C'est toujours compliqué de chroniquer un album d'Avant-Garde, parce que vous voyez, il y en a de deux types, premièrement il y a le bon, c'est le groupe d'Avant-Garde, les gars font des trucs bizarres, mais c'est cool, et il y a le mauvais, eux aussi ils font des trucs bizarres, mais euh... voilà quoi, c'est mauvais... ok, j'admets, c'est pas évident de les différencier, et il est plutôt question de ressenti, de présence ou non de ligne directrice, de cohérence dans l'incohérence, de substance, ou d'une certaine justification dans le fait de partir complètement en vrille, c'est toujours flou hein? pas grave, la seule chose que vous devez savoir, c'est que Aenaon, c'est le bien, car ça pourrait être très mauvais, dans le genre bordel incompréhensible, mais grâce au talent, tous les éléments hétéroclites que va utiliser le groupe vont s'imbriquer à la perfection pour former un tout digeste et agréable, même si je vous concède que si vous êtes réfractaire au genre, Hypnosophy ne va pas vous faire changer d'avis, ouais, je m'adresse principalement ici aux fans de projets zinzins, mais les autres, restez quand même, peut-être arriverais-je à vous convaincre.
Bon, ok, avec une photo de groupe pareille, c'est pas gagné, mais vous ne pouvez pas leur enlever que les gars n'ont absolument pas peur du ridicule.
Bref, après la très grosse claque Extance, ce troisième album des grecs était particulièrement attendu au tournant avec dans l'intervalle un petit split sorti l'année dernière pour occuper le terrain avec ses compatriotes de Virus of Koch, entre temps, le groupe a perdu un bassiste en route et a embauché à plein temps leur saxophoniste de session, ce qui va avoir son importance dans l'orientation que va prendre Hypnosophy, car cette fois-ci, Aenaon va être complètement en roue libre et se lâcher sur l'avant-garde et le Jazz, c'est toujours orienté Black Metal, mais les grecs vont faire All-in sur les expérimentations, Hypnosophy sera gavé d'orchestrations et de bizarreries sonores, mais pas jusqu'à l'indigestion, ce que fait Aenaon a ici un sens, ce n'est pas une succession de plans délirants juste pour le plaisir de balancer dans la tambouille des ingrédients hétéroclites en espérant que ça fonctionnera miraculeusement, Aenaon maintient le cap et une certaine cohérence avec un excellent songwritting, c'est ce qui s'appelle le talent.
Plus de saxophone, plus de délires, plus d'expérimentations, plus de bouzouki et de sitar, mais jamais Aenaon n'en fera trop, ce qui va rendre Hypnosophy complètement fun, mais maîtrisé et malgré tout parfaitement équilibré, c'est surement l'album le plus fun de la discographie du groupe d'ailleurs, qui semble vraiment s'éclater à prendre à transformer un genre sérieux en une tornade joyeuse et bigarrée, le premier titre Oneirodynia débute d'ailleurs de manière bien furieuse et presque typiquement Black Metal, ça envoie et c'est bien direct, avant que ne déboule le saxophone et que le morceau glisse lentement mais surement dans une autre dimension théâtrale que n'aurait pas renier un Arcturus de la grande époque, il est d'ailleurs à noter qu'en soutien du chant d'Astrous, c'est un certain Giorgos Papagiannakis qui s'occupera du chant clair, ce dernier étant parfois assez proche du Power Metal et cela va donner des résultats plutôts détonnants sur l'album, notamment un Fire Walk With Me qui va jouer sur l'ambivalence vocale et surtout nous plonger dans une sorte de kermesse déglinguée, le titre est catchy à mort, avec de plus un excellent solo, ce qui sera le cas sur presque chaque morceau, qui contiendra chacun au moins une lead accrocheuse à souhait.
Evidemment, il va sans dire que chaque morceau aura sa propre personnalité et que Aenaon ne va jamais se répéter, c'est un peu le but de proposer des morceaux à chaque fois différents, qui poussent le groupe à sans cesse se renouveler, Tunnel sera un morceau bien furieux qui peut ressembler à un mash-up entre Shining (le norvégien) et les japonais de Sigh, rien que ce blast beat d'ouverture où vient s'intercaler le saxo jazzy entre les leads et la rythmique vaut le coup pour son sens du détail, on retrouvera aussi la désormais habituelle dichotomie vocale, et en parlant du chant, contrairement à Extance, Aenaon n'a pas convié trop de guests au festin, en dehors de Papagiannakis, on retrouvera simplement Sofia Sarri qui dépanne sur quelques titres, et sera bien plus présente sur l'excellent Void, avec une performance à mi-chemin entre Anneke Van Giersbergen et Shlomit Levi, le fait que le morceau intègre énormément de percussions orientales ainsi que du bouzouki joue pas mal sur le rapprochement que l'on pourrait faire avec ce que faisait Levi chez Orphaned Land.
Alors ouais, c'est super, Aenaon est énorme, mais avec toutes ses expérimentations et détours hors-pistes, y'a des moments où ça fonctionne moins bien, comme quoi personne n'est parfait, un morceau comme Thus Ocean Swells n'aura guère d'intérêt, d'ailleurs il s'agit presque d'une interlude qui durerait bien plus longtemps que de raison, le chant clair ne fonctionne pas franchement bien, et le morceau manque de punch, et dans le genre morceau correct mais un peu meh, Earth Tomb va s'avérer un peu trop linéaire et poussif, Astrous va en faire d'ailleurs des caisses avec son espèce de spoken words malsain et c'est plutôt gênant à écouter, le morceau donne également plus l'impression d'être un patchwork où les parties ne s'imbriqueraient pas trop bien ensemble, l'album se termine d'ailleurs sur un énorme Phronesis - Psychomagic qui culmine à quinze minutes de délires hallucinatoires mais diablement cohérentes, c'est peut-être la plus grande réussite du disque, un long build-up parfaitement chapitré qui débouche sur un vrai climax carrément bandant.
Délirant, sexy, fun, et déroutant, Aenaon s'est vraiment lâché avec cet album qui semble partir dans toutes les directions mais qui tient une ligne directrice du début à la fin, même si évidemment, à force d'expérimenter et de constamment balancer des idées nouvelles, les grecs n'évitent pas quelques légères sorties de route mais ils ont le bon goût de rectifier la trajectoire et de ne pas s'enfoncer dans une direction qui ne fonctionne pas trop.
La production est également excellente, on a certes affaire à un tout petit DR5, mais le mix rend justice à tous les intruments et parvient à offrir de la clareté à une mixture avant-gardiste qui pourrait vite sonner bordélique, ce n'est heureusement pas le cas ici, le saxophone est devenu omniprésent, mais ne sonne pas comme un cliché, il est désormais pleinement intégré au son du groupe, et Aenaon n'a pas non plus oublié son black en route, plus théâtralisé évidemment, mais les grecs sont toujours capable d'envoyer du lourd au moment opportun.
Plutôt qu'une longue accumulation de gimmicks, Hypnosophy est une expérience totale qui se vit du début à la fin, si vous aimez votre Black expérimental avec du saxophone, des instrumentations bizarres et un chant théâtral plutôt épique, Aenaon vient une nouvelle fois de frapper un grand coup.
Plus de saxophone, plus de délires, plus d'expérimentations, plus de bouzouki et de sitar, mais jamais Aenaon n'en fera trop, ce qui va rendre Hypnosophy complètement fun, mais maîtrisé et malgré tout parfaitement équilibré, c'est surement l'album le plus fun de la discographie du groupe d'ailleurs, qui semble vraiment s'éclater à prendre à transformer un genre sérieux en une tornade joyeuse et bigarrée, le premier titre Oneirodynia débute d'ailleurs de manière bien furieuse et presque typiquement Black Metal, ça envoie et c'est bien direct, avant que ne déboule le saxophone et que le morceau glisse lentement mais surement dans une autre dimension théâtrale que n'aurait pas renier un Arcturus de la grande époque, il est d'ailleurs à noter qu'en soutien du chant d'Astrous, c'est un certain Giorgos Papagiannakis qui s'occupera du chant clair, ce dernier étant parfois assez proche du Power Metal et cela va donner des résultats plutôts détonnants sur l'album, notamment un Fire Walk With Me qui va jouer sur l'ambivalence vocale et surtout nous plonger dans une sorte de kermesse déglinguée, le titre est catchy à mort, avec de plus un excellent solo, ce qui sera le cas sur presque chaque morceau, qui contiendra chacun au moins une lead accrocheuse à souhait.
Evidemment, il va sans dire que chaque morceau aura sa propre personnalité et que Aenaon ne va jamais se répéter, c'est un peu le but de proposer des morceaux à chaque fois différents, qui poussent le groupe à sans cesse se renouveler, Tunnel sera un morceau bien furieux qui peut ressembler à un mash-up entre Shining (le norvégien) et les japonais de Sigh, rien que ce blast beat d'ouverture où vient s'intercaler le saxo jazzy entre les leads et la rythmique vaut le coup pour son sens du détail, on retrouvera aussi la désormais habituelle dichotomie vocale, et en parlant du chant, contrairement à Extance, Aenaon n'a pas convié trop de guests au festin, en dehors de Papagiannakis, on retrouvera simplement Sofia Sarri qui dépanne sur quelques titres, et sera bien plus présente sur l'excellent Void, avec une performance à mi-chemin entre Anneke Van Giersbergen et Shlomit Levi, le fait que le morceau intègre énormément de percussions orientales ainsi que du bouzouki joue pas mal sur le rapprochement que l'on pourrait faire avec ce que faisait Levi chez Orphaned Land.
Alors ouais, c'est super, Aenaon est énorme, mais avec toutes ses expérimentations et détours hors-pistes, y'a des moments où ça fonctionne moins bien, comme quoi personne n'est parfait, un morceau comme Thus Ocean Swells n'aura guère d'intérêt, d'ailleurs il s'agit presque d'une interlude qui durerait bien plus longtemps que de raison, le chant clair ne fonctionne pas franchement bien, et le morceau manque de punch, et dans le genre morceau correct mais un peu meh, Earth Tomb va s'avérer un peu trop linéaire et poussif, Astrous va en faire d'ailleurs des caisses avec son espèce de spoken words malsain et c'est plutôt gênant à écouter, le morceau donne également plus l'impression d'être un patchwork où les parties ne s'imbriqueraient pas trop bien ensemble, l'album se termine d'ailleurs sur un énorme Phronesis - Psychomagic qui culmine à quinze minutes de délires hallucinatoires mais diablement cohérentes, c'est peut-être la plus grande réussite du disque, un long build-up parfaitement chapitré qui débouche sur un vrai climax carrément bandant.
Délirant, sexy, fun, et déroutant, Aenaon s'est vraiment lâché avec cet album qui semble partir dans toutes les directions mais qui tient une ligne directrice du début à la fin, même si évidemment, à force d'expérimenter et de constamment balancer des idées nouvelles, les grecs n'évitent pas quelques légères sorties de route mais ils ont le bon goût de rectifier la trajectoire et de ne pas s'enfoncer dans une direction qui ne fonctionne pas trop.
La production est également excellente, on a certes affaire à un tout petit DR5, mais le mix rend justice à tous les intruments et parvient à offrir de la clareté à une mixture avant-gardiste qui pourrait vite sonner bordélique, ce n'est heureusement pas le cas ici, le saxophone est devenu omniprésent, mais ne sonne pas comme un cliché, il est désormais pleinement intégré au son du groupe, et Aenaon n'a pas non plus oublié son black en route, plus théâtralisé évidemment, mais les grecs sont toujours capable d'envoyer du lourd au moment opportun.
Plutôt qu'une longue accumulation de gimmicks, Hypnosophy est une expérience totale qui se vit du début à la fin, si vous aimez votre Black expérimental avec du saxophone, des instrumentations bizarres et un chant théâtral plutôt épique, Aenaon vient une nouvelle fois de frapper un grand coup.