de la droite alternative, l'autre problème, c'est qu'il n'y aura plus que ça, des diatribes anti-Trump faciles qui vont éclipser tout le reste, que la musique de Ministry soit politisée est une chose, ça devient rédhibitoire quand la musique de Ministry n'est plus qu'une expression politique comme c'est le cas ici, et putain ce que c'est lourdingue...
Déjà pour vous dire à quel point c'est lourd et franchement fatigué, l'album débute par une intro avec des scratchs et de la world music où le MAGA de Trump est samplé, pendant trois putain de minutes, et Twilight Zone, premier vrai morceau de l'album, sera encore pire, huit putain de minutes de merde Industrielle répétitive et chiante, ce sont huit minutes de vide et bordel électronique, qui nous renvoie à une époque bizarre de Ministry, vers les albums Filth Pig et Dark Side of the Spoon, quand Jourgensen faisait ce Metal industriel très lourd et atmosphérique, très sombre et glauque aussi, on comprend bien ce que veut faire Jourgensen avec Amerikkkant, une espèce de discours sur l'état de l'union version Jourgensen, sauf que malgré les intentions, rien ne va fonctionner sur l'album, Victims of a Clown sera exactement le même merdier, encore une fois huit minutes de vide abyssal d'un gars complètement à la ramasse incapable de composer un morceau correct, inexplicablement ce morceau se termine par une grosse décharge énervée pendant les trente dernières secondes, aucune justification, aucun build-up, c'est juste jeté là-dedans de manière aléatoire.
On a quand même affaire à un album qui débute par vingt minutes de gros merdier, avec des segments répétitifs, sans aucun sens, surtout sans aucun rythme ni dynamisme, c'est juste du rien, et on sera donc complètement surpris quand, après une nouvelle interlude faites de samples remixés de Trump, déboulera un véritable brûlot de punk/Thrash teinté d'industriel, We're tired of it est un bon petit défouloir cool, ça ne va pas très loin, mais ça le fait, avec Burton C. Bell en guest de luxe, le souci c'est que juste derrière on retombera dans le n'importe quoi et un bien mauvais Wargasm encore une fois sans rythme et trop long, Antifa est musicalement pas trop vilain, mais il est complètement plombé par sa rhétorique de gauchiste de merde qui vient plomber tout le morceau avec ses diatribes bas-de-plafond pleines de clichés et de lieux communs, ultra gênant dans les idées véhiculées, mais il n'y aura rien de mieux sur tout l'album, c'est vous dire la tristesse de la chose, car les deux derniers morceaux de cette purge retombe immanquablement dans cet espèce d'Electro/Industriel minimaliste de grosse feignasse poussif et déprimant.
La dernière fois que Jourgensen s'en était pris à un président ça nous avait donné une bonne trilogie d'albums corrects, dix ans plus tard l'attaque contre Trump est aussi massive et efficace que celle d'un junkie défoncé qui essaie de lancer une boule de merde sur un chien mort, Amerikkant est aussi destructuré et chaotique que l'administration qu'il prétend dénoncer, c'est un merdier incompréhensible, Jourgensen avait des intentions, de la motivation, de la colère, mais de toute évidence aucune bonne chanson en stock, et à moins d'aimer le merdier Indus minimaliste surchargé inutilement et bien trop facilement de trop nombreux sample de Trump, je ne vois pas comment il serait possible de cautionner un tel naufrage.
Track Listing:
1. I Know Words 03:15
2. Twilight Zone 08:03
3. Victims of a Clown 08:18
4. TV5/4Chan 00:49
5. We're Tired of It 02:48
6. Wargasm 06:19
7. Antifa 04:56
8. Game Over 05:01
9. AmeriKKKa 08:30