Dans ce monde de merde en constante évolution (souvent pour le pire), il est toujours rassurant de pouvoir se raccrocher à un point fixe, prenez les espagnols catalans de Körgull the Exterminator, vous pensez vraiment que ces mecs en ont quelque chose à foutre de l'évolution, du changement, ou de la recherche artistique? Non, il était acquis dès le premier album Dogs of War que Körgull n'évoluerait jamais vraiment, War of the Voivodes et Metal Fist Destroyer n'ont fait que confirmer cet état de fait, assumant de facto son statut de sympathique groupe de gros tâcherons qu'on a plaisir à retrouver à chaque sortie d'album tout en sachant très bien qu'on ne sera pas surpris ni ébloui par la prestation, c'est ça Körgull, du Metal de tâcheron en mode destruction totale qui flatte le cerveau reptilien, nourrissant vos besoins primitifs, qui s'assume totalement, qui ne cherche pas à péter plus haut que son cul, bourrin for life!
Vous l'aurez compris, ce n'est pas Reborn from the Ashes qui va modifier quoi que ce soit de la formule traditionaliste des catalans, on aura juste droit aux quelques ajustements sonores d'usage dans ce type de production, Körgull fera toujours du Körgull, vous prenez du vieux Speed Metal à la Motorhead, du Thrash rustique à la Sodom, du Black néandertalien flirtant avec Darkthone et Bathory, et une bonne grosse louche de Punk par dessus, partant de là, on obtient bien évidemment une succulente tambouille pleine de finesse et de subtilité.
L'originalité, on s'en bat les couilles, complètement, et ici, on préfère vous les lacérer à la tronçonneuse sans aucune forme de pitié, avec les compliments de Körgull, qui a modifié quelques trucs quand même, c'est léger, presque imperceptible, mais c'est un poil de cul différent, il y a un nouveau bassiste, Javi Bastard, qui nous vient des gouleyants Graveyard, mais à la limite, on s'en tape, la différence principale viendra du fait que cette fois-ci, Körgull the Exterminator a décidé de faire un truc un peu plus propre d'un point de vue sonore, ce petit ajustement s'accompagne par un peu moins de folie dans les compositions, Reborn from the Ashes est un peu moins cinglé que les premiers albums du combo, et va se faire un peu plus massif et plus Heavy dans son approche, mais rassurez-vous, Körgull ne s'est pas pour autant calmé complètement, il n'est toujours pas domestiqué et demeure avant tout une bête sauvage qui botte des culs à la chaîne.
L'album s'ouvre sur un titre éponyme en mode décontracté du slip comme du pur Körgull, prévisible, bien sûr, mais en bon vétérans de la scène, les catalans savent se montrer malgré tout malin dans la composition, c'est brutal, violent, et ça va surtout varier les tempo, principalement entre rapide et ultra rapide, avec comme prévu le petit moment un peu plus lourd et ambiancé, la batterie fait le taf comme on est en droit de s'y attendre, les riffs incisifs de même que les tremolos sauvages, et concernant le chant, Lilith Necrobitch, ouais, une meuf, va une nouvelle fois démontrer que même si elle n'est pas la meilleure chanteuse de la place, elle met suffisamment de conviction et de hargne pour donner à sa prestation une saveur tout particulière.
Comme un peu à chaque album, Körgull va survoler toutes ses influences pour tenter de rendre son album le moins linéaire possible, il le sera malgré tout un peu, bah ouais, vu le style de musique pratiqué, faut pas non plus s'attendre à des miracles sur ce plan là, c'est ainsi que même si Traitor's Gate débutera de manière classique et ultra violente, le morceau s'engouffrera dans un Thrash qui emprunte le riffing de Voïvod, quoi de plus normal vu le nom du groupe après tout, en le mixant à du black old school, et c'est plutôt bien joué pour un morceau court et diablement intense.
The Stalker s'ouvre quant à lui sur un riff typique de Mötorhead, le morceau est directement orienté Black 'n' Roll in your face, sans trop de surprise avant que la sauce ne prenne vraiment au milieu du morceau avec une accélération cinglée dont le groupe à le secret, ce petit côté Rock 'n' Roll, on le retrouvera également par intermittence sur Hellstar, alors que des morceaux comme Warriors of the Night ou Wolf of the Battlefield exploreront la facette la plus Thrashy du groupe, et si vous aimez le Thrash, le groupe propose également une reprise énergique et brutale du Take this Torch des canadiens de Razor, je dois bien vous avouer que je ne suis pas trop fan de ce genre de trucs, et que je suis davantage intéressé par le délicieux morceau final Addicted to Madness, qui même si ultra bourrin et orienté Black/Thrash, utilise un riff d'intro bien massif qui ressemble un peu à un mix de Kreator et de Power Metal, qui reviendra également à la fin, c'est pas du génie, mais ça à le mérite de changer quelque peu du quotidien.
Prévisible, pas original, un poil trop linéaire, mais toujours aussi rentre-dedans et intense, Körgull the Exterminator fait le boulot et maîtrise son affaire, on y mettant de la conviction, de la rage, et même si l'on pourra regretter que le groupe soit un peu moins cinglé que par le passé dans son ultra-violence, préférant ici proposer des compositions plus lisibles et davantage concentrées plutôt que de partir dans tous les sens, Reborn from the Ashes est une addition plus que correcte à la discographie des catalans, le groupe ne changera jamais vraiment et se contentera toujours de se faire plaisir, de mixer son Black/Thrash rustique avec du Speed Metal rugueux, ça ne va pas très loin évidemment, mais difficile d'être déçu par cette nouvelle fournée, du bon bourrin bas-de-plafond stéréotypé mais toujours aussi jouissif.