dimanche 3 juin 2012

[Chronique] Fear Factory - The Industrialist


Après un premier brouillon sorti au début des années 90, Soul of a new Machine, Fear factory avait marqué de son empreinte la décennie avec deux brûlots définitifs, Demanufacture et Obsolete, définissant leur style, basé sur les rythmiques inhumaines et implacables de Raymond Herrera, les riffs mitraillettes de Dino Cazares, sans oublié le chant et les refrains catchy de Burton C. Bell, la suite fut malheureusement beaucoup moins glorieuse, avec l'horrible Digimortal et le split qui suivit...
Pourtant, sans le gros Dino (et avec un Christian Olde Wolbers reprenant le poste de guitariste), Fear Factory avait continué l'aventure, en forme de hit and miss, avec le très bon Archetype, et le désastreux Transgression, avant un nouveau split/Hiatus qui semblait marquer la fermeture définitive de l'usine à peur.
Mais une fois de plus, alors que personne ne s'y attendait, Fear Factory renaissait de ses cendres avec à la clé un invraisemblable imbroglio juridique, Burton faisait la paix avec Dino, qui rejoignait le groupe, en virant au passage Herrera et Olde Wolbers sans autre forme de procès, ces deux derniers déclarant plus ou moins qu'ils faisaient encore partie du groupe et que burton et Dino avait monté un nouveau groupe nommé Fear Factory, autant dire un beau bordel...
Malgré tout, avec Gene Hoglan à la batterie, les ricains délivrèrent un très brutal Mechanize, qui ne révolutionnait pas grand chose en se rapprochant plus d'un Archetype que d'un Demanufacture, mais qui avait le mérite de montrer un groupe solide et revenu à ses fondamentaux.
Bref, autant dire qu'avec ce nouvel album, The Industrialist, marqué par un énième changement dans le line-up, Fear Factory joue gros, et n'a pas intérêt à se vautrer, même si on peut se demander qui attend encore quelque chose de ce groupe...


Avec tout le respect que j'ai pour Fear Factory, il faut quand même admettre que même au sommet de leur popularité, soit à la fin des années 90, le groupe n'a jamais était "énorme" commercialement parlant, bien sûr, le groupe était connu, respecté, mais n'a jamais atteint le très haut niveau, peut être un problème de timing, à une époque ou le Neo Metal commençait à exploser véritablement à la face du grand public (une sale époque, croyez moi...), le groupe avait bien entendu essayé de prendre le train de marche, et ça nous a donné le lamentable Digimortal et le split, bref, le groupe a quand même tout d'un groupe qui a raté le coche à son époque et qui tente vainement de refaire l'histoire (ce qui ne fonctionne jamais même en sortant de bons disques), et ce malgré l'influence énorme qu'a pu avoir le groupe sur la scène de l'apoque.
En 2012, malgré tout, Fear Factory reste un nom connu, avec une notoriété qui leur permet de se placer régulièrement assez haut sur les affiches des festivals européens (bien aidé par une pénurie de gros noms en ce moment dans le Metal), malgré des prestations vocales de Burton C. Bell toujours aussi limites (pour rester poli), qui a toujours été bien plus efficace en studio qu'en live.

Revenons à l'album, après tout, c'est ce qui nous intéresse ici.
Une fois de plus, c'est la révolution interne, le mercenaire de l'extrême Gene Hoglan s'est fait la malle, de même que Byron Stroud, qui ne jouait qu'en live, donc pas de problème, c'est donc le gros Dino qui va une fois de plus multiplier les casquettes, guitare, basse, et... batterie! ok, la programmation de la batterie, car c'est une machine qui va jouer ici, et on y reviendra plus tard, c'est une très bonne idée.
Du côté de la production, Rhys Fulber est de nouveau de l'aventure, et comme d'habitude s'occupera des samples, qui sont à la fête avec cet album.
Je dois bien avouer que j'étais perplexe avant d'écouter le disque, je n'attendais vraiment pas grand chose du groupe, et j'ai en fin de compte été agréablement surpris par la tournure des évènements, car oui, The Industrialist est un bon disque, cohérent, compact, bien composé, mais malheureusement bien trop court, j'y reviendrai par la suite, en tout cas un album moins évident que Mechanize, qui bien que très brutal, voyait le groupe rester dans une formule un peu stéréotypé et sans grande prise de risque, les choses sont bien différentes ici.
Par contre, ce qui ne change pas trop, c'est le thème de l'album, d'après Burton, c'est un concept album, donc une histoire allégorique à base de robots, de conscience, de religion cybernétique, de relation Humains-machines, de fin de l'humanité, ou encore de la vengeance de la cafetière qui prend conscience de sa propre conscience et qui te sert des expresso dégueulasses afin de te pourrir la vie, bref les thèmes habituels exploité depuis 20 ans par le groupe, qui sont devenus une sorte de passage obligé inscrit dans le cahiers des charges, c'est pas encore cette fois-ci qu'on parlera de dragons ou de poneys volants, et c'est bien dommage, car un poney volant combattant le terminator, ça aurait de la gueule et ça aurait au moins le mérite d'être un poil original.
L'album s'ouvre sur un The Industrualist démontrant tout le savoir-faire du groupe en six minutes, avec les riffs pachydermiques de Dino et de sa guitare huit-cordes et donc cette boite à rythmes qui sonne vraiment bien en s'incorporant admirablement bien au son du groupe, l'ensemble sonne très froid, très synthétique, et renforce du coup le côté déshumanisé de la musique du groupe, autant que ça tabasse sur un rythme inhumain, avec les ingénieux samples de Fulber, très présent, et dans des sonorités futuristes que n'avait pas connu le groupe depuis longtemps.
Ce que l'on remarque également, c'est la voix de Burton, rageur comme à son habitude, et, ce sera le cas globalement sur l'ensemble de l'album, un recours moins systématique au chant clair, le groupe sortant du schéma classique de Mechanize, un chant clair moins présent mais avec plus d'impact quand il débarque, illuminant des titres très sombres.
Recharger, le single, poursuit sur la même lancée, c'est ultra-efficace et dynamique, avec toujours d'excellentes atmosphères, un titre qui semble tout droit échappé de Demanufacture, le Groove Metal Industriel du combo n'a par ailleurs jamais sonné aussi massif et dense que sur ce disque, la production est énorme, l'ensemble sonne agressif, menaçant, assez froid tout en conservant une bonne dose de groove, et les titres sont dans l'ensemble très dynamiques, comme par exemple sur New Messiah, qui est une bonne tarte dans la gueule, avec un Burton qui pousse plus son chant clair (autant dire que s'ils jouent ce titre sur scène, le burton va le massacrer comme c'est pas permis...).
God eater est un bon exemple de ce côté moins évident, le titre est très lourd, pesant, Burton n'utilise son chant clair que pour mieux aérer l'ensemble, et ne cherche pas à tout prix le refrain catchy, avec une fois de plus de très bon samples de Fulber.
L'album ne souffre bizzarement que de très peu de temps morts, même si Virus of Faith est un titre assez facile ne servant pas à grand chose, d'ailleurs, dans le même genre de titre bourrin, Difference Engine est bien plus efficace, un modèle de précision et d'agression sonore.
Bon, il est temps de se pencher sur le gros point noir de The Industialist, qui se situe en fin d'album, constitué de l'arc Disassemble-Religion is Flawed Because Man is Flawed-Human augmentation.
Autant si l'album s'était terminé sur le duo Disassemble/Religion, j'aurai applaudi des deux mains, on aurait eu un très bon titre et son outro  plus atmosphérique pour conclure, mais franchement, balancer neuf minutes d'un Human Augmentation ambiant qui n'est composé que de bruitages futuristes menaçant, alors là, je dis non, car j'ai un peu le sentiment qu'on vient de se foutre de ma gueule, car ce truc, vous allez l'écouter une fois, et ne plus jamais vous le taper par la suite (à moins d'aimer entendre des bruits ou d'être masochiste), et du coup, la durée de l'album s'en retrouve considérablement réduite, avec 8 vrais titres pour moins de 40 minutes, ça fait un peu court messieurs, et ça terni un peu la très bonne impression laissée par l'album...

Bref, The Industrialist est un peu le bon album de Fear Factory que personne n'attendait plus, l'ensemble, tout du moins les 8 vrais titres, est surpuissant, agressif, sombre, groovy, avec des chorus moins présents mais toujours aussi catchy, ainsi que d'ingénieuses trouvailles au niveau des samples, pour ce qui est le meilleur album du groupe depuis un bout de temps, au moins le mieux composé.
Fear Factory retrouve sa cohésion, et même si The Industrialist n'atteint pas le niveau de l'age d'or du groupe, il s'en rapproche, et c'est déjà pas mal, dommage que tout ça se termine en eau de boudin avec ce titre ambiant foireux, mais ne boudons pas notre plaisir, car cette nouvelle production est de très bonne facture, suffisant pour relancer l'intérêt autour du groupe? surement pas, mais assez pour conserver les fans qui restent et continuer encore un peu, car les bougres ont encore des choses à dire...

Une usine à peur parfaitement opérationnelle...
3.5 / 5
(En fait, plutôt un bon 3/5, mais je suis de bonne humeur, alors ce sera un petit 3.5)

J'ai pas trouvé de titre en entier, faudra se contenter de ce trailer avec des extraits de chaque titre...