Il y a des moments dans la vie, on a besoin d'un truc simple qui arrache les poils et qui soit super fun et simple, surtout en été d'ailleurs, il fait beau, c'est décontracté, et t'as peut-être besoin d'un disque sympa à balancer à fond dans ton auto-radio en roulant comme un sauvage les vitres baissées dans les rues de ton patelin pourri, bref, n'importe quel album de Ghoul sert globalement à ça, et ça tombe super bien, Dungeon Bastars est sorti cet été pour te vider la tête à coup de Death/Thrash/Crossover débile à l'humour douteux, bref, ça partait bien, surtout que le dernier longue durée des hommes masqués de Creepsylvania remontait à plus de cinq ans, il y avait presque un petit manque, seulement voilà, après écoute... bah c'est peut-être pas si bien que ça...
Il y a eu du changement dans les rangs de Ghoul depuis le dernier album, Digestor et Cremator sont toujours là (les deux mecs d'Impaled qui constituent la base du projet), alors que les cagoules de Fermenter et Dissector sont occupés par deux petits nouveaux, ça n'a l'air de rien comme ça, mais l'arrivée du guitariste Peter Svoboda dans le rôle de Dissector a surement dû jouer dans l'orientation de ce nouveau disque sachant qu'il vient de chez Vöetsek, qui est un pur groupe de Crossover, car ouais, Dungeon Bastars est principalement un disque de Crossover.
C'est comme ça, Ghoul est plus Thrash, plus Hardcore, plus clean, et donc moins crade qu'avant, surtout, et c'est bien le plus triste, même si Ghoul conserve une certaine agressivité et un sacré punch, il a perdu quelque peu du caractère explosif qui faisait fonctionner son crossover ravageur, vous allez me dire qu'ils leur restent toujours l'humour, Ghoul ne sait jamais pris au sérieux et se complaira toujours à jouer les débiles bas-de-plafond, mais même sur ce plan là, ça marche moins bien, merde, les mecs se sont peut-être un peu trop calmés là...
Partant de là, on a affaire à un groupe largement moins Death qu'avant, et Ghoul devient une sorte de rejeton mutant entre du Municipal Waste pas trop inspiré et du Gwar, autant le dire tout de suite, ce disque est fun à la première écoute pendant que tu fais autre chose, c'est fun, simpliste, direct, mais l'album ne survivra pas à une écoute attentive très longtemps, ce n'est pas qu'il est mauvais, Dungeon Bastards contient d'ailleurs de bons petits morceaux in your face avec quelques gimmicks rigolos et des riffs qui fonctionnent, mais c'est un peu le service minimum tant le moyen/bon côtoie le vraiment médiocre et le quelconque.
Des surprises, il n'y en aura pas non plus, l'album début par une trop longue intro avec une première partie de narration comme dans un vieux nanard horrifique avant un riff basique qui se répète trop dans la seconde moitié, basique et un peu chiant, ça commence bien n'est-ce pas? Heureusement, Bringer of War remettra quelque peu les pendules à l'heure avec un Death/Thrash plutôt efficace et rentre-dedans, profitez du Death, il n'y en aura pas beaucoup par la suite, tout est convenu ici, on sait on l'on met les pieds, et Ghoul fera le service minimum en alignant les poncifs, notamment les gang shouts clichés à mort qui plairont surement aux fans de Hardcore de moins de douze ans, l'éponyme Dungeon Bastards sera d'ailleurs construit sur le même modèle, ça envoie la sauce mais étrangement, ça ne va nulle part et on sent presque que le groupe n'en a rien à foutre et se contente d'une vieille formule qui fonctionnait surement mieux il y a vingt ans, d'ailleurs en parlant de Gang Shouts, ça doit bien être la seule nouveauté que propose Ghoul, et c'est de la merde, clairement.
Dungeon Bastards est malheureusement trop basique, et la seule chose qui permet de différencier Ghoul de ses congénères du Crossover et l'utilisation d'un chant typé Death et l'utilisation de thèmes Gore dans les lyrics, à part ça, c'est l’encéphalogramme plat en Creepsylvania, bien sûr, l'album aura ses quelques moments sympa, notamment un Death Campaign bien Death comme il faut et délicieusement simpliste et frontal qui envoie du lourd, le problème étant que les morceaux sympas côtoient des daubes comme Word is Law où l'horriblement horrible Blood and Guts avec son riff périmé depuis 1988.
Je m'attendais à un album fun et simple, Dungeon Bastards est moins fun qu'avant et simpliste, du coup, cette nouvelle livraison de Ghoul est tout ce qu'il y a de plus oubliable, rien ne retient vraiment l'attention ici, heureusement qu'ils ont eu le bon goût de rester court en proposant un disque de trente-cinq minutes, dont seulement la moitié est sympa, le reste est lourdingue et globalement foiré, reste un disque irrémédiablement moyen et prévisible qui ne propose pas grand chose d'intéressant, notons pour les amateurs que la version vinyle contient un jeu de plateau, pas sûr que cela suffise à justifier l'achat de ce disque, de loin le plus dispensable de la discographie du groupe.