Madder Mortem est peut-être l'un des meilleurs groupes parmi les plus inconnus de Norvège, cela fait vingt ans que le groupe existe, sort des disques excellents et uniques, en étant quand même passé par Peaceville et century Media, et pourtant... tout le monde s'en fout de Madder Mortem à part une poignée d'initiés, on a même failli les perdre en route après un Eight Ways en 2009 qui fut suivi d'une bien trop longue période de silence, il aura fallu attendre 2016 et la sortie de Red in Tooth and Claw, un disque encore une fois bien différent des précédents, pour qu'on ait des nouvelles et que Madder Mortem fasse, un peu, parler de lui, l'approche un peu plus accessible de l'album et la signature sur un petit label comme Dark Essence qui semble s'occuper enfin correctement d'eux a permis au groupe de toucher un public plus large, Marrow arrive seulement deux ans après et semble bien décidé à capitaliser sur ce petit succès, mais comme toujours avec les norvégiens, il n'était pas question de refaire deux fois le même disque, ils ont juste décidé de sortir l'un de leur meilleur album cette année, rien que ça.
Quand je vous disais que tout le monde s'en foutait de Madder Mortem, il faut dire aussi que le groupe n'a jamais eu une trajectoire facile à suivre et que le groupe d'Agnete M. Kirkevaag et de son frangin BP n'a eu de cesse de constamment se réinventer au fil de sa discographie, gravitant autour du Doom, de l'atmosphérique, de l'alternatif progressif avant-gardiste et de plein d'autres trucs, décrire la musique de Madder Mortem s'avère tâche ardue, on a affaire ici à un groupe inclassable, Madder Mortem fait du Madder Mortem, un truc unique qu'eux seuls sont capables de faire, avec comme autre facteur permettant d'immédiatement les différencier des autres, le chant exceptionnel de la non moins exceptionnelle Agnete qui va nous délivrer une prestation incroyable de versatilité tout au long d'un Marrow subtil mélange de délicatesse et de puissance comme la voix de sa chanteuse.
Marrow est un album du genre éclectique, mais pas aussi éclaté que pouvait l'être le jazzy et difficile à suivre Eight Ways, Red in Tooth and Claw voyait le groupe explorer une dimension plus mélodique avec un son très accessible, presque pop, Marrow va revenir à un truc bien plus Heavy et sombre dans son approche, mais là où réside le génie de Madder Mortem et de Marrow, c'est d'avoir conservé la pureté des lignes et la certaine simplicité de son album précédent pour la confronter à toute l'obscurité de ce nouvel album qui remonte aux débuts du groupe, ce qui va offrir à Marrow une dualité particulièrement intéressante, un morceau comme Far From Home est très marqué par ce clair-obscur, ce caractère désespéré qui s'entremêle à des moments superbement lumineux, avec ces riffs très lourds, ce growl soudain qui apparaît subitement, qui alternent et se mélangent avec des mélodies touchantes d'une chanteuse au sommet de son art.
Pour ceux qui auraient pu craindre que Madder Mortem puisse vendre son âme au grand public en se rendant trop accessible, le premier vrai titre, après une jolie intro, Liberator va se charger de rassurer tout le monde sur la volonté des norvégiens de revenir à un son plus obscur et un caractère Heavy qui renvoie directement à un album comme Deadlands, Madder Mortem délivrant un riffing ici plutôt urgent avec un Doom mélodique teinté de Rock alternatif, c'est très direct malgré la propension du groupe à ajouter tout un tas d'éléments progressifs et de textures, bref, ça pue la classe et le talent dès le premier morceau, c'est ainsi que Marrow va se promener avec une certaine volupté dans un univers très souvent désespéré, où la voix d'Agnette se fait touchante, troublante, elle va utiliser tout son registre, et il est véritablement étendu, Moonlight Over Silver White développera une identité Rock où les différents passages atmosphériques évoqueront The Gathering, l'influence de ce dernier sera d'ailleurs présente également sur un Until you Return calme et mélodique, un morceau sirupeux mais sans excès, délicieuse sucrerie qui sait se faire tumultueuse au bon moment, en complète opposition avec le morceau suivant, My Will Be Done est un titre étrange où Madder Mortem s'essaie, avec succès, à un groove diabolique curieusement typé modern Metal, on est parfois pas très loin de ce qu'est capable d'accomplir un Devin Townsend quand il est en forme, White Snow, Red Shadows aura lui aussi un caractère direct et groovy dans un esprit très Rock qui sied plutôt bien au groupe, il faut dire aussi que même quand le groupe joue la carte de morceaux plutôt directs, il apporte toujours une plus-value, que ce soit dans les textures, les nombreux soubresauts et les inclinaisons progressives, White Snow, Red Shadows flirtant un peu avec Diablo Swing Orchestra d'ailleurs, ce qui est loin d'être une mauvaise chose.
La seule chose que l'on pourrait reprocher à cet album, c'est une dernière partie un peu moyenne et véritablement longuette à partir de Stumble On, on a affaire à un dernier trio de morceau, même si le dernier Tethered est davantage à considérer comme une petite outro anecdotique, où Madder Mortem va perdre en dynamisme et en impact, Waiting to Fall est certes très joli dans son approche atmosphérique superbement sombre mais le morceau va se traîner un peu trop longtemps et devenir répétitif, ce n'est pas vraiment ennuyeux mais on en est pas loin, c'est un peu dommage de terminer l'album avec des morceaux pas franchement mémorables, mais malgré cela, cela ne nuit pas trop à un album de très haute volée, particulièrement impactant d'un point de vue émotionnel, Madder Mortem va passer par toutes les étapes du désespoir sans jamais tomber dans le pathos lourdingue et avec toujours une petite lueur d'espoir à laquelle se raccrocher.
Ajoutons à cela une production tout simplement excellente qui fait preuve de clarté et de dynamisme, et on obtient l'un des albums les plus aboutis de Madder Mortem, à la fois profond, complexe, mais étrangement simple à suivre, Marrow est une démonstration de progressif accessible, que l'on pourrait presque qualifier de synthèse de toute la discographie de Madder Mortem, comme si toutes les expérimentations et évolutions depuis vingt ans aboutissaient ici, cet album porte bien son nom, avec ses lignes épurées et son caractère urgent qui supportent une puissante charge émotionnelle, Marrow représente la moelle, l'essence de ce qu'est Madder Mortem, un groupe unique, inimitable, aujourd'hui plus que jamais au sommet de son art.
Marrow est un album du genre éclectique, mais pas aussi éclaté que pouvait l'être le jazzy et difficile à suivre Eight Ways, Red in Tooth and Claw voyait le groupe explorer une dimension plus mélodique avec un son très accessible, presque pop, Marrow va revenir à un truc bien plus Heavy et sombre dans son approche, mais là où réside le génie de Madder Mortem et de Marrow, c'est d'avoir conservé la pureté des lignes et la certaine simplicité de son album précédent pour la confronter à toute l'obscurité de ce nouvel album qui remonte aux débuts du groupe, ce qui va offrir à Marrow une dualité particulièrement intéressante, un morceau comme Far From Home est très marqué par ce clair-obscur, ce caractère désespéré qui s'entremêle à des moments superbement lumineux, avec ces riffs très lourds, ce growl soudain qui apparaît subitement, qui alternent et se mélangent avec des mélodies touchantes d'une chanteuse au sommet de son art.
Pour ceux qui auraient pu craindre que Madder Mortem puisse vendre son âme au grand public en se rendant trop accessible, le premier vrai titre, après une jolie intro, Liberator va se charger de rassurer tout le monde sur la volonté des norvégiens de revenir à un son plus obscur et un caractère Heavy qui renvoie directement à un album comme Deadlands, Madder Mortem délivrant un riffing ici plutôt urgent avec un Doom mélodique teinté de Rock alternatif, c'est très direct malgré la propension du groupe à ajouter tout un tas d'éléments progressifs et de textures, bref, ça pue la classe et le talent dès le premier morceau, c'est ainsi que Marrow va se promener avec une certaine volupté dans un univers très souvent désespéré, où la voix d'Agnette se fait touchante, troublante, elle va utiliser tout son registre, et il est véritablement étendu, Moonlight Over Silver White développera une identité Rock où les différents passages atmosphériques évoqueront The Gathering, l'influence de ce dernier sera d'ailleurs présente également sur un Until you Return calme et mélodique, un morceau sirupeux mais sans excès, délicieuse sucrerie qui sait se faire tumultueuse au bon moment, en complète opposition avec le morceau suivant, My Will Be Done est un titre étrange où Madder Mortem s'essaie, avec succès, à un groove diabolique curieusement typé modern Metal, on est parfois pas très loin de ce qu'est capable d'accomplir un Devin Townsend quand il est en forme, White Snow, Red Shadows aura lui aussi un caractère direct et groovy dans un esprit très Rock qui sied plutôt bien au groupe, il faut dire aussi que même quand le groupe joue la carte de morceaux plutôt directs, il apporte toujours une plus-value, que ce soit dans les textures, les nombreux soubresauts et les inclinaisons progressives, White Snow, Red Shadows flirtant un peu avec Diablo Swing Orchestra d'ailleurs, ce qui est loin d'être une mauvaise chose.
La seule chose que l'on pourrait reprocher à cet album, c'est une dernière partie un peu moyenne et véritablement longuette à partir de Stumble On, on a affaire à un dernier trio de morceau, même si le dernier Tethered est davantage à considérer comme une petite outro anecdotique, où Madder Mortem va perdre en dynamisme et en impact, Waiting to Fall est certes très joli dans son approche atmosphérique superbement sombre mais le morceau va se traîner un peu trop longtemps et devenir répétitif, ce n'est pas vraiment ennuyeux mais on en est pas loin, c'est un peu dommage de terminer l'album avec des morceaux pas franchement mémorables, mais malgré cela, cela ne nuit pas trop à un album de très haute volée, particulièrement impactant d'un point de vue émotionnel, Madder Mortem va passer par toutes les étapes du désespoir sans jamais tomber dans le pathos lourdingue et avec toujours une petite lueur d'espoir à laquelle se raccrocher.
Ajoutons à cela une production tout simplement excellente qui fait preuve de clarté et de dynamisme, et on obtient l'un des albums les plus aboutis de Madder Mortem, à la fois profond, complexe, mais étrangement simple à suivre, Marrow est une démonstration de progressif accessible, que l'on pourrait presque qualifier de synthèse de toute la discographie de Madder Mortem, comme si toutes les expérimentations et évolutions depuis vingt ans aboutissaient ici, cet album porte bien son nom, avec ses lignes épurées et son caractère urgent qui supportent une puissante charge émotionnelle, Marrow représente la moelle, l'essence de ce qu'est Madder Mortem, un groupe unique, inimitable, aujourd'hui plus que jamais au sommet de son art.