mardi 14 mai 2013

[Chronique] Immolation - Kingdom Of Conspiracy


Parfois, rarement mais ça arrive, il y a des disques que j'écoute, que j'apprécie, mais que je n'ai pas du tout envie de chroniquer, car je sais à l'avance que je n'aurai pas grand chose à en dire, mais comme j'ai un blog à alimenter en contenu, je dois m'y coller, de plus comme j'ai déjà chroniqué les derniers albums de deux des trois géants du Death Metal made in New York, je me devais d'écrire un truc sur cet album.
Bref, Immolation est un géant du Death, une authentique légende depuis plus de 20 ans, partageant avec ses deux collèges Incantation et Suffocation une véritable constance dans la qualité, des sorties régulières, jamais de bouses, et c'est pas aujourd'hui que cela va changer.
Alors qu'Incantation avait sorti un Vanquish in Vengeance diaboliquement enthousiasmant vers la fin de l'année dernière, Suffocation s'était contenté d'une redite, avec Pinnacle of Bedlam, un excellent disque, certes, mais sans surprise malgré un savoir-faire évident, je crois que vous l'aurez compris au travers de cette introduction assez peu enthousiaste, le Kingdom of Conspiracy d'Immolation se situe dans la même veine que le dernier Suffocation, un authentique monument de Death Metal dévastateur, à l'ancienne, mais absolument pas surprenant...

Immolation, c'est l'assurance du travail bien fait, du Death Metal ravageur, d'une solidité à toute épreuve, un char d'assaut qui avance peu importe les modes et qui détruit tout sur son passage, Kingdom of Conspiracy représente donc l'essence même du Death Metal, à l'ancienne, mais paradoxalement pas old school, comme peuvent le faire les suédois, Immolation sonne de manière très moderne malgré tout, grâce à une production dans l'air du temps, ultra puissante, sans pour autant sonner de manière clinique, en conservant un son et une brutalité organique, viscérale, même si on regrettera un son de batterie un peu trop artificiel qui nuit un peu à l'ensemble, ce disque est donc dans la parfaite continuité de Majesty and Decay et de l'EP Providence sorti en 2011, ni plus, ni moins.
Les ricains font donc ici ce qu'ils savent faire de mieux, Du Death brutal, sinueux, technique, avec ses riffs écrasants, chaotiques, ses vocaux caverneux à souhait et ses blast beats inhumains, une fois de plus, Immolation est là pour donner la leçon, afin de montrer aux djeuns mècheux en slim comment on fait du breakdown brutal et comment on pulvérise des tympans sans artifices à la con, bref, Immolation de vous apporte pas l'horizon (lol, désolé...), non, car une fois de plus, Immolation n'apporte que chaos, destruction et ruine, la guerre mondiale de 78 (re-désolé...) en une quarantaine de minutes, en gros, de la musique d'homme, qui sent la bière et la sueur.
Le Death d'Immolation est toujours aussi bon malgré les années qui passent, impressionnant de maîtrise et de fluidité, de la rapidité dans l’exécution bien sûr, car le groupe n'est pas le dernier quand il s'agit de dépasser le mur du son, mais aussi des passages lents, oppressant, qui collent assez bien avec le concept que laisse suggérer la pochette, l'esclavage moderne, la société elle a que des problèmes, on est foutu quoiqu'on fasse, la censure, ce genre de truc, des thèmes modernes en quelque sorte, on est assez loin de Failures for Gods et d'un No Jesus, No beast en ce qui concerne les sujets abordés.
Comme à l'accoutumée, c'est un bloc de mille tonnes qui vous tombe sur le coin de la gueule, un Death Metal fidèle au dogme, pragmatique, qui suit tranquillement son cahier des charges, avec ce qu'il faut de variations de tempo pour éviter de s'ennuyer, après tout, Robert Vigna tricote des riffs depuis 25 ans, c'est le genre de type qui sait ce qu'il à faire, avec ce qu'il faut de dissonance et de technicité, mais en privilégiant toujours l'efficacité, malgré ce côté sinueux et chaotique caractéristique des trois géants de New York, une autre chose qui n'a pas changé, vous vous en doutez bien, c'est le chant de Ross Dolan, toujours aussi guttural, profond, un hurlement qui surgit des entrailles de la terre, monolithique et d'une puissance inégalée.
Un bloc, certes une qualité, mais malgré tout avec une petite faiblesse, il manque notamment un ou deux titres qui se détacheraient du lot, car l'album bourre du début à la fin, sans que l'on arrive à sortir un titre en particulier, je ne demande pas des tubes avec des refrains hein, mais parfois les titres manquent d'un grand moment, du petit truc en plus qui ferait la différence entre l'excellent et le mémorable, on retiendra God Complex peut-être, au début rapide qui défouraille avant de ralentir le tempo pour laisser la place à une vibe très sombre et menaçante, voir le mid tempo The Great Sleep, presque mélancolique, et son intro proche du black, mais dans l'ensemble, difficile de sortir un titre en particulier, ne cherchez pas non plus de titre mauvais, Kingdom of conspiracy fait preuve de constance et malgré la débauche de technique, jamais Immolation n'en fait trop, et ne tombe jamais dans le piège de la branlette Tech death, ici, la virtuosité est contenue, et mise au service de titres diaboliquement efficaces, sans fioritures ni compromis.

Immolation est toujours là, inébranlable, inarretable, et son Death Metal toujours aussi brutal, sinueux et technique, Kingdom of Conspiracy est un autre pavé dans la discographie conséquente des américains, mais ce n'est que ça, un disque de plus, et rien d'autre, aussi excellent soit-il, un peu à l'image du dernier Suffocation, d'ailleurs, j'aurais pu vous ressortir exactement la même chronique au mot près en changeant juste les noms.
Immolation est toujours le même rouleau compresseur, qui défonce tout sur son passage, détruisant, pulvérisant, avec un savoir-faire inégalable, et ne décevra personne tant la formule est connue, tout est carré, fluide, rien ne dépasse, un Death Metal pragmatique, et une dizaine de titres comme autant de mandales dans la gueule, après, bien sûr, ce disque ne surprendra personne, et je le trouve même un poil en dessous de Majesty and Decay, de plus, dommage que la batterie sonne de manière aussi artificielle, on dirait presque une boîte à rythme, et c'est moche, comme pas mal de productions modernes.
Malgré tout, Immolation donne une fois de plus la leçon, massif, court, intense, surpuissant, les enfants, c'est comme ça qu'on fait du Death, et pas autrement...

Du Death Metal à la Immolation, ni plus ni moins...
4 / 5

Track Listing:
1. Kingdom of Conspiracy
2. Bound to Order
3. Keep the Silence
4. God Complex
5. Echoes of Despair
6. Indoctrinate
7. The Great Sleep
8. A Spectacle of Lies
9. Serving Divinity
10. All That Awaits Us