dimanche 12 mai 2013

[Chronique] Hacride - Back To Where You've Never Been


Après un Lazarus de très haut niveau en 2009, qui faisait déjà suite aux excellents Deviant Current Signal et Amoeba, les français d'Hacride s'était fait quelque peu discrets, et semblaient avoir un peu disparu de la circulation jusqu'à l'automne dernier et la tournée Klonosphère, d'ailleurs, j'étais à la date de Dunkerque, et le groupe m'avait mis une bonne mandale et volé la vedette à Klone et Trepalium.
Hacride est un groupe que l'apprécie beaucoup le depuis, malgré tout, il y avait de quoi être inquiet avec ce nouvel album qui marque une étape importante pour les poitevins, passant de Listenable à un label étranger, Indie Recordings, car le line up a bougé ces derniers temps, et autant le changement de batteur n'inspirait aucune crainte vu que c'est le toujours impeccable Florent Marcadet (Klone) qui prend la relève, autant j'avais du mal à imaginer Hacride sans son chanteur Samuel Bourreau, qui contribuait pour beaucoup à l'identité du groupe.
Back to where you've never been peut être en quelque sorte considéré comme le début d'une nouvelle ère pour Hacride, car en plus de ces changements, c'est le son même du groupe qui se retrouve modifié, proposant leur propre vision du Metal moderne, mais rassurez-vous, les gars n'ont pas viré Djent ou Metalcore, ouf...

Tout en conservant une certaine identité, et donc un style assez peu identifiable, à base de Death Metal, Progressif, Math Metal et expérimentations bizarres, avec son nouvel album, Hacride s'offre de nouvelles perspectives, et emmène sa musique vers de nouveaux horizons, un Metal moderne où le maître mot serait l'efficacité, dans un format bien plus condensé, huit titres dont deux interludes instrumentales pour une quarantaine de minutes, autant dire que les expérimentations et les longues chevauchées progressives vont être réduites à leur portion congrue, pas absentes, mais utilisée avec plus de parcimonie.
Plus efficace, plus cohérent, explorant d'autres facettes, moins complexe, et il faut bien l'avouer moins inventif, Hacride a simplifié sa formule, l'épurant, sans pour autant renier ce qu'il est ni son passé, Back to where you've never been est aventureux par bien des aspects, mais va droit à l'essentiel, avec énormément d'impact et de puissance, un Metal moderne groovy et progressif qui défouraille en somme, un retour de l'agression sonore qui le rapprochera forcement de son premier album d'ailleurs.
Signe des temps et de cette évolution, alors que Lazarus débutait par un sinueux To walk among them de 15 minutes, c'est l'explosif Introversion qui ouvre l'album, une longue montée en puissance pendant presque la moitié du titre avant l'assaut tant attendu, lourd, écrasant, rentre-dedans, avec de merveilleux arrangements qui font qu'à son écoute, on sait que c'est du Hacride, de la même manière, le titre suivant, Strive ever to more, va donner une leçon de Metal moderne mélodique et planant, et c'est le moment de parler du nouveau chanteur.
Louis Roux donc, livre une prestation très différente de ce que pouvait faire Bourreau, mais qui s'intègre plutôt bien avec la nouvelle orientation du groupe, plus directe, plus énergique, mais aussi un chant un peu plus banal, assez proche du Metalcore en fait, surtout son chant hurlé, ce qui est assez perturbant à la première écoute quand on est habitué au précédent chanteur, le chant clair est assez bon pour le coup, les passages mélodiques sont de bonne facture, et au final, on s'y fait assez vite, même si on a parfois l'impression que Hacride se rapproche de Mnemic avec ce nouveau chanteur.
Après une petite interlude oppressante très réussie proche du sludge, Overcome va un peu faire retomber la pression, non pas que ce titre soit mauvais, mais il est un peu pénible et commun pour du Hacride, ça tabasse mais sans jamais attiré l'attention et même le petit passage atmosphérique en son milieu est plutôt convenu, et là pour le coup le chant m'a vraiment saoulé, un moment de flottement qui ne va pas durer, car arrivent deux tueries, Edification of the Fall et surtout Ghosts of the Modern wolrd, séparées par l'interlude To Numb the Pain, qui va voir le groupe renouer avec le progressif et un groove syncopé, menaçant et très aérien, avec des passages planants atmosphériques à couper le souffle, les transitions sont très fluides, pour former un bloc malgré tout cohérent et d'une redoutable efficacité, par contre, on ne peut pas dire que je sois un grand fan de Requiem for a Lullaby, que je trouve un peu trop longuet et qui m'ennui un peu, assez lent, très mélodique, le genre de titre de conclusion plutôt mélancolique et planant qui ne m'aurait pas gêné s'il ne prenait pas 7 minutes d'un album assez court de 42 minutes...

Il faut quand même avouer une chose, Hacride a particulièrement bien géré son virage et ses changements de personnel, Back to where you've never been est différent, certes, mais ça ne veut pas dire qu'il est forcément moins bon qu'un Amoeba ou qu'un Lazarus.
Hacride joue la carte de l'efficacité, et l'ensemble se révèle direct, puissant, et se révèle bien plus profond et fouillé que cette évolution le laissait présager, car malgré tout, la patte Hacride est toujours présente et facilement reconnaissable.
Voilà donc Hacride en 2013, différent d'il y a quatre ans, avec un nouveau chanteur, et c'est à prendre ou à laisser, j'ai plutôt tendance à adhérer à cette évolution, même si tout n'est pas parfait non plus, les titres les plus directs notamment, certes efficaces, mais parfois un peu léger, malgré tout, dans l'ensemble, je dois bien dire que ce Hacride 2.0 fonctionne plutôt bien, proposant un Metal moderne différent et largement supérieur à la moyenne...

Différent, mais avec toujours le trademark Hacride...
4 / 5

Track listing:
01. Introversion
02. Strive Ever To More
03. Synesthesia
04. Overcome
05. Edification Of The Fall
06. To Numb The Pain
07. Ghosts Of The Modern World
08. Requiem For A Lullaby