Encore une légende au menu de la chronique du jour, et de l'authentique cette fois, pas une petite légende frelatée au statut douteux, non, Napalm Death est du genre à avoir participé à l'élaboration d'un genre, ce qui n'est pas rien (en compagnie de Repulsion, Carcass, et un peu Terrorizer aussi), également un groupe que presque tout le monde respecte et qui fait l'unanimité, ce qui est plutôt rare de nos jours, bref, il est difficile de ne pas aimer Napalm Death.
Véritable institution du Grindcore depuis une bonne trentaine d'années, on ne peut pas vraiment dire que les anglais aient jamais véritablement déçu tout au long de leur discographie, même si l'on oubliera bien volontiers les errements artistiques de la fin des années 90 et du début des années 2000, quasiment une décennie de perdue avant le retour en forme en 2005 avec The code is Red, le début de l'âge moderne pour Napalm Death, le moment où ils se sont dit qu'il ne servait plus à rien d'expérimenter et que s'en tenir à ce qu'il savaient faire de mieux était le bon plan pour continuer une petite carrière sans décevoir personne, et sur chaque album depuis 2005, c'est la même chose, du classique Napalm Death, avec tout le savoir-faire des anglais, avec à chaque fois quelques incartades bizarres le temps de deux-trois titres, partant de là, si vous avez suivi Napalm Death ces dix dernières années, vous savez déjà à quoi vous en tenir...
Un Barney qui hurle sa rage comme un damné, du riff assassin, de la basse groovy, des tonnes de Blasts, c'est un peu tout ce qu'on demande à Napalm Death, ça a l'air plutôt simpliste et débile comme ça, mais là où Napalm Death fait toute la différence avec les petits jeunes qui ont vainement tenté de lui piquer sa place au sommet de la chaîne alimentaire, c'est au niveau du savoir-faire, cette capacité qu'a Napalm Death à savoir parfaitement doser le Grindcore avec un peu de Death en saupoudrant tout ça de références Punk/Hardcore, c'est en quelque sorte ce qui rend le combo britannique largement moins débile que la moyenne dans le genre.
On va malgré tout commencer par un petit point négatif, un détail mais quand même: Cette putain de pochette de merde complètement hideuse, j'ai rien contre les barquettes de viande hein, mais le vieux fond noir ne fait que renforcer la laideur du truc, typiquement le genre de pochette qui ne donne pas envie d'acheter, mais j'imagine que tout ça fait partie du discours habituel alter-mondialo-écolo-vegan-commerce équitable du groupe contre l'avidité, la société consommation, les méchantes corporations et multinationales, bien vu les gars, c'est pas comme si vous étiez signés chez les requins de Century Media qui sortent votre album en tout un tas d'éditions limitées, oh wait...
Bref, quinzième album tout juste pour Napalm Death, Apex Predator - Easy Meat est, vous l'aurez déjà compris, dans la lignée de ce que fait le groupe depuis 2005, pourquoi changer et pourquoi se faire chier à faire autre chose vu que ça marche après tout, je peux comprendre, vu que j'ai moi-même été tenté de reprendre ma chronique d'Utilitarian en changeant les titres des chansons et de vous la refourguer à la place de celle-ci.
Utilitarian justement, Apex Predator reprend le même principe, la même recette, en corrigeant le petit défaut de l'album précédent, à savoir une longueur quelque peu excessive, c'est ainsi qu'après une petite cure d'amaigrissement, Napalm Death va nous ressortir Utilitarian part II en plus condensé, dix minutes de moins au compteur, le format reste à peu près identique, cette fois-ci il faudra se contenter de quatorze morceaux pour 40 minutes au total, ce qui est largement suffisant pour du Grindcore.
Partant du fait que Napalm Death fait grosso merdo la même chose depuis dix ans, et surtout, comme il le fait très bien, il serait idiot de juger cet album sur l'originalité, il n'y a pas grand chose de neuf ici, à part bien sûr les petites incartades habituelles qui font que certains morceaux sortent naturellement du lot pour leur, relative, bizarrerie.
Sur Utilitarian, on avait sur un morceau un chant clair étrange et détonnant, un John Zorn venu faire le foufou avec son saxophone, et quelques passages avec des espèces de chœurs bizarres qui donnaient une bonne petite coloration atmosphérique à certains morceaux, pas de saxophone ici, mais les chœurs malsains sont de nouveau de la partie sur Apex Predator, c'est toujours sympa mais ça commence à devenir un peu convenu, on en trouve sur un Cesspits über br00tal avec son avalanche de Blasts (enfin, plutôt que des chœurs, c'est le chant clair bidouillé de Barney) où sur un sombre et orienté Death atmosphérique Hierarchies, sur Utilitarian, la wild card était donc le zinzin Everyday Pox, ici, ce sera Dear Slum Landlord, placé à la moitié de l'album, qui est quasiment un morceau de Sludge/Doom d'une lourdeur effroyable, c'est d'ailleurs plutôt une interlude qu'autre chose mais le chant clair trafiqué fait son petit effet, et l'on trouve d'ailleurs quelques soubresauts brutaux pas vilains du tout, cette lourdeur et cette inclinaison Sludge, on la retrouvera sur la seconde partie du dernier titre Adversarial / Copulating Snakes, comme le morceau est clairement en deux parties avec une première moitié bien bourrine, c'est donc la partie Copulating snakes qui s'avère la plus intéressante en servant d'outro tout ce qu'il y a de plus acceptable.
Le reste, ben ce sera du classique ma bonne dame, mais du bon hein, même l'intro est correcte, une sorte de bidule tribal industriel urbain qui met dans l'ambiance et qui sert de rampe de lancement à un Smash a Small Digit en forme de gigantesque mandale ultra brutale, la construction safe et efficace de Napalm Death, de la violence speedé avec des passages plus Death chargé d'un groove dévastateur, le genre de morceau que t'as déjà entendu mille fois avant mais c'est tellement bien fait que ça marche toujours, et des baffes dans ce genre là, on va s'en prendre plein la gueule avec des Timeless Flogging, One-Eyed ou au hasard Stubborn Stains, et l'on ira naviguer du côté des références habituelles de Napalm Death, la vibe Hardcore de Bloodless Coup, le Punk/Grind de Metaphorically Screw You, un How the Years Condemn dont on retiendra l'intro un peu industrielle et le côté Thrash de la basse, un penchant Thrashy que l'on retrouvera sur un curieux Beyond the Pale qui a la bonne idée de faire cohabiter le Growl avec un chant bien plus criard, le morceau est bien groovy avec une ultime minute bien lourde, et pour le fun, Gang Shouts à l'ancienne sur un Stunt Your Growth en forme d'assaut assassin, c'est pas de la grande poésie mais ça fait le boulot de manière admirable.
Il faut dire aussi que le groupe est en forme, la section rythmique est toujours aussi imposante, la basse groove à mort, Herrera en fait toujours des tonnes dans les Blasts et un jeu de cymbales génial, les riffs sont meurtriers, il faut croire que malgré ses soucis personnels l'empêchant de tourner, Mitch Harris en a encore sous la pédale sur l'album, et que dire du chant de Barney, toujours aussi monstrueux et rageur, ce mec gueule comme si ça vie en dépendait, comme si le temps n'avait aucune emprise sur ses cordes vocales, ce bon vieux Barney hurle ses paroles vindicatives et politiquement engagées avec la même naïveté qu'un gamin de quinze ans.
Là où Apex Predator est un poil meilleur qu'Utilitarian, c'est au niveau de la durée, Napalm Death propose les mêmes ingrédients, mais avec une quarantaine de minutes au compteur, Apex Predator a un peu plus d'impact, et donne le sentiment d'être beaucoup plus diversifié tant il se passe plus de choses en un minimum de temps, heureusement que ce n'est plus long, car la production brickwall s'avère une fois encore bien casse-couilles, le dynamisme des compositions et les quelques aérations bien senties contrebalancent quelque peu tout ça.
Apex Predator est un bon cru de Napalm Death, de la sueur, de la fureur et du savoir-faire à revendre, j'imagine que tant que les anglais garderont intact ces trois éléments, leur Grindcore fonctionnera toujours.
Bien sûr, malgré tout, il reste le côté déjà-entendu du truc, on ne peut pas vraiment y échapper, mais on ne peut pas franchement reprocher à Napalm Death de rester dans leur zone de confort, et de manquer d'ambition aussi, dans la mesure où la qualité est au rendez-vous, il n'y a aucune surprise dans apex Predator, mais on est jamais déçu par ce que propose Napalm Death, et c'est bien le principal.
Apex Predator est même un poil meilleur qu'Utilitarian, plus court, plus diversifié, ce qui en renforce l'impact, et je pense que j'y reviendrais de temps en temps alors que j'avais vite oublié l'album précédent, bref, malgré sa pochette bien laide, Napalm Death fait encore du beau boulot, ça bourre, ça détruit, et c'est suffisamment court et varié pour ne pas lasser, et surtout, ça ne vieillit pas, Napalm Death est toujours aussi extrême et enragé malgré ses trente ans de carrière, respect.
Véritable institution du Grindcore depuis une bonne trentaine d'années, on ne peut pas vraiment dire que les anglais aient jamais véritablement déçu tout au long de leur discographie, même si l'on oubliera bien volontiers les errements artistiques de la fin des années 90 et du début des années 2000, quasiment une décennie de perdue avant le retour en forme en 2005 avec The code is Red, le début de l'âge moderne pour Napalm Death, le moment où ils se sont dit qu'il ne servait plus à rien d'expérimenter et que s'en tenir à ce qu'il savaient faire de mieux était le bon plan pour continuer une petite carrière sans décevoir personne, et sur chaque album depuis 2005, c'est la même chose, du classique Napalm Death, avec tout le savoir-faire des anglais, avec à chaque fois quelques incartades bizarres le temps de deux-trois titres, partant de là, si vous avez suivi Napalm Death ces dix dernières années, vous savez déjà à quoi vous en tenir...
Un Barney qui hurle sa rage comme un damné, du riff assassin, de la basse groovy, des tonnes de Blasts, c'est un peu tout ce qu'on demande à Napalm Death, ça a l'air plutôt simpliste et débile comme ça, mais là où Napalm Death fait toute la différence avec les petits jeunes qui ont vainement tenté de lui piquer sa place au sommet de la chaîne alimentaire, c'est au niveau du savoir-faire, cette capacité qu'a Napalm Death à savoir parfaitement doser le Grindcore avec un peu de Death en saupoudrant tout ça de références Punk/Hardcore, c'est en quelque sorte ce qui rend le combo britannique largement moins débile que la moyenne dans le genre.
On va malgré tout commencer par un petit point négatif, un détail mais quand même: Cette putain de pochette de merde complètement hideuse, j'ai rien contre les barquettes de viande hein, mais le vieux fond noir ne fait que renforcer la laideur du truc, typiquement le genre de pochette qui ne donne pas envie d'acheter, mais j'imagine que tout ça fait partie du discours habituel alter-mondialo-écolo-vegan-commerce équitable du groupe contre l'avidité, la société consommation, les méchantes corporations et multinationales, bien vu les gars, c'est pas comme si vous étiez signés chez les requins de Century Media qui sortent votre album en tout un tas d'éditions limitées, oh wait...
Bref, quinzième album tout juste pour Napalm Death, Apex Predator - Easy Meat est, vous l'aurez déjà compris, dans la lignée de ce que fait le groupe depuis 2005, pourquoi changer et pourquoi se faire chier à faire autre chose vu que ça marche après tout, je peux comprendre, vu que j'ai moi-même été tenté de reprendre ma chronique d'Utilitarian en changeant les titres des chansons et de vous la refourguer à la place de celle-ci.
Utilitarian justement, Apex Predator reprend le même principe, la même recette, en corrigeant le petit défaut de l'album précédent, à savoir une longueur quelque peu excessive, c'est ainsi qu'après une petite cure d'amaigrissement, Napalm Death va nous ressortir Utilitarian part II en plus condensé, dix minutes de moins au compteur, le format reste à peu près identique, cette fois-ci il faudra se contenter de quatorze morceaux pour 40 minutes au total, ce qui est largement suffisant pour du Grindcore.
Partant du fait que Napalm Death fait grosso merdo la même chose depuis dix ans, et surtout, comme il le fait très bien, il serait idiot de juger cet album sur l'originalité, il n'y a pas grand chose de neuf ici, à part bien sûr les petites incartades habituelles qui font que certains morceaux sortent naturellement du lot pour leur, relative, bizarrerie.
Sur Utilitarian, on avait sur un morceau un chant clair étrange et détonnant, un John Zorn venu faire le foufou avec son saxophone, et quelques passages avec des espèces de chœurs bizarres qui donnaient une bonne petite coloration atmosphérique à certains morceaux, pas de saxophone ici, mais les chœurs malsains sont de nouveau de la partie sur Apex Predator, c'est toujours sympa mais ça commence à devenir un peu convenu, on en trouve sur un Cesspits über br00tal avec son avalanche de Blasts (enfin, plutôt que des chœurs, c'est le chant clair bidouillé de Barney) où sur un sombre et orienté Death atmosphérique Hierarchies, sur Utilitarian, la wild card était donc le zinzin Everyday Pox, ici, ce sera Dear Slum Landlord, placé à la moitié de l'album, qui est quasiment un morceau de Sludge/Doom d'une lourdeur effroyable, c'est d'ailleurs plutôt une interlude qu'autre chose mais le chant clair trafiqué fait son petit effet, et l'on trouve d'ailleurs quelques soubresauts brutaux pas vilains du tout, cette lourdeur et cette inclinaison Sludge, on la retrouvera sur la seconde partie du dernier titre Adversarial / Copulating Snakes, comme le morceau est clairement en deux parties avec une première moitié bien bourrine, c'est donc la partie Copulating snakes qui s'avère la plus intéressante en servant d'outro tout ce qu'il y a de plus acceptable.
Le reste, ben ce sera du classique ma bonne dame, mais du bon hein, même l'intro est correcte, une sorte de bidule tribal industriel urbain qui met dans l'ambiance et qui sert de rampe de lancement à un Smash a Small Digit en forme de gigantesque mandale ultra brutale, la construction safe et efficace de Napalm Death, de la violence speedé avec des passages plus Death chargé d'un groove dévastateur, le genre de morceau que t'as déjà entendu mille fois avant mais c'est tellement bien fait que ça marche toujours, et des baffes dans ce genre là, on va s'en prendre plein la gueule avec des Timeless Flogging, One-Eyed ou au hasard Stubborn Stains, et l'on ira naviguer du côté des références habituelles de Napalm Death, la vibe Hardcore de Bloodless Coup, le Punk/Grind de Metaphorically Screw You, un How the Years Condemn dont on retiendra l'intro un peu industrielle et le côté Thrash de la basse, un penchant Thrashy que l'on retrouvera sur un curieux Beyond the Pale qui a la bonne idée de faire cohabiter le Growl avec un chant bien plus criard, le morceau est bien groovy avec une ultime minute bien lourde, et pour le fun, Gang Shouts à l'ancienne sur un Stunt Your Growth en forme d'assaut assassin, c'est pas de la grande poésie mais ça fait le boulot de manière admirable.
Il faut dire aussi que le groupe est en forme, la section rythmique est toujours aussi imposante, la basse groove à mort, Herrera en fait toujours des tonnes dans les Blasts et un jeu de cymbales génial, les riffs sont meurtriers, il faut croire que malgré ses soucis personnels l'empêchant de tourner, Mitch Harris en a encore sous la pédale sur l'album, et que dire du chant de Barney, toujours aussi monstrueux et rageur, ce mec gueule comme si ça vie en dépendait, comme si le temps n'avait aucune emprise sur ses cordes vocales, ce bon vieux Barney hurle ses paroles vindicatives et politiquement engagées avec la même naïveté qu'un gamin de quinze ans.
Là où Apex Predator est un poil meilleur qu'Utilitarian, c'est au niveau de la durée, Napalm Death propose les mêmes ingrédients, mais avec une quarantaine de minutes au compteur, Apex Predator a un peu plus d'impact, et donne le sentiment d'être beaucoup plus diversifié tant il se passe plus de choses en un minimum de temps, heureusement que ce n'est plus long, car la production brickwall s'avère une fois encore bien casse-couilles, le dynamisme des compositions et les quelques aérations bien senties contrebalancent quelque peu tout ça.
Apex Predator est un bon cru de Napalm Death, de la sueur, de la fureur et du savoir-faire à revendre, j'imagine que tant que les anglais garderont intact ces trois éléments, leur Grindcore fonctionnera toujours.
Bien sûr, malgré tout, il reste le côté déjà-entendu du truc, on ne peut pas vraiment y échapper, mais on ne peut pas franchement reprocher à Napalm Death de rester dans leur zone de confort, et de manquer d'ambition aussi, dans la mesure où la qualité est au rendez-vous, il n'y a aucune surprise dans apex Predator, mais on est jamais déçu par ce que propose Napalm Death, et c'est bien le principal.
Apex Predator est même un poil meilleur qu'Utilitarian, plus court, plus diversifié, ce qui en renforce l'impact, et je pense que j'y reviendrais de temps en temps alors que j'avais vite oublié l'album précédent, bref, malgré sa pochette bien laide, Napalm Death fait encore du beau boulot, ça bourre, ça détruit, et c'est suffisamment court et varié pour ne pas lasser, et surtout, ça ne vieillit pas, Napalm Death est toujours aussi extrême et enragé malgré ses trente ans de carrière, respect.
Toujours au sommet de la chaîne alimentaire
Track Listing
1. Apex Predator - Easy Meat
2. Smash a Small Digit
3. Metaphorically Screw You
4. How the Years Condemn
5. Stubborn Stains
6. Timeless Flogging
7. Dear Slum Landlord…
8. Cesspits
9. Bloodless Coup
10. Beyond the Pale
11. Stunt Your Growth
12. Hierarchies
13. One-Eyed
14. Adversarial / Copulating Snakes