Helloween est une véritable institution dans le Metal européen, il faut dire aussi qu'ils ont quasiment défini le Power Metal vers la fin des années 80, avec Walls of Jericho et les deux Keeper of the Seven Keys en pierre fondatrice du mouvement, la suite fut malheureusement moins glorieuse, avec le départ de Kai Hansen, les albums de pop merdique (Pink bubbles go ape et Chameleon), et le départ du chanteur Michael Kiske, parti gâcher son talent dans de vaines tentatives pop ridicules (tournant le dos au Metal mais continuant de cachetonner chez Avantasia et Unisonic).
Bref, après le recrutement d'Andi Deris au chant, Helloween s'est retrouvé branché sur courant alternatif, du correct, du moyen, mais aussi du très mauvais, avant de bizarrement se reprendre quelque peu en 2005 avec ce qui semblait être une vaste opération commerciale (théorie du retour aux sources, toussa...) mais qui s'avéra au final assez revigorante pour les allemands, la sortie du Keeper of the seven Keys: The Legacy, c'était pas grandiose non plus, mais l'album était suffisamment solide pour relancer l'intérêt autour du groupe, qui enfonça le clou avec deux autres bons disques, très sombres voir même plutôt violents tout en restant assez classiques, Gambling with the Devil et 7 Sinners.
Alors voilà que sort Straight out of Hell, quatorzième album studio des allemands, qui s'éloigne un peu dans l'esprit des deux albums précédents, dans le sens où tout ça est un peu plus optimiste et "fun", pour le reste, c'est un peu toujours la même histoire, alors Hell ou Win ce nouvel Helloween? (alerte jeu de mots de merde), voyons ça...
Au menu donc de ce Straight out of Hell, aucune surprise (d'un autre côté, on parle d'un groupe qui n'a plus rien a prouver après trente ans de carrière, ainsi qu'un gros passif d'albums de merde, vaut mieux pas trop changer de formule...), quelques titres ultra classiques de Power Metal à la Helloween exécutés avec classe et savoir-faire, plutôt sympathiques tout en restant dans la zone de confort du groupe, la power ballade larmoyante bien pénible, quelques bizarreries, pas mal de remplissage et de réchauffé, et aussi une bonne grosse daube WTF, autant dire qu'avec ce disque, les allemands n'ont pris aucun risque.
Le seul changement, c'est donc le côté plus fun et optimiste du truc, avec une musique qui se fait bien sûr moins violente que lors des deux albums précédents, heureusement, ce changement d'état d'esprit reste un peu limité, on ne retombe donc pas dans les délires débilos que le groupe nous a parfois servis par le passé, c'est toujours ça de pris, par contre, dire que cet album est bandant, non, pas vraiment, Straight out of Hell est juste un album correct de Power Metal, qui s'écoute facilement, et qu'on oublie aussi vite de la même manière, reste bien entendu la classe à la Helloween, qui fait que même lorsqu'ils tournent un peu en rond pendant des titres qui sentent le réchauffé et le recyclage, les teutons arrivent malgré tout à trouver le petit truc qui fait toute la différence sur la concurrence.
Je disais que l'album s'oubliait assez vite, cela est dû à une orientation un peu moins catchy des titres, pourtant, Andi Deris se démène pas mal tout au long de l'album, délivrant même une prestation de tout premier ordre, mais rien n'y fait, ces refrains n'arrivent pas à se graver durablement dans votre mémoire, même si on se retrouve souvent à chantonner comme un con lors de l'écoute, tout ça fait un peu business as usual malgré la grosse performance de Deris, qui n'a pas perdu en puissance ni en versatilité malgré les années.
Du classique donc, avec les habituels riffs speed Metal dans la plus grande tradition du genre, batterie over the top, leads à foison, et les gros refrains euro-pop emphatiques bien cheesy, c'est cousu de fil blanc, mais ça marche encore à peu près.
Une tripotée de titre dans la plus grande tradition du groupe qui sentent le réchauffé vous attend ici, et ça commence par le premier single Nabataea, qui outre un nombre de voyelles conséquent dans le titre, montre que les teutons ont toujours la recette magique pour composer de véritables pépites Power Metal, heavy, pas trop rapide, avec de judicieux arrangements et un bon refrain, le cahier des charges est respecté pour un titre d'ouverture, qui sert de rampe de lancement idéale pour les deux titres suivants, World of War et Live Now!, dont les refrains fonctionnent à merveille.
L'album est d'ailleurs rempli de ce genre de titre, sympa mais pas inoubliable, qu'on aime bien écouter sur l'instant et qu'on apprécie quand on y prête pas trop attention, Far From the Stars, Straight out of Hell, Years, Burning Sun, ou encore Make fire catch the Fly, pas du grand Helloween, juste du Helloween en pilotage automatique qui applique consciencieusement sa formule, rien de plus.
Mais ce n'est pas tout, car parfois, Helloween sombre dans la guimauve, comme d'habitude, avec le mid-tempo Waiting for the Thunder, à peine passable, mais surtout la bonne grosse ballade acoustique gavée d'orchestration Hold me in your arms, qui ravira les fans les plus bisounours du combo teuton, le genre de titre sucré et guimauvesque qui colle au dent.
Et puis du WTF, sans quoi ce ne serait pas un album d'Helloween, avec les deux trop longues minutes de Wanna be God, avec Deris qui chante sur fond de percussion et de cris de supporters de foot, sorte de connerie tribale urbaine qui n'a rien à faire là, mais qui n'est rien comparé à la grosse bouse ignoble qu'est le bizarrement nommé Asshole, quatre minutes purement WTF à se faire insulter par Helloween, pour un titre d'une médiocrité abyssale, heureusement, ce sont les deux seules fautes de goûts de l'album, et sur une bonne heure de musique, c'est plutôt pas mal de limiter la merde à six minutes, un bon ratio pour le groupe.
Voilà, Straight out of Hell marque le retour d'un Helloween, un peu moins rageur et sombre, les teutons sont ici plus optimistes, et surtout un peu plus fun, malheureusement, il faut bien avouer que ce n'est pas une réussite totale.
On sent ici un Helloween quelque peu en roue libre, pas super inspiré, qui alignent des titres sympathiques mais qui manquent d'intensité et de grands moments, même si le groupe à toujours autant de classe pour tricoter de bonnes chansons, avec un Andi Deris impeccable ici.
Bref, tout ça est plutôt correct (en dehors des moments WTF, entendons-nous bien), mais quand t'as pas grand chose dans le réservoir, tu ne vas pas très loin, et c'est un peu le cas ici, tant le recyclage de vieilles idées est important.
Straight out of Hell est un disque mi-figue mi-raisin, pas grandiose, pas moisi, juste un Helloween correct qui ne part pas trop en couille, c'est déjà ça...
Correct, sympa, mais rien de bandant...
3 / 5