Vous avez forcément entendu parler de Myrkur ces dernières semaine, un one-woman band qui fait le buzz dans toute la presse Metal sous prétexte que c'est une jeune et fragile jeune femme qui se lance dans un milieu d'homme, incroyable n'est-ce pas? en plus, pour plus d'authenticité et pour la caution Trve, elle vient de Scandinavie, juste ce qu'il faut pour que la presse s'emballe et s'incline devant son génie, tout en signant au passage chez Relapse.
Sauf que... non en fait, cette vision romantique de la jeune femme qui réalise son premier EP en solitaire dans les bois au Danemark et qui sort de l'ombre toute seule comme une grande, est fausse, bah ouais, Myrkur, c'est en fait Amalie Brunn, qui est certes danoise, mais qui vit à Brooklyn, partageant son temps entre son duo Indie-Pop Ex Cops et des activités dans le mannequinat, comme par exemple une petite apparition dans une publicité Chanel avec Gaspard Ulliel, en gros, plutôt le genre de gonzesse dont on parlerait volontiers chez Pitchfork, Vogue ou encore les Inrock, et pas forcément dans un magazine Metal, avouez que le romantisme du projet et l'authenticité chère au public Black Metal en prend un petit coup dans l'aile, et on imagine volontiers que cet EP qui se veut Trve et authentique avec un son old school qui croustille fut enregistré dans un studio branchouille de New York.
Bon, ça c'était pour la partie Mythbuster de la chronique, histoire de pisser sur le buzz, une partie que nous allons oublier pour nous consacrer à la musique de la demoiselle (ou de son producteur hispster à moustache), car authentique ou pas, Myrkur à presque tout bon avec son premier EP éponyme...
Authenticité mise à part, donc, Myrkur a choisi, évidemment, la voix du Black trendy en ce moment, ouais, fallait pas déconner quand même, la demoiselle n'allait pas faire dans le bourrin et dans l'ultra-Trve, Myrkur, c'est du Post-Black atmosphérique, une mixture Black Shoegaze classique qui emprunte autant à Burzum qu'à Alcest, les deux références les plus flagrantes ici, pour simplifier, Myrkur c'est du vieux bon Alcest (ouais, il fut une période où Neige ne faisait pas de la merde) avec du chant de gonzesse, rien d'original là-dedans au premier abord, on connait déjà, sauf que c'est justement sur le chant que Myrkur va faire la différence et rendre sa tambouille plutôt unique dans le genre.
La musique de Myrkur joue sur des décalages plus ou moins pertinents, les longues et mystérieuses séquences de tremolo typiques du genre en juxtaposition d'une batterie furieuse et d'un chant Black, on connait, ça fonctionne toujours, mais là où Myrkur va apporter un véritable plus et développer sa propre personalité, c'est lorsque que la demoiselle délivre des passages mystiques avec son chant angélique, en saupoudrant tout ça de judicieux arrangements, ce chant cristallin, c'est la très bonne idée de Myrkur, sauf que c'est précisément là où sa musique fonctionne un peu moins bien, car il existe justement un petit décalage qui s'avère assez frustrant, c'est un peu comme si le chant clair de Myrkur avait était ajouté par dessus du Black atmosphérique sans avoir la volonté de l'intégrer pleinement à la musique, surtout que les passages Black sont très Raw avec une tonalité de guitare très granuleuse et old school alors que son chant demeure toujours très (trop) propre, c'est par exemple le cas sur Latvian Fegurð, le début du titre est excellent, mais vers 1'40, le chant clair déboule comme un cheveu sur la soupe, et on retrouvera ce décalage sur Ravnens Banner, et c'est un parti-pris plutôt maladroit qui gâche un peu le plaisir, ce n'est pas parce que la demoiselle à un très joli brin de voix qu'il faut forcément en coller partout à l'arrache.
Heureusement, d'autres morceaux fonctionnent mieux, Må Du Brænde i Helvede est un pur titre de Black atmosphérique, presque instrumental si ce n'est quelques hurlements qui se baladent dans le fond, et le chant féminin n'interviendra que sur le final pour conférer au titre une dimension plus mélancolique, Dybt i Skoven est véritablement le seul morceau dominé par le chant clair qui fonctionne et qui ne donne pas l'impression que la voix a été rajouté comme un gadget, le morceau est dynamique, délicat, avec un brouillard de tremolo mêlé à une batterie plutôt rapide, un titre qui gagne en texture et en densité avec le chant féminin soutenu par un chant Black, effet garanti, d'ailleurs en parlant de ça, je n'ai aucune idée de qui se charge des cris Black là-dedans, peut-être elle, ou quelqu'un d'autre, je m'abstiendrai donc de tout commentaire sur le sujet, mais passons, car un autre bon moment de cet EP sera le quasi-instrumental Nattens Barn, qui développe une ambiance carrément flippante par moment, on devine quelques chœurs au loin, sur un morceau à la fois atmosphérique et parfois violent, où du growl lo-fi caverneux vous prévient de l'accélération à venir, même le petit break avec son riff Thrashy est judicieux et tombe au bon moment, on se croirait parfois chez Darkthrone, avec une délicatesse un peu plus féminine, bien sûr, dans le genre girly, il y a également au programme une outro en live de la messe et un Frosne Vind en forme d'interlude légèrement médiévale sur les bords.
Curieux projet que Myrkur, dont on a du mal à cerner l'authenticité et à démêler le vrai du faux, Myrkur joue sur de nombreux décalages et sur une certaine ambiguïté, pas seulement dans la partie produit à buzz un peu trop marketé, mais aussi dans sa musique, le chant féminin très propre qui intervient sur du Black dont la dimension Raw semble être parfois un peu trop forcée, ou encore une batterie assez étrange qui donne parfois l'impression d'être à côté de la plaque, j'ai d'ailleurs le sentiment que l'on a affaire à une batterie programmée sur les passages les plus rapides.
Malgré tous ces petits défauts et énigmes, il faut quand même avouer que cet EP fonctionne globalement bien, Myrkur maîtrise son Black atmosphérique et délivre de délicieuses ambiances mystérieuses du début à la fin, et la qualité de ce premier effort est peut-être due à son format d'EP assez court, vingt-quatre minutes, car je ne suis pas sûr que la musique de Myrkur aurait eu le même impact sur un album longue durée, sur cet EP, Myrkur développe un son assez particulier, très dense, mystique, aux multiples textures, en mêlant différents types de chant, des arrangements judicieux, et un son de guitare bien croustillant et à l'ancienne, même si l'authenticité du projet peut-être mise en doute, on sent malgré tout que la jeune femme à un lien réel avec la scène Black, reste désormais à savoir si ce projet est un one-shot pour faire du buzz ou un projet amené à se développer à l'avenir...
Sauf que... non en fait, cette vision romantique de la jeune femme qui réalise son premier EP en solitaire dans les bois au Danemark et qui sort de l'ombre toute seule comme une grande, est fausse, bah ouais, Myrkur, c'est en fait Amalie Brunn, qui est certes danoise, mais qui vit à Brooklyn, partageant son temps entre son duo Indie-Pop Ex Cops et des activités dans le mannequinat, comme par exemple une petite apparition dans une publicité Chanel avec Gaspard Ulliel, en gros, plutôt le genre de gonzesse dont on parlerait volontiers chez Pitchfork, Vogue ou encore les Inrock, et pas forcément dans un magazine Metal, avouez que le romantisme du projet et l'authenticité chère au public Black Metal en prend un petit coup dans l'aile, et on imagine volontiers que cet EP qui se veut Trve et authentique avec un son old school qui croustille fut enregistré dans un studio branchouille de New York.
Bon, ça c'était pour la partie Mythbuster de la chronique, histoire de pisser sur le buzz, une partie que nous allons oublier pour nous consacrer à la musique de la demoiselle (ou de son producteur hispster à moustache), car authentique ou pas, Myrkur à presque tout bon avec son premier EP éponyme...
La musique de Myrkur joue sur des décalages plus ou moins pertinents, les longues et mystérieuses séquences de tremolo typiques du genre en juxtaposition d'une batterie furieuse et d'un chant Black, on connait, ça fonctionne toujours, mais là où Myrkur va apporter un véritable plus et développer sa propre personalité, c'est lorsque que la demoiselle délivre des passages mystiques avec son chant angélique, en saupoudrant tout ça de judicieux arrangements, ce chant cristallin, c'est la très bonne idée de Myrkur, sauf que c'est précisément là où sa musique fonctionne un peu moins bien, car il existe justement un petit décalage qui s'avère assez frustrant, c'est un peu comme si le chant clair de Myrkur avait était ajouté par dessus du Black atmosphérique sans avoir la volonté de l'intégrer pleinement à la musique, surtout que les passages Black sont très Raw avec une tonalité de guitare très granuleuse et old school alors que son chant demeure toujours très (trop) propre, c'est par exemple le cas sur Latvian Fegurð, le début du titre est excellent, mais vers 1'40, le chant clair déboule comme un cheveu sur la soupe, et on retrouvera ce décalage sur Ravnens Banner, et c'est un parti-pris plutôt maladroit qui gâche un peu le plaisir, ce n'est pas parce que la demoiselle à un très joli brin de voix qu'il faut forcément en coller partout à l'arrache.
Heureusement, d'autres morceaux fonctionnent mieux, Må Du Brænde i Helvede est un pur titre de Black atmosphérique, presque instrumental si ce n'est quelques hurlements qui se baladent dans le fond, et le chant féminin n'interviendra que sur le final pour conférer au titre une dimension plus mélancolique, Dybt i Skoven est véritablement le seul morceau dominé par le chant clair qui fonctionne et qui ne donne pas l'impression que la voix a été rajouté comme un gadget, le morceau est dynamique, délicat, avec un brouillard de tremolo mêlé à une batterie plutôt rapide, un titre qui gagne en texture et en densité avec le chant féminin soutenu par un chant Black, effet garanti, d'ailleurs en parlant de ça, je n'ai aucune idée de qui se charge des cris Black là-dedans, peut-être elle, ou quelqu'un d'autre, je m'abstiendrai donc de tout commentaire sur le sujet, mais passons, car un autre bon moment de cet EP sera le quasi-instrumental Nattens Barn, qui développe une ambiance carrément flippante par moment, on devine quelques chœurs au loin, sur un morceau à la fois atmosphérique et parfois violent, où du growl lo-fi caverneux vous prévient de l'accélération à venir, même le petit break avec son riff Thrashy est judicieux et tombe au bon moment, on se croirait parfois chez Darkthrone, avec une délicatesse un peu plus féminine, bien sûr, dans le genre girly, il y a également au programme une outro en live de la messe et un Frosne Vind en forme d'interlude légèrement médiévale sur les bords.
Curieux projet que Myrkur, dont on a du mal à cerner l'authenticité et à démêler le vrai du faux, Myrkur joue sur de nombreux décalages et sur une certaine ambiguïté, pas seulement dans la partie produit à buzz un peu trop marketé, mais aussi dans sa musique, le chant féminin très propre qui intervient sur du Black dont la dimension Raw semble être parfois un peu trop forcée, ou encore une batterie assez étrange qui donne parfois l'impression d'être à côté de la plaque, j'ai d'ailleurs le sentiment que l'on a affaire à une batterie programmée sur les passages les plus rapides.
Malgré tous ces petits défauts et énigmes, il faut quand même avouer que cet EP fonctionne globalement bien, Myrkur maîtrise son Black atmosphérique et délivre de délicieuses ambiances mystérieuses du début à la fin, et la qualité de ce premier effort est peut-être due à son format d'EP assez court, vingt-quatre minutes, car je ne suis pas sûr que la musique de Myrkur aurait eu le même impact sur un album longue durée, sur cet EP, Myrkur développe un son assez particulier, très dense, mystique, aux multiples textures, en mêlant différents types de chant, des arrangements judicieux, et un son de guitare bien croustillant et à l'ancienne, même si l'authenticité du projet peut-être mise en doute, on sent malgré tout que la jeune femme à un lien réel avec la scène Black, reste désormais à savoir si ce projet est un one-shot pour faire du buzz ou un projet amené à se développer à l'avenir...