A la fin de ma chronique du dernier Marduk, je vous disais que plutôt que d'écouter ce disque, vous pourriez écouter le dernier Funeral Mist qui était bien meilleur, partant de là, c'était un peu con de ne pas vous parler de ce dernier, donc voilà, c'est pour cela que nous en sommes là, à parler de Funeral Mist, ne vous en faites pas, ce sera court.
Bref, ça faisait longtemps qu'on avait plus eu de nouvelles de Funeral Mist, depuis Maranatha en 2009 pour être précis, un album qu'à peu près tout le monde considère comme étant inférieur au premier album Salvation qui était sorti six ans plus tôt, ce dernier pouvait être considéré comme un putain d'album culte dans le genre du Black orthodoxe version bande-son de l'apocalypse, et là, sans s'annoncer, voilà que sort complètement par surprise ce troisième album de Funeral Mist que personne n'avait vu venir, mais un choix de date qui n'est pas si innocent que ça puisqu'il sort pile au même moment que le nouveau Marduk, et pourquoi je vous parle encore de Marduk? bah ouais, Arioch, le seul membre du groupe, est en fait Mortuus, vocaliste actuel de Marduk, et donc voilà, pourquoi se faire chier à faire de la promo quand on peut juste parasiter la sortie d'un album attendu et profiter de la hype pour refourguer son projet solo, malin...
C'est marrant d'ailleurs cette consanguinité, car Hekatomb et Viktoria on été tous les deux enregistrés par Devo, bassiste de Marduk, ce qui expliquera probablement que les deux groupes se rapprochent au niveau du son, pas au niveau du style, les deux étant très distincts, mais la production de ce disque est assez similaire à cette des derniers Marduk, autre point de rapprochement, le batteur employé sur Hekatomb n'est autre que Lars Broddesson, un ancien de chez Marduk, on pourrait même se demander si la chorale de gamin utilisée par Marduk sur son dernier disque n'est pas la même que celle utilisée par Funeral Mist sur le dernier titre de cette galette, il n'y a pas de petites économies et ça ne m'étonnerait pas, dernier pont avec Viktoria, Hekatomb va vite, très vite même, Funeral Mist n'est pas là pour tenir un stand un crêpe et ça va envoyer du très très lourd à haute vitesse sans aucune pitié, comme le dernier Marduk me direz-vous, sauf qu'ici, ça marche, il faut dire qu'on est dans le Black orthodoxe qui prend le temps de développer ses thèmes et ses idées sans les torcher dans des morceaux inaboutis de trois minutes.
Si vous aimiez le caractère apocalyptique et l'aspect sulfureux du premier album de Funeral Mist, il va falloir se faire à l'idée que l'esthétisme d'Hekatomb est radicalement différente, le son de l'album est d'ailleurs particulièrement clair, et on sent le travail de Devo aux manettes, puisque même la basse est pleinement audible, Funeral Mist n'est plus dans le raw Black presque cryptique et se dévoile avec davantage de muscles pour te rosser la gueule avec ses comptines satanistes, on est donc sur carrément autre chose d'un point de vue esthétique, mais le but est toujours le même, proposer un Black extrême et extrémiste très seconde vague, In Nomine Domini ne prendra pas de gants pour ouvrir l'album sur du bon gros matraquage ultra-violent, le chant d'Arioch est particulièrement agressif comme il le fait chez Marduk, mais avec plus de variations et de folie, on sent bien qu'il a moins d'entraves ici et il ne va pas se priver pour se lâcher, le titre est très bourrin, mais il contiendra quelques ralentissements chargés de groove et d'atmosphères vicieuses, le son de basse omniprésent est une plus-value intéressante dans la nouvelle optique sonore de Funeral Mist, malheureusement, ce ne sera pas suffisant pour sortir le morceau d'une certaine torpeur car c'est l'un des titres les plus faibles du disque, en compagnie de Naught but Death, qui est un morceau bizarre vaguement Black 'n' Roll superbement lourdingue et médiocre, c'est de loin le truc le moins Black Metal du disque, comme si Arioch avait juste envie de faire chier les puristes car franchement, si on enlève le chant, l'instru se rapproche très souvent du Hardcore, et c'est foutrement moche.
L'album commence donc étrangement mal, mais heureusement, à partir de Shedding Skin, qui n'a rien à voir avec le titre du même nom de Pantera, l'album va vraiment décoller avec une véritable démonstration de Black orthodoxe bourrin, violent, une avalanche brutale de trémolo et de blast beats furibards avec une basse à l'opposée du chaos ambiant pour développer une ambiance menaçante qui fait un sacré effet, Cockatrice ira même bien plus loin dans le genre ultra violent et accélérant encore le rythme avec de petits arrangements électroniques mystérieux, un effet de style assez facile, un peu cliché, mais putain ça le fait malgré tout, même si tu sens arriver à des kilomètres le petit break atmosphérique et la reprise brutale des hostilités, tout en étant délivré avec une réelle conviction et une rage insensée, le reste de l'album sera d'ailleurs ça, un déferlement de haine jusqu'au-boutiste, de violence nihiliste saupoudrée de quelques arrangements atmosphériques et de mélodies furieuses, sauf un titre qui détonne dans ce carnage, Metamorphosis, qui est une sorte de longue plage Black atmosphérique qui utilisera un vague spoken word torturé et des chants liturgiques, un morceau vicieux avec un riff lancinant et une section rythmique écrasante, où on regrettera quand même que ça n'aboutisse sur rien de concret et que ça tourne un peu en rond malgré une excellente atmosphère poisseuse et démoniaque.
Toujours aussi féroce et dérangé, ça vaut autant pour la musique que pour le chant d'Arioch, Funeral Mist vient quand même de jeter un sacré pavé dans la mare du black orthodoxe, alors ouais, ça commence de manière pas géniale avec les deux premiers morceaux, mais une fois que la machine est lancée, Hekatomb est une sacré bestiole sauvage et diabolique, un album ultra brutal mais malgré tout finement arrangé, on y retrouve la dimension apocalyptique du premier album, dans un esthétisme quelque peu différent, c'est moins brumeux et c'est désormais plus direct dans l'approche, il y a de la rage, de la conviction, de bonnes atmosphères, et des compositions finement travaillées malgré le chaos ambiant, bref, tout ce qui manque au dernier Marduk quoi...