vendredi 1 février 2013

[Chronique] Nightfall - Cassiopeia


Nightfall avait tout pour réussir vers 1995, les grecs venaient de sortir Athenian Echoes, un album terrible, du genre qui vous marque une discographie à tout jamais, que je vous conseille d'ailleurs, même si la prod' n'a pas très bien vieillie.
Pourtant, les gars se sont fait virer de l'Olympe à coups de pompes dans le derche, perdant au passage leur place au panthéon des dieux métallique grecs, la faute à une orientation musicale aussi déconcertante que dégueulasse, avec les horribles Lesbian show et Diva Futura, qui ont fait que j'ai totalement zappé le groupe par la suite, à peine avais-je écouté deux-trois titres de I am Jesus, qui ne m'avaient pas donné envie d'approfondir davantage.
Ce n'est que l'année dernière que je me suis rendu compte totalement par hasard que le groupe était de retour après un split de plusieurs années, et vous savez quoi? Astron Black and the Thirty tyrants (sorti en 2010) était vraiment très bon, loin, très loin des errements du passé, Nightfall renaissait dans son style très particulier mêlant ésotérisme, Black, Death, symphonique, mélodies et brutalité, un mix entre Septic Flesh et Moonspell, contenant pas mal de succulentes bizarreries, de quoi me réconcilier avec le combo hellène.
Alors voilà, j'avais hâte d'écouter ce Cassiopeia, second album post-reformation, et autant le dire tout de suite, je n'ai pas été déçu du voyage...

Comme d'habitude avec le groupe, le line up a changé depuis le dernier album (une sale habitude, d’ailleurs la longue liste des anciens membres ressemblent de plus en plus à un annuaire grec), nouveau bassiste et addition d'un second guitariste, de toute façon, le seul membre permanent du groupe depuis plus de vingt ans, c'est le chanteur Efthimis Karadimas, qui en plus du chant a déjà occupé tous les postes dans le groupe, à part celui de batteur.
En dehors de ce changement de personnel, la musique du groupe évolue elle aussi, même si ce n'est pas flagrant à la première écoute, en effet, tous les éléments présent sur Astron Black sont ici présent, mais dosées de manière différente, afin de donner à Cassiopeia un côté beaucoup plus compact et dense, et niveau densité, on est servi, tant l'ensemble sonne toujours aussi massif.
Ce sont les orchestrations qui sont plus en retrait, principalement utilisées ici afin de donner du relief et de l'emphase à certains passages, dont de diaboliques accélérations rageuses presque typées Black Shypho.
Nightfall continue donc de balayer tout le spectre du Metal extrême, mais de manière plus concise, c'est un véritable mur sonore qui nous est proposé ici, et d'un certain côté, le côté gothique/bizarre à la Moonspell est quelque peu réduit, au profit de composition plus musclée. (Ouais, ils appuient souvent sur le champignon... à la grecque!)
Le combo hellène propose donc une nouvelle collection de titres massifs, principalement mid-tempo, certes moins sinueux, mais remplis de passages épiques, bien soutenues par des orchestrations au top, malgré tout, le groupe réussit a diversifier sa musique, et l'on navigue dans un Death très sombre, caverneux, teinté de black, d'intervention symphoniques lumineuses, de riff et de soli (très nombreux) parfois typiquement Heavy Metal, mettant même les pieds dans le Melodeath à la Amon Amarth.
On récapitule, nous trouvons ici des références à Septic Flesh, Moonspell, Amon Amarth (l'énorme Stellar Parallax), Amorphis, avec des riffs blackisés teintés de NWOBHM, en gros, tout les ingrédients étaient réunis pour que ça ne ressemble à rien, sauf que c'est tout le contraire, ça fonctionne à plein régime, ils sont fort ces grecs. (pour le Metal en tout cas, ils sont nuls en économie).
Même en l'absence de chant clair, voir même de refrains, Nightfall arrive tout de même à proposer des titres catchy en diable, en partie grâce aux riffs, agressifs, mais facilement mémorisables, et bien sûr des passages symphoniques emphatiques, des orchestrations très bien utilisées ici, qui ne bouffent pas tout l'espace, un partie pris différent d'un Septic Flesh, même si les points communs sont nombreux, malgré tout, Nightfall propose ici sa propre sauce, brutale mais à la beauté glaciale, sublimée par le growl caverneux d'Efthimis, toujours aussi efficace malgré les années.
Une flopée de bons titres donc, comme Oberon & Titania, Stellar Parallax, Hyperion et son côté Neo-classique pas vilain, ou encore le très épique Akhenaton, the 9th Pharaoh of the 18th Dynasty, mais comme tout n'est pas parfait, quelques titres un peu moins bons, Colonized Cultures ou le titre de clôture, Astropolis, qui tire trop en longueur, malgré tout, pas de quoi fouetter un chat, il n'y a que quelques petites baisses de tension, rien de bien méchant.
Un petit mot sur les paroles, car une fois de plus, on y comprend pas grand chose, ça parle de constellations, de divinités grecques et égyptiennes, et de métaphysique, le tout est assez obscur, mais contribue à l'univers sombre et mystérieux du groupe...

Bon, avec son Cassiopeia, Nightfall signe un album qui réussi l'exploit d'être très massif et compact, tout en proposant suffisamment de diversité pour ne pas devenir pénible à la longue.
On navigue entre le Death, le Black, le Symphonique, le Heavy Metal, et le tout est très cohérent, jusqu'à la fin, violent, certes, mais gavé de mélodies, de riffs et de soli catchy, et de passages épiques pour le coup vraiment mémorables.
Nightfall propose un album plus que solide, dans la lignée d'Astron Black, pas mal de temps forts, pas trop de temps morts, les grecs ont semble-t-il trouvé une formule qui fonctionne à plein régime pour eux, à la croisée de plein de genres différents, Nightfall est bien parti pour retrouver sa place au panthéon des groupes grecs qui comptent, aux côtés de Septic Flesh et de Rotting Christ, un excellent moment de Metal extrême plein de classe et de panache.
Si vous aimez Septic Flesh, Moonspell, Amon Amarth, ce disque est pour vous...

Retour en forme de Nightfall, Ouzo pour tout le monde!
4 / 5