Stam1na est l'un des secrets le mieux gardé de Finlande, car malgré plus de quinze ans d'existence, le succès du groupe n'a jamais dépassé le cadre de son pays d'origine, et on ne peut pas vraiment dire que cela soit dû à la piètre qualité de leurs albums, dans la mesure où c'est le contraire, les albums de Stam1na sont tous pour la plupart largement au dessus de la moyenne, surtout Nocebo, l'album qui m'avait fait découvrir le groupe en 2012, une authentique tuerie, qui malheureusement n'a semble-t-il pas permis au groupe de gagner en reconnaissance en dehors de ses frontières.
Il faut dire aussi que la barrière de la langue semble être un frein à l'expansion du groupe en dehors de ses terres, c'est ainsi, Stam1na s'exprime exclusivement en finnois, et à moins d'être finlandais, personne n'y comprend rien, et quand on écoute ce que cela donne quand le chanteur daigne chanter un titre en anglais comme c'était le cas sur un titre de l'album précédent, ça ne change rien à l'affaire tant le gaillard à un accent très prononcé, bref, Stam1na est un groupe finlandais, qui ne n'aura jamais la reconnaissance qu'il mérite en dehors de sa Finlande natale, cet album étant une fois de plus mal ou pas du tout distribué dans nos contrées, mais je vous en parle quand même, car après l'incroyable Nocebo, j'attendais énormément de ce nouvel album, surement trop, car SLK, malgré de très nombreuses qualités, est tout simplement moins bon, dans un style différent, car Stam1na est un vrai groupe caméléon qui n'aime pas trop faire deux fois le même disque...
Stam1na est un authentique groupe de fusion dont le style est très difficilement qualifiable, mélange de Thrash, de Death mélodique, de délires progressifs, le tout saupoudré d'une bonne pincée de Devin Townsend, même s'il faille plutôt chercher les références du côté de Strapping young lad que de la carrière solo du canadien.
Comme je vous le disais plus haut, Nocebo (chronique) était une tuerie, l'album était cinglé, surprenant, ultra catchy avec ses refrains qui vous faisaient chanter en yaourt comme un con, et la grande force de l'album, c'était de vous rendre très accessible une musique un peu complexe et très riche, car même si les délires étaient nombreux, les finlandais n'en faisaient jamais trop et maîtrisaient admirablement leur affaire.
SLK est à la fois très proche, mais paradoxalement très éloigné de son prédécesseur, car ce n'est plus vraiment de Happy Metal dont il est question ici, l'ambiance est bien plus sombre que ne l'était Nocebo, avec Stam1na qui nous propose d'autres atmosphères, et même si le côté catchy du groupe est toujours plus ou moins présent, les titres sont moins rapidement accrocheurs, un peu moins cinglés aussi, ce qui donne l'impression d'une musique un peu plus hermétique, qui demande pas mal d'effort afin de rentre véritablement dedans, avec des titres un peu plus ambiancés et un peu moins fluides.
C'est surtout vrai dans la première moitié de l'album, globalement les cinq premiers titres, qui va nous montrer un Stam1na un peu poussif, qui va prendre un temps fou avant de faire monter la sauce et amener une seconde partie d'album bien plus accrocheuse et enfin décoiffante.
De ce fait, l'album débute plutôt mal avec deux titres un peu plats, orientés claviers et atmosphères, qui manquent d'un peu de muscle, Rautasorkka, qui ouvre l'album, est plutôt heavy, les riffs saccadés sont plutôt rentre-dedans, mais alors qu'on s'attend à un gros refrain qui tape, on va vite se manger des parties atmosphériques un peu chiantes, ce qui nous donne un titre assez répétitif qui semble durer un peu trop longtemps, bien sûr, l'ambiance générale qui ce dégage du morceau est assez intéressante, mais il manque un truc, un supplément de folie, et c'est la linéarité qui prédomine, et dès le titre suivant, Stam1na va encore s'enfoncer un peu plus dans cet espèce de faux rythme un peu bizarre alternant les passages bluffants et les parties vraiment trop molles, Kalmankansa est un bon exemple, ça manque de jus, et ce sont les ambiances et le côté progressif qui sont misent à l'honneur, on retrouve bien les multiples changements de rythmes, mais une fois encore, tout cela manque d'accroche pour qu'on s'y intéresse vraiment, c'est le cas également sur un Kuoliaaksi ruoskitut hesovet qui mettra plus d'une minute avant de démarrer franchement, ça prend son temps, c'est parfois chiant, mais quand Stam1na se décide à lâcher les chevaux, ça envoie du lourd et le groupe retrouve un certain allant, le refrain de Kuoliaaksi ruoskitut hesovet est catchy, les riffs se font très agressifs, incroyablement lourds et en même temps entraînants, et putain que c'est bon.
L'excellente surprise de cette première partie, c'est le single Panzerfaust, qui donne quasiment dans le Black symphonique, un choix de single curieux car d'un point de vue stylistique, il ne représente pas vraiment ce qu'est l'album, par contre, en terme d'ambiance, on est en plein de ce qu'est vraiment SLK, un disque extrêmement sombre et violent, avec un Stam1na qui a fait très fort pour développer ses atmosphères, surement au détriment de l'efficacité de sa musique, c'est une autre facette du groupe qui nous est présentée ici, et SLK est vraiment le genre d'album pas évident à la première écoute et qui va demander de nombreuses écoutes avant de se livrer totalement.
Après un Masiina pas franchement intéressant, on va véritablement dans une seconde partie d'album bien plus agressive et rentre-dedans, avec Heikko Ehkä qui va envoyer le pâté avec un tempo rapide, et l'on retrouve un Stam1na qui se décide enfin à se lâcher un peu, Heikko Ehkä est un pur titre de MeloDeath à l'énergie punk saupoudrée d'une vibe Thrash qui donne un bon coup de pied dans le cul, le débit vocal d'Antti Hyyrynen augmente d'ailleurs pas mal, les breaks et changements de rythme sont nombreux, techniquement, ça joue vite avec une certaine virtuosité, et les finlandais ne vont pas baisser de rythme par la suite, Dynamo est un pur titre de Stam1na, heavy, direct, avec un Hyyrynen toujours aussi versatile, capable d'alterner entre un registre Thrash et un chant toujours aussi aérien, Dynamo propose un refrain ultra catchy, le titre est agressif, avec de délicieux passages atmosphériques qui renforcent le côté sombre du truc, et niveau obscurité, Stam1na va en ajouter une bonne couche avec un Kylmä kuuma kylmä au chant d'abord orienté Black Death avant de nous emmener vers un passage aérien de toute beauté, le genre de titre schizophrénique à la Stam1na, qui surprend constamment, qui propose des trucs qu'on imaginerait pas forcement ici, les arrangements sont assez discrets mais les claviers apportent une profondeur supplémentaire, les structures sont toujours alambiqués, mais malgré la complexité l'auditeur n'est jamais véritablement perdu, et afin de calmer le jeu après cette cavalcade un peu cinglée, Usko pois nous montre la facette un peu plus joyeuse de Stam1na, tout en chant clair, directe mais délicate dans ses arrangements, et après la petite interlude prog lounge Kolmen minuutin hiljaisuus, le groupe va replonger la tête la première dans une schizophrénie ravageuse avec le titre éponyme, SLK, de la pure dinguerie, où une fois encore le groupe incorpore des passages Black symphonique à sa tambouille, les claviers sont géniaux et viennent soutenir des riffs surpuissants, ce qui confère au titre un certain sentiment de grandeur démoniaque, surtout que le côté mélodique n'est pas mis de côté, avec une fois de plus un excellent refrain planant et des breaks de malades mentaux, avant un fin en forme de longue marche funèbre, bluffant...
Une fois encore, Stam1na nous surprend avec son nouvel album, et nous propose un SLK très sombre et porté sur les atmosphères, dont on regrettera un léger retard à la l'allumage, avec une première partie d'album un peu trop poussive et bancale.
C'est dommage, car passés ces premiers titres, Stam1na enclenche le turbo et nous balance des titres qui arrachent sévèrement les poils, avec le côté catchy qui le caractérise, et surtout ses merveilleux trouvailles sonores et ses arrangements de toute beauté, d'autant plus que les riffs sont toujours aussi abrasifs et inventifs.
Stam1na nous plonge ici dans les ténèbres, avec un album une fois encore schizophrénique, à la fois lumineux et malsain, en ajoutant quelques petites touches de Black bien senties à son Metal fusion, même s'il ne débute pas très bien, il serait dommage de passer à côté de cette nouvelle pépite des finlandais, qui sans atteindre le degré de perfection d'un Nocebo, arrive à maintenir un standard de qualité plutôt élevé dans un genre qui a une fois de plus évolué, respect...
Le Caméléon Finlandais
Track Listing:
1. Rautasorkka
2. Kalmankansa
3. Panzerfaust
4. Kuoliaaksi ruoskitut hevoset
5. Masiina
6. Heikko ehkä
7. Dynamo
8. Kylmä kuuma kylmä
9. Usko pois
10. Kolmen minuutin hiljaisuus
11. SLK