Aujourd'hui, intéressons-nous à une véritable légende, ayant contribué à définir le Death Metal comme on le connait aujourd'hui, avec son premier méfait Effigy of the Forgotten en 1991, et surtout Pierced from Within, que je considère personnellement comme l'un des chefs-d'oeuvre intemporels de toute l'histoire du Death Metal, rien que ça.
Tout ça pour dire que Suffocation, c'est du lourd, et l'un des piliers du Death de New York, en compagnie d'Immolation et d'Incantation, trois groupes ayant un point commun: la constance (bon, ok, Suffocation a splitté quelques années, ce qui explique le trou de dix ans dans leur discographie), jamais de bouses, jamais d'écarts de conduite, des groupes qui restent globalement fidèles a leurs dogmes, pour le plus grand plaisir du fan de Death moyen, qui de toute façon déteste toute forme de changement.
Bref, Pinnacle of Bedlam était attendu, surtout après la grosse baffe dans la gueule que m'avait collé Incantation l'année dernière, et comme prévu, Suffocation ne déçoit pas en nous délivrant une nouvelle tuerie, du pur concentré de Death brutaln mais rien de plus...
Pas trop de changement dans la formule du groupe, mais un gros changement au niveau du line-up, puisque le légendaire batteur Mike Smith s'est fait la malle l'année dernière, mais il faut croire que personne n'est irremplaçable, car Suffocation à fait appel à une vieille connaissance, éphémère membre du groupe vers la fin des années 90 et surtout matraqueur de fûts de Malevolent Creation, Dave Culross, et on ne va pas tourner autour du pot, on ne remarque pas vraiment la différence, tant le Dave respecte à la lettre le cahier des charges du groupe en ce qui concerne le poutrage rythmique, il écrase, pulvérise, atomise, tout comme Mike Smith pouvait le faire, un changement de batteur en forme de non évènement, donc, car comme vous pouvez vous en douter, ce n'est pas encore cette fois-ci que Suffocation va changer quoique ce soit et se mettre à faire du Prog Death végétarien atmosphérique, non, le groupe est toujours aussi carnassier et rentre-rentre, pas de surprises et des grosses mandales dans la gueule...
Bon, normalement, c'est à ce moment là que vous sentez venir l'embrouille en ce qui concerne l'orientation que va prendre cette chronique, ben ouais, c'est comme ça, car bien que Suffocation nous balance un album incroyable de violence et de maîtrise, tout ça se révèle au final assez peu surprenant.
Cependant, attention, n'allez surtout pas croire que je n'aime pas le disque, bien au contraire, Pinnacle of Bedlam est surement ce que le groupe a fait de mieux depuis la reformation en 2002, et sincèrement, ce disque, vous allez le retrouver partout en train de squatter les listes des meilleurs albums de fin d'année, d'ailleurs, c'est surement le meilleur album de Death que vous allez écouter cet année, le souci, c'est que ce n'est "seulement" qu'un album de Suffocation de plus, intense, brutal, sauvage, technique mais pas trop, avec le dosage parfait qu'on est en droit d'attendre d'une légende du genre.
En fait, à part une production qui se révèle assez moderne, tout en restant très organique, renforçant encore plus l'impact des titres, Suffocation n'apporte pas grand chose de neuf sur la table, même si bien sûr, cet immobilisme leur permet malgré tout de conserver une longueur d'avance et de pulvériser la concurrence, ce qui est déjà pas mal.
Suffocation est donc toujours aussi dominateur et maître de son sujet, et ça fait être la guerre pendant la petite quarantaine de minutes divisée en dix titres pour autant de mandales dans la gueule, ça aussi ça n'a pas changé, le groupe est toujours aussi intense, un véritable monstre de précision malgré les structures parfois sinueuses.
Enfin, j'admets, une petite chose a changé, au niveau des guitares, qui se font beaucoup plus directes et qui vont droit au but, brutal, avec les breakdowns typiques du Tech-Death, et avec surtout une avalanche de soli en tout genre, et pour le coup, Terrance Hobbs fait un boulot remarquable, comme s'il avait enfin la place nécessaire pour s'exprimer totalement, sur des titres comme Purgatorial Punishement, Pinnacle of Bedlam ou Inversion, ses soli permettent d'aérer des titres en forme d'enchevêtrement de riffs chaotiques, et c'est plutôt une bonne idée, ça apporte un peu de diversité, car il ne va pas falloir compter sur Frank Mullen pour proposer des passages catchy, son growl est toujours aussi caverneux et profond, ultra brutal, même si également assez monolithique, mais cela contribue au son et à l'identité de Suffocation, un véritable roc, inamovible...
Bon, avec Pinnacle of Bedlam, Suffocation nous sert son Death Metal, brutal, destructeur, toujours aussi délicieusement chaotique, et l'album nous montre un groupe toujours au top de son genre, maîtrisant admirablement son sujet, avec peut-être une petite évolution en terme de musicalité, due à une utilisation assez ingénieuse des soli de Hobbs.
Malgré tout, je n'ai pas eu le déclic, pas de coup de coeur, juste l'impression de seulement me faire pulvériser et écraser par le rouleau-compresseur Suffocation, ce qui est une habitude à chaque album, un Pinnacle of Bedlam qui s'écoute facilement d'une traite, il faut dire aussi qu'ils ont eu la bonne idée de le faire assez court, mais sans vraiment de temps forts ni même un titre qu'on retiendrait plus qu'un autre, alors bien sûr, tout est très bon du début à la fin, aucun titre n'est pénible, mais on n'est jamais véritablement dans l'excellence non plus.
Reste un album de Suffocation très solide, qui frappe fort, l'impact est énorme, l'intensité au rendez-vous, mais je ne suis pas sûr d'y revenir souvent, quoiqu'il en soit, le disque vaut le coup, et les fans seront ravis de retrouver un Suffocation toujours aussi dominateur, mais tout ça manque un peu d'imagination et d'ambition, et fait un peu business as usual...
Une légende du Death Metal qui ne déçoit pas...
3.5 / 5